Roms et mendicité: « J’ai honte de mendier, mais je ne suis pas un voleur »

Roms et mendicité: « J’ai honte de mendier, mais je ne suis pas un voleur »



La plupart des Lausannois et
Lausannoises connaissent cette intrigante marionnette, ressemblant
vaguement à un oiseau dodo, qui claque du bec pour attirer
l’attention des passants et amuser les enfants, la sébile
à ses pieds. Sous le déguisement, il y a Petru Pintea.

Ce Rom de 44 ans vient des environs d’Alba Iula en Roumanie. Il
est venu chercher du travail en Suisse pour nourrir ses enfants et
soigner sa femme, souffrant d’asthme. Il s’est rapidement
rendu compte qu’il fallait oublier son rêve d’un
emploi. Depuis, il mendie. Invité par l’organisation Opre
Rroms à témoigner de la situation réelle des Roms
mendiants, il dira « j’ai honte de mendier, mais je
ne suis pas un voleur ».

    Manière de renvoyer dans les cordes les
apprentis xénophobes du Parti libéral-radical lausannois
(PLR) qui, pour des objectifs purement électoraux, font croire
à l’existence de réseaux, où la
mendicité s’exercerait par métier. Des mafias pour
ainsi dire. Au moment où la Suisse officielle – donc
libérale-radicale – semble découvrir les comptes
helvétiques des vraies mafias gouvernementales de Tunisie et
d’Egypte, l’initiative du PLR est d’une hypocrisie
rare.

    Elle s’inspire cependant d’une
volonté discriminatoire bien ancrée :
« La persécution des Roms, des Sintis et des
Yéniches et d’autres groupes de la population non
sédentaire remonte au début de l’époque
moderne » écrit l’historien Thomas Huonker,
à propos de la Suisse. Il ajoute : « Dans
leurs ordonnances et mandats, les autorités politiques liaient
systématiquement cette persécution au contexte de la
lutte contre la criminalité. » (p. 40 de son
ouvrage Roms, Sintis et Yéniches. La « politique
tsigane » suisse à l’époque du
national-socialisme). A la recherche de son électorat
siphonné par l’UDC, le PLR déterre de bonnes
vieilles traditions aux remugles écoeurants. (DS)