Le lobby nucléaire mérite-t-il le monopole ?
Le lobby nucléaire mérite-t-il le monopole ?
Le 13 novembre, le Conseil
dEtat neuchâtelois organisait des Etats
généraux de lEnergie. Théo Buss,
député de solidaritéS, interpelle le Conseil
dEtat.
A lorigine, les Etats généraux étaient
utilisés par les monarques français, dans lAncien
Régime, pour obtenir le soutien de leurs sujets de marque dans
des moments difficiles. A la Révolution de 1789, les
états généraux se réformèrent et
doublèrent la représentation du Tiers état.
Celui-ci réussit ensuite à simposer et les Etats
généraux se constituèrent en Assemblée
nationale. Plus récemment, les états
généraux sont devenus de vastes formes de consultation de
la citoyenneté sur des sujets précis. Donc un instrument
de la démocratie.
Les Etats généraux de lEnergie,
célébrés le 13 novembre sur invitation du Conseil
dEtat, plus quun forum de consultation, ont davantage
pris la tournure dune proclamation de la vulgate du gouvernement
et des lobbies de lénergie. Il suffit de consulter la
liste des orateurs avec lexception notable du professeur
Martin Beniston et les stands des organismes de
lénergie représentés. Qui a entendu la voix
des opposants au nucléaire, pour ne relever que cet
exemple ?
Le Conseil dEtat serait-il disposé
à renouveler lexpérience, en choisissant cette
fois une formule participative (et non un débat limité,
le matin, à un nombre très limité de questions, et
des ateliers, laprès-midi, « sur
invitation »), avec une invitation égale des
partisans dun nouvelle centrale à Cornaux (pour faire
court) et des défenseurs dune écologie
« conséquente », y compris des
objecteurs de croissance ?
Nous estimons en effet que la problématique
de lénergie nest pas lapanage des savants,
des professeurs de luniversité, des EPF et des directeurs
de centrales nucléaires, mais quil appartient au peuple
de participer à ce débat de société, qui
constitue un choix crucial pour notre avenir à tous. Une version
élitiste des états généraux nest pas
à même de réaliser un dialogue véritable. Il
y faudra une invitation en bonne et due forme des courants non
convaincus de lévolution actuelle de la politique de
lénergie en Suisse.
Théo Buss