Le jour, je baise, tout simplement…

Le jour, je baise, tout simplement…

Colette Renard s’est
éteinte en octobre dernier à l’âge de 86 ans.
Aujourd’hui connue pour son rôle de mamie communiste dans
la sitcom de France 3 « Plus belle
la vie », on en avait presque oublié
qu’elle avait été l’une des rares
interprètes de la chanson libertine féminine, voire
féministe.

Chanteuse, comédienne, gouailleuse, Colette Renard avait
été à la fin des années 1950, et quelque
dix années durant, l’inoubliable Irma la douce ;
comédie musicale en deux actes d’Alexandre Breffort et
Marguerite Monnot racontant les amours d’une prostituée et
d’un étudiant à Pigalle. Un peu plus tard, elle
partagera la scène avec Georges Brassens.

    Ce sont ses chansons érotiques qui font de
Colette Renard une personnalité tout à fait à part
dans le champ artistique féminin français, des
années 1950 à nos jours. L’une d’entre elles
semble notamment jouir d’une deuxième jeunesse
actuellement, même si les paillettes du show business
obscurcissent quelque peu sa charge émancipatrice. Je veux
parler bien sûr des Nuits d’une demoiselle.

    Depuis plus de 45 ans, cette chanson dérange
et fascine ; tout d’abord interdite d’antenne, elle passe
rarement, même aujourd’hui, sur les ondes. Ecrite et
interprétée par Colette Renard au début des
années 1960, elle se profile comme un hymne à
l’érotisme et à la jouissance assumée par
les femmes. Faire l’amour et se donner du plaisir de 28
manières différentes, mais surtout le chanter haut et
fort, voilà l’entreprise peu banale à laquelle nous
convie Colette Renard.

Car après tout :

« Que c’est bon d’être demoiselle

Car le soir dans mon petit lit

Quand l’étoile Vénus étincelle

Quand doucement tombe la nuit



Je me fais sucer la friandise

Je me fais caresser le gardon

Je me fais empeser la chemise

Je me fais picorer le bonbon



Je me fais frotter la péninsule

Je me fais béliner le joyau

Je me fais remplir le vestibule

Je me fais ramoner l’abricot



Je me fais farcir la mottelette

Je me fais couvrir le rigondonne

Je me fais gonfler la mouflette

Je me fais donner le picotin



Je me fais laminer l’écrevisse

Je me fais foyer le cœur fendu

Je me fais tailler la pelisse

Je me fais planter le mont velu



[…]

Et vous me demanderez peut-être

Ce que je fais le jour durant

Oh! Cela tient en peu de lettres

Le jour, je baise, tout simplement »

SP