Elections communales lausannoises: la pénurie de logements s’invite dans la campagne

Elections communales lausannoises: la pénurie de logements s’invite dans la campagne



« La crise du logement
est partout, de la rue à la campagne
électorale », souligne le journal 24 Heures (12.2).
Et le quotidien de poursuivre : « après
vingt ans d’une majorité de gauche à
l’exécutif lausannois, certains se demandent si la
pénurie actuelle n’est pas de sa
responsabilité ».



De fait, avec quelque 0,1 % de logements vacants, la
pénurie à Lausanne n’a jamais été
aussi grave. De toute évidence, celle-ci permet aux
propriétaires d’augmenter les loyers de manière
abusive : la hausse des prix sur l’Arc lémanique
s’est élevée à 8,6 % en 2010, contre
2,1 % à Zurich, région pourtant connue pour ses
hausses de loyers particulièrement salées (L’Agefi,
29.10.10). Le premier fonds de placements immobiliers de Suisse
romande, La Foncière, qui possède de nombreux immeubles
locatifs à Lausanne, se félicite ainsi dans son rapport
d’activité 2010 : « Le
marché immobilier locatif est resté très soutenu
au cours du dernier exercice […] Le revenu distribué aux
porteurs de parts [les dividendes des actionnaires] a dès lors
pu être augmenté cette année pour la
douzième fois consécutive ». Un seul regret
pour la direction du fonds : « en Suisse romande,
il est de coutume de ne pas facturer les frais annexes (conciergerie,
eau, électricité, etc.). Le rendement de l’immeuble
est diminué d’autant » !

    Pour la majorité des habitants de Lausanne
qui vit avec moins de 4 500 francs par mois (chiffres de 2005),
la situation s’avère beaucoup moins réjouissante,
d’autant que les logements à loyers abordables ne semblent
pas compter au nombre des priorités de la Municipalité,
avant tout soucieuse d’attirer les contribuables
aisés : « La ville redevient moins pauvre,
résume Daniel Brélaz en évoquant l’habitat,
qui laisse désormais plus de place aux bons
contribuables » (24 Heures, 20.1). Ainsi, les
autorités, malgré les moyens légaux dont elles
disposent, se sont le plus souvent abstenues d’intervenir pour
éviter les dizaines de transformations-rénovations
d’immeubles visant à métamorphoser des appartements
à loyers abordables en logements de haut standing
(Rapport-préavis de la Municipalité,
N° 2010/31). Le groupe La Foncière se vante
d’ailleurs d’une rentabilité en nette hausse
grâce « à la politique de rénovations
du fonds ». Les investisseurs et la Municipalité
semblent sur ce point au diapason.
    Pour solidaritéS, la mise à
disposition, dans les plus brefs délais, de plus de 2 500
logements à des prix accessibles est une priorité
absolue, n’en déplaise aux spéculateurs ou au
syndic.

Hadrien Buclin