Le canton pousse à la dérégulation dans le bâtiment

Le canton pousse à la dérégulation dans le bâtiment

C´est par une grève d´avertissement que les employés de Batigroup se sont opposés avec un succès certain aux effets de l´imposition du travail en équipe sur le chantier de prestige de la «Messeturm». Le conflit jette également une lumière crue sur la politique du canton qui impulse une dégradation des conditions de travail dans le bâtiment.



L´entreprise du Batigroup construit pour la foire de Bâle – avec d´abondantes subventions indirectes du canton (zone à bâtir spéciale, aménagements périphériques, etc.) le plus haut gratte-ciel de Suisse. Le maître d´œuvres a prévu de mener à bien les travaux dans un délai deux ans seulement. Le gratte-ciel sera donc être construit en faisant travailler les ouvriers en deux équipes.



Ce projet de tour de la foire de Bâle, dont la planification et les délais sont approuvés par l´Etat, se paie donc par les travailleurs/euses au prix d´un travail en équipes, délétère pour leur santé et leur vie de famille. Batigroup a voulu faire endosser les conséquences de ce travail en équipe aux employé-e-s.



Dans le cadre du système de travail en équipes les travailleurs/euses ont en effet droit à 165 heures en moins, soit 4 semaines de travail, d´ici octobre 2002. Batigroup entendait «simplement» déduire cette compensation en temps sur la paye des travailleurs/euses concernés!



Le SIB et la commission paritaire avaient, pour ce motif, rejeté la demande d´autorisation de travail en équipes. Mais malgré l´absence d´autorisations nécessaires, Batigroup avait imposé le travail en équipes sur le chantier. Les travailleurs/euses et le SIB ont réagi par une grève d´avertissement d´une demi-journée.



A la suite de cette arrêt de travail le SIB a distribué des tracts – en Suisse romande également – sur les divers chantiers de l´entreprise en question qui a pris peur pour son image. La direction générale de Batigroup est donc intervenue auprès des «durs» de sa direction bâloise et ceux-ci ont dû faire marche arrière, après plusieurs rounds de négociations …sans succès pour eux. Batigroup a ainsi dû s´engager, non seulement à payer le temps de travail en moins, mais aussi à verser une prime spéciale pour travail en équipe de 25 Fr. par jour.



Au delà de cette victoire, il faut relever que la Foire de Bâle (dont le Canton est en partie propriétaire) a imposé des délais absurdes pour la réalisation en moins de deux ans d´un nouveau site d´exposition. D´ici un an – entre deux foires de l´horlogerie et de la bijouterie – les vieilles halles d´exposition seront démolies et la nouvelle installation devra être achevée.



Avec l´autorisation du canton, la Foire aura obtenu que soit autorisée pour la première fois le travail en deux équipes sur un chantier du bâtiment, ceci alors qu´aucun intérêt public manifeste n´est en jeu (comme par exemple l´entretien d´installations d´un service public essentiel.) Le maître d´œuvres semi-public visait également à faire reculer le contrôle syndical sur les conditions de travail. Avec d´innombrables gardes Securitas aux entrées du chantier ses responsables ont cherché à empêcher que les représentants syndicaux s´entretiennent avec les travailleurs, puissent contrôler correctement les conditions du travail en équipe et l´application de l´accord cadre en national la matière. Le canton a bien sûr aussi failli à son obligation de contrôle consistant à ne pas octroyer de travaux à des firmes qui ne respectent pas les dispositions conventionnelles. C´est malgré ces obstacles que le SIB a réussi à dénoncer plusieurs violations!



Urs DIETHELM