Conseil d’Etat Neuchâtelois: une élection partielle dans l’indifférence

Conseil d’Etat Neuchâtelois: une élection partielle dans l’indifférence

Un taux de participation de 32 % a conclu une campagne électorale quelque peu soporifique.

Le candidat radical-libéral Thierry Grosjean termine en
tête, en avance de quelques voix sur le vert Patrick Erard,
candidat de toute la gauche. Ils se retrouveront au second tour.
L’abstention s’est majoritairement manifestée
à gauche, Patrick Erard (41 %) et Martine Kurth (Refonder
la république, 3 %) ne rassemblant que 44 % des
suffrages alors que le Canton est traditionnellement partagé en
deux (50 %-50 %). Les raisons peuvent se résumer
ainsi : désenchantement face au Parti socialiste et
à sa politique libérale de privatisation et de
démantèlement de l’Etat ; réaction
face à la politique fiscale et à la remise en cause des
prestations sociales de la gauche institutionnelle ;
hésitation d’une partie de l’électorat du PS
à soutenir un candidat Vert.

    Au deuxième du tour, T. Grosjean
bénéficiera logiquement du report de voix de quatre
candidats situés à droite. Pour P. Erard, qui ne pourra
guère compter que sur les voix de Martine Kurth, sa seule chance
est de mobiliser les abstentionnistes du 1e tour. Ce ne sera pas
facile. Tout le monde voit bien que le futur élu devra appliquer
le programme de législature du Conseil d’Etat qui
poursuivra sa politique en faveur des plus riches. SolidaritéS
maintiendra sa position; nous voterons Patrick Erard contre le Parti
radical-libéral, mais nous ne mènerons pas campagne avec
ce qui s’appelle la « gauche unie »
(PS-Les Verts-POP), car nous combattons fermement la politique
menée au Grand Conseil et au Conseil d’Etat par le Parti
socialiste et institutions dans lesquelles il s’allie au Parti
radial-libéral. Nous ne voulons pas faire croire que
l’élection de P. Erard annoncerait un changement de la
politique du Conseil d’Etat, mais nous ne voulons pas de
l’élection d’un radical-libéral qui
renforcerait la mise en place d’une administration
particulièrement antisociale.


Henri Vuilliomenet


Consensus, quand tu nous tiens…



Pour succéder au
« sheriff » Frédéric Hainard,
le Parti libéral-radical (PLR) a présenté à
l’élection complémentaire du Conseil d’Etat
le député Thierry Grosjean.

Afin de ratisser à droite, celui-ci a sollicité sans
succès le soutien de l’UDC. Pour  montrer patte
blanche, il s’était notamment déclaré
favorable à l’initiative « pour le renvoi des
étrangers délinquants » et à la
suppression du Service cantonal de l’intégration
multiculturelle.

    Par ailleurs, la lecture d’un entretien
publié dans Libertés neuchâteloises (journal du
PLR) , 30.10.2010, est fort instructive.

    A une question sur Hôpital-NE, le candidat PLR
répond: « Après un enfantement
pénible ayant mis en exergue le régionalisme, les choses
se mettent en place, chacun comprenant qu’il vaut mieux
être soigné à 30 minutes de chez soi que mourir
à 10 minutes ». Les patient·e·s
actuels ou potentiels apprécieront à sa juste valeur ce
dénigrement de la proximité…

    Autre question : « Selon vous,
les bords de l’échiquier politique – UDC et POP –
doivent-ils être marginalisés au profit d’une force
de centre consensuelle ? »

    Réponse du candidat PLR :
« Marginalisés, non, car il est illusoire de
laisser sur le côté de la route des forces qui se doivent
d’être constructives. En revanche les responsabiliser: oui.
Le référendum contre la loi sur la fiscalité des
personnes morales n’est ni UDC ni POP. Ces partis ont
apporté leur pierre à l’édifice (…). En
revanche, oui, il appartient aux courants consensuels, à
l’intérieur des partis, de prendre suffisamment
d’influence pour éviter les blocages et les
dérapages ».

    En clair, pour Thierry Grosjean, la politique
neuchâteloise serait agréable à vivre sans
trouble-fêtes (surtout à gauche), critiquant le
« consensus neuchâtelois » (70 ans de
co-gouvernement PLR-PSN).


Hans-Peter Renk