Votations cantonales du 3 avril : campagne de désinformation lancée!

Votations cantonales du 3 avril : campagne de désinformation lancée!



Les Conseillers d’Etat
s’affichent dans une crèche avec des petits enfants dans
les bras. Touchant… Mais c’est pour s’opposer à
l’initiative cantonale « Pour un nombre
approprié de structures d’accueil de qualité dans
le canton de Neuchâtel » !

Les parents de ces magnifiques bambins ont-ils au moins
été consultés avant l’utilisation partisane
de cette crèche d’entreprise ?

    Le Conseil d’Etat soumet trois objets au
vote : la révision de la loi sur la fiscalité des
personnes morales, l’initiative sur les crèches et le
contre-projet du Grand Conseil; il lie de manière fort
problématique deux lois. Si l’une est refusée,
l’autre tombe. Ce lien antidémocratique se règlera
probablement devant le Tribunal fédéral.

    L’essentiel est cependant ailleurs. Le Conseil
d’Etat assène qu’avec la révision de la loi
sur la fiscalité des personnes morales, toutes les entreprises
paieront l’impôt. Pourtant l’art. 82 qui lui permet
d’accorder des allègements fiscaux est maintenu. Il
n’est pas obligé d’en accorder, il en a le pouvoir,
hier comme demain. Si le Conseil d’Etat ne veut plus que des
entreprises ne paient pas d’impôts, on s’en
réjouit, mais il n’a pas besoin de changer la loi pour
ça. Ce qui est nouveau, avec la loi que nous combattons,
c’est la baisse d’impôts sur le
bénéfice des personnes morales de 10 à 5 %
et la baisse de l’impôt sur les holdings d’un facteur
100 ! Un des tableaux de la présentation du Conseiller
d’Etat Gnaegi à la presse s’intitulait :
« Fiscalité cantonale inadaptée aux attentes
et aux besoins des entreprises ». On ne saurait être
plus clair: le gouvernement s’aplatit devant les multinationales.

Ne pas raconter n’importe quoi sur les crèches !

Dans son attaque contre l’initiative, la Conseillère
d’Etat Gisèle Ory n’y va pas  avec le dos de la
cuillère : sa réalisation, dit-elle,
coûterait 650 millions ! Prenant à la lettre le nom
« un enfant, une place » du site qui
présente l’initiative, elle dénature le texte par
un calcul sur tous les enfants du canton (comme si tous avaient besoin
d’une place en crèche ou dans une structure
parascolaire !). Rappelons que l’initiative demande
simplement que l’Etat garantisse une place pour tous les parents
qui le désirent (crèches et encadrement parascolaire). On
nous dit que le contre-projet, d’un coût de 20 millions,
doublera le nombre de places préscolaires et parascolaires,
permettant d’accueillir 60 % des enfants de 0 à 4
ans et 30 % de ceux de 4 à 12 ans 2.5 jours par semaine.
Mais l’initiative est plus ambitieuse, elle demande suffisamment
de places, et de qualité pour tous, cela nécessitera plus
d’investissements, mais investir dans une crèche, cela
rapporte sur le plan social. Par ailleurs, le chiffre de 650 millions
est un argument fantaisiste de mauvaise foi.

    solidaritéS appelle donc à voter OUI
à l’initiative qui demande un accueil de qualité,
mais nous voterons aussi oui au contre-projet, car le retard pris dans
le canton de Neuchâtel pour l’accueil des enfants est
dramatique, et il faut que ce dossier avance. Ceci dit, les conditions
d’encadrement des enfants, et le nombre de m2/enfant –
revus à la baisse dans la loi du Conseil d’Etat –
posent un sérieux problème. Si cette loi passe, il faudra
remettre l’ouvrage sur le métier. Et vite.

Partie comme elle est, la campagne de votations verra se dire n’importe quoi. C’est hélas à la mode.

Marianne Ebel