Uni de Lausanne: L’UDC en situation irrégulière
Uni de Lausanne: LUDC en situation irrégulière
Quel barouf ! La
décision du rectorat de lUniversité de Lausanne de
refuser, finalement, de louer ses locaux pour la tenue du
congrès de lUDC en décembre en a fait
sénerver quelques-uns. Pour la bonne cause, bien
sûr
Dans Le Temps (12.11.2010), François Modoux estime quen
cédant ainsi à quelques menaces anonymes, le rectorat a
piétiné « le principe qui veut quun
parti doit pouvoir se réunir librement pour discuter de son
programme » et que « la
lâcheté » des exécutifs lausannois et
vaudois « porte aussi atteinte à la
démocratie ». Uli Windisch, prof de sociologie
à lUni de Genève, dont la rhétorique dans
le Nouvelliste nest pas très éloignée de
celle dOskar Freysinger, juge que cette décision
relève de « méthodes
fascistes » (Journal du matin de la RSR, le
12 novembre). La palme revenant à lEric Zemmour
régional, Pascal Décaillet. Dans son blog de la Tribune
de Genève, le journaliste et polémiste appelle de ses
vux « un service dordre permettant à
la liberté de réunion et dassociation, lune
des conquêtes des Lumières, de pouvoir
sopérer (sic) », dénonçant
lUniversité de Lausanne qui non seulement
« se couvre de ridicule », mais
« vient de traiter le premier parti du pays comme
sil sagissait dun obscur groupuscule
néo-nazi ».
Etrange conception de la liberté
dassociation que de sommer un organisme de droit public, mais
autonome, comme lUniversité, de mettre à
disposition ses locaux pour quun parti politique y tienne
congrès. Cest une étrange vision de
lhistoire que de faire de la liberté dassociation
une fille naturelle des Lumières, alors que la Suisse ne
laccordera quen 1848 et que la France ne lèvera
son interdiction des associations ouvrières quen 1864.
Cest une conception pour le moins restrictive de la
liberté académique que denvoyer les flics sur les
campus. Pour y nettoyer au kärcher la
« racaille » étudiante et gauchiste,
peut-être ? Daprès nos nouveaux
croisés de la liberté dassociation, les
organisations politiques devraient ainsi avoir accès à la
demande aux locaux publics. Pratique novatrice sil en est, qui,
au nom de la liberté dassociation demande à
lEtat dassurer la conciergerie de lUDC. Qui, soit
dit en passant, se retrouve dans le rôle de larroseur
arrosé. Le parti qui a choisi un caprin pour mascotte et
lexclusion sous toutes ses formes pour leitmotiv se retrouve
ainsi en situation de chercher un hôte accueillant
Le
bouc blanc devenu mouton noir, une histoire qui aurait réjoui La
Fontaine.
Cela dit, lobjectif nest pas
dinterdire la tenue du congrès de lUDC et
la décision de lUnil ne revient pas à cela, quoi
quen disent nos commentateurs strabiques ni de chercher
je ne sais quelle confrontation physique avec les
délégué·e·s de ce parti raciste. Car
lUDC, comme toujours, fera son miel de toute provocation.
Daniel Süri