OUI le 13 février pour réduire la place des armes dans la société

OUI le 13 février pour réduire la place des armes dans la société

Nous publions ci-dessous un extrait du
discours de notre camarade Tobia Schnebli, à l’occasion de
la manifestation en faveur de l’initiative « pour la
protection face à la violence des armes », ce 22
janvier 2011
à Genève.

L’initiative pour la protection face à la violence des
armes a le mérite de montrer un aspect d’un réel
débat de société :

Voulons-nous vivre ensemble dans le respect de l’autre et avec
des règles communes comme les droits humains, la
démocratie, l’Etat de droit ? …ou est-ce que le
monde ne doit être qu’un vaste marché sans
règles où il faut s’imposer et gagner contre les
autres pour survivre ? Le monde-marché c’est le
modèle néolibéral, où les règles
sont le chacun pour soi, le droit du plus fort et la
compétitivité de tous contre tous !

    Les affiches de votation pour le NON à
l’initiative en votation le 13 février, montrent bien la
véritable régression sociale, politique et culturelle que
constitue ce deuxième modèle de société. La
droite ne se gêne pas pour y afficher de manière
très explicite sa vision du monde:

On peut voir la régression sociale sur les affiches du MCG…

…qui, avec l’image de Guillaume Tell défendent les
prétendues « valeurs suisses » du
« temps de nos pères et de nos
grand-pères » :

  • Ah qu’elles étaient bien ces valeurs suisses du
    temps de nos pères, quand les femmes s’occupaient des 3
    K : Kinder, Küche, Kirche… et n’avaient pas le
    droit de vote!
  • Ah qu’elles étaient bien ces valeurs suisses du
    temps de nos grand-pères, quand il n’y avait pas
    d’assurances sociales et que les enfants travaillaient au lieu
    d’aller à l’école!

La régression politique est évidente sur les affiches UDC…

…qui agitent le « monopole des armes aux
criminels ». Il n’y a même pas besoin de
spécifier qu’il s’agît de
« criminels étrangers » tellement il
est évident que la tête sur l’affiche n’est
pas celle d’un Suisse, mais d’un voyou de Marseille ou du
Sud de l’Italie ou des Balkans !

    La régression politique
véhiculée par cette affiche est d’affirmer que le
monopole de la violence des armes n’appartient pas à
l’Etat ou à la police, mais aux individus, criminels et
citoyens confondus. C’est le modèle de
société en vogue au Texas ou en Arizona, où les
escadrons de vigilantes vont à la chasse à
l’immigré latino à la frontière avec le
Mexique. C’est le modèle de la droite républicaine
américaine où, pour les élections de mi-mandat de
novembre 2010, Sarah Palin appelait à cibler ses adversaires
démocrates dans le collimateur pour abattre leurs candidatures
(y compris celle de Gabrielle Giffords la parlementaire
démocrate victime d’un « tireur
fou » début janvier). C’est le même
modèle de régression politique porté par le
candidat républicain Jesse Kelly dans ce même
arrondissement électoral. Ses affiches électorales le
montraient avec son fusil mitrailleur M-16 en bandoulière avec
le slogan « Send a Warrior to Congress »
(Envoyez un guerrier au Congrès).

La régression est politique et culturelle avec les affiches du président des jeunes UDC genevois…

…le montrant nu, tenant dans les mains le canon de son fusil
d’assaut en érection verticale. La projection de
puissance, violente, dominatrice et mâle est on ne peut plus
explicite. Pour qui a entendu les récits de femmes victimes de
violences sexuelles dans les guerres en Bosnie-Herzégovine ou en
République Démocratique du Congo cette affiche fait froid
dans le dos.

    Cette affiche a rappelé à beaucoup
celle du GSsA de 1989 qui montrait aussi un fusil d’assaut devant
un corps de jeune homme nu avec le slogan « SI ELLE
PASSE… JE L’ENLÈVE!  »

    Mais la différence est fondamentale, et pas
seulement du fait que le GSsA en a eu l’idée 20 ans plus
tôt. Le message de l’affiche du GSsA est à
l’opposé de celui de la jeune
droite néolibérale et prétendument
décomplexée : alors que le président des
jeunes UDC tient à garder à tout prix son instrument de
domination masculine armée, le GSsA proposait, au contraire, de
se libérer dudit instrument.


    Comme en 1989, nous
continuons à vouloir bannir les instruments de mort qui sont
à l’opposé de la vie !




    C’est aussi
pour s’opposer à cette régression politique,
sociale, et culturelle que solidaritéS appelle à voter et
faire voter OUI  le 13 février. 



Tobia Schnebli




A deux semaines de la votation sur
l’initiative « Pour la protection face à la
violence des armes », des militants du GSsA tessinois et
genevois ont tenu à faire un geste concret en faveur du
désarmement. Ils ont rendu aux arsenaux les fusils
d’assaut et les munitions militaires que l’armée
avait «oublié» de leur réclamer quand ils
avaient interrompu de manière anticipée leur
période de service.

Il y a quelques jours, l’armée suisse confirmait
qu’entre 1969 et 2010, 4674 armes de service avaient passé
dans des mains inconnues après avoir été perdues
ou volées. En réalité les armes militaires dont on
a perdu tout contrôle sont encore plus nombreuses. Un nombre
difficilement estimable d’armes et munitions de service sont
restées dans les maisons de ceux qui, pour différents
motifs, n’ont pas terminé leur période de service.

C’est le cas du fusil d’assaut et des
« munitions de poche » que
l’armée m’avait confiés au début de
l’école de recrues et que je devais ramener à mon
domicile après chaque cours de répétition.
J’ai objecté après 263 jours de service et
j’ai été condamné à un mois et demi
de prison avec exclusion de l’armée. Ensuite les
autorités militaires ne m’ont jamais demandé de
ramener mon équipement personnel. Ces mêmes
autorités militaires m’ont pourtant
régulièrement sollicité pour effectuer la
protection civile et payer la taxe militaire… (TS)