Grève au Bureau international du travail (BIT)

Grève au Bureau international du travail (BIT)

Une assemblée
générale extraordinaire et des piquets
de grève ont été organisés mercredi 10
novembre au siège de l’Organisation Internationale du
Travail à Genève et dans de nombreux bureaux de
l’OIT dans le monde.

A Genève, ce sont plus de 500
em­ployé·e·s du BIT qui ont, ce jour-là
encerclé et bloqué les travaux du Conseil
d’administration de cette organisation internationale. En effet,
l’OIT qui prône dans le monde entier le dialogue social et
la liberté syndicale au nom d’un « travail
décent » n’applique pas vraiment
elle-même ces principes. Dénonçant des violations
flagrantes et répétées en matière de droit
du travail, le syndicat du personnel, qui compte 65 %
d’adhérents sur 3000 employé·e·s, est
donc passé à l’action la semaine dernière.
  
 Comme l’ont expliqué Christopher
Land-­Kazlauskas, président du syndicat, et son adjointe
Catherine Comte, la « coupe est pleine ». Ils
décrivent « l’atmosphère
délétère »  qui règne au
BIT, faite de « violations très fréquentes
du statut du personnel, de recrutement de plus en plus opaque, de
travail précaire et de censure de l’action
syndicale ».
  
 Depuis quelques mois, le dialogue est rompu avec la direction, du
fait du directeur général, le Chilien Juan Somavia, aux
commandes du BIT depuis 12 ans. « En mars 2009, il a exigé
que les courriers électroniques que nous envoyons au personnel
soient soumis, pour approbation, à
l’administration », explique Christopher
Land-Kazlauskas. « L’administration » en
question peut retenir durant plusieurs jours les communications du
syndicat et même demander à ce qu’elles soient
réécrites !
  
 Par ailleurs, de plus en plus
d’employé·e·s du BIT voient leur contrat
renouvelé tous les 3 ou 5 mois pendant plusieurs années,
une pratique pourtant interdite. Nicolas Lopez, le juriste du syndicat,
a traité et gagné de nombreux recours
déposés devant la Commission interne et le Tribunal
administratif. « Beaucoup de gens viennent nous voir, mais ils
n’osent pas toujours agir à cause des
représailles », explique-t-il.

    Il y a quelques mois une informaticienne,
précaire durant 5 ans au BIT n’a pas vu son contrat
renouvelé, après avoir fait recours. Nicolas Lopez
lui-même est employé depuis 8 ans par le syndicat, dans
une sorte de no man’s land juridique, sans sécurité
sociale, ni retraite. La direction du BIT refuse au syndicat de le
recruter à travers un contrat régulier.

    La direction et le syndicat s’affrontent
autour de la convention collective sur le recrutement. Des cas de
parachutages sans concours ont été signalés
relevant du « fait du prince ».

    A l’heure où nous mettons sous presses,
on attend la décision du personnel de faire grève –
ou non – toute la journée du jeudi 18 novembre, en
fonction d’un accord – ou non – avec leur employeur.
Le personnel a en effet déjà obtenu une acceptation de
ses revendications en matière de liberté
d’expression et liberté syndicale, plus quelques
avancées en ce qui concerne certaines décisions en
matière de recrutement et sélection du personnel. Mais
à ce stade, rien ne serait mis sur le papier. Autre point
positif: le Conseil d’Administration souhaiterait que les
questions soulevées par le Syndicat du Personnel fassent
l’objet d’un point à l’ordre du jour de leur
prochaine réunion en mars 2011.

    Ainsi le Comité du Syndicat a-t-il
demandé à l’AG du personnel d’approuver un
report de la grève prévue de 24 heures, du 17 au 18
novembre, pour permettre le cas échéant un accord sur les
points restants en suspens. Il demande à ce sujet un document
signé par le Directeur général.
La difficulté résiderait dans son exigence du
respect des accords collectifs de 2000. Affaire à suivre
donc…


Pierre Vanek