Faites vos jeux!

Faites vos jeux!

Craignant de voir disparaître la poule aux œufs d’or,
le Conseiller communal en charge des finances de la ville de
Neuchâtel a promptement réagi au lancement de la
pétition « Contre un Casino »
lancée par les Verts, Solidarités et le POP. Dans un
éditorial du journal « officiel » de
la Ville, Alain Ribaux invoque pêle-mêle les emplois futurs
(qu’il évalue pour faire bonne mesure entre 60 et 80
postes), l’image touristique de la ville et surtout les finances
communales.

    Car même si la commune passe en
dernière position après la Confédération et
le canton, il y a là une manne espérée et bien
réelle. Pour mémoire, le concurrent de la ville de
Neuchâtel, la commune de La Tène évaluait à
400 000 francs les retombées attendues de
l’installation d’un casino.

    Il vaut la peine d’élever le
débat. Nous savons que la Suisse offre une des plus fortes
densités de casinos au monde et que les casinos ne sont de loin
pas les seuls endroits consacrés au jeu : internet et ses
jeux en ligne, machines à sous dans les cafés. Ce qui
nous interpelle dans cette affaire, c’est que les
autorités communales ne se préoccupent pas des
conséquences sociales d’un tel projet et encore moins de
demander son avis à la population sur l’implantation
d’une maison de jeux au centre-ville, cela malgré les
nuisances prévisibles dues au trafic automobile.

    Poser la question du jeu, c’est avancer sur un
terrain émotionnel où se rencontrent jugement moral et
religieux. Les professionnels de l’addiction au jeu font eux la
part des choses : ils relèvent que le jeu est
d’abord un plaisir et que la majorité des gens jouent sans
danger, mais que 1 % de la population suisse est
considérée comme « joueur
pathologique » et 2 % comme « joueur
problématique ». Entre 50 000 et
100 000  personnes sont donc concernées par la
problématique du jeu excessif en Suisse (15 000 pour la
Suisse romande). Ces personnes sont confrontées aux
problèmes associés à cette dépendance
(surendettement, difficultés relationnelles, violences,
délits, tentatives de suicide, mises en péril de la vie
professionnelle).

    Dans le canton, la Fondation Neuchâtel
addictions (www.fondation-neuchatel-addictions.ch) propose une prise en
charge individuelle et pluridisciplinaire, cela en toute
confidentialité et gratuitement au Drop-in (Neuchâtel) et
à la Balise (Chaux-de-Fonds). Quand l’on sait que seuls 1
à 2 % des joueurs excessifs consultent, l’on comprend
d’autant mieux l’importance de développer la
prévention et donc de fournir des moyens plus conséquents
aux professionnels de l’addiction plutôt que
d’escompter simplement des rentrées financières
pour on ne sait quel usage.


Va te faire…assermenter !

Saisis d’une soudaine envie de décorum, les conseillers
généraux de la ville de Neuchâtel ont
accepté d’introduire l’assermentation dans leur
nouveau règlement. Les nombreuses absences sur les bancs du PS
plus quelques voix égarées à gauche, ont permis
à la droite unie de réunir la majorité sur cet
objet douteux. Désormais, il ne s’agira pas seulement de
lever la main droite et de promettre ou de jurer devant Dieu
« de respecter fidèlement et consciencieusement les
devoirs de la charge et de se montrer en toutes circonstances dignes de
la confiance accordée » : le petit malin qui
modifiera la formule sera démissionné de même que
celui qui refusera de prêter serment. Voilà qui fleure bon
le retour de l’Ancien régime et ragaillardira les
nostalgiques de Vichy adeptes du serment à l’Etat
français et au Maréchal. Mais il y a une petite
consolation pour tous ceux qui n’ont nul besoin de ces falbalas
pour respecter leur engagement vis-à-vis de leurs
électeurs : le législateur ayant omis de
préciser l’objet sur lequel il faudra prêter
serment, les propositions les plus facétieuses sont permises et
même attendues.

Pascal Helle

conseiller général Solidarités