France: toutes et tous dans la rue !

France: toutes et tous dans la rue !



La semaine qui vient sera sans doute
décisive pour le conflit social et politique qui s’est
noué en France autour de la réforme des retraites voulue
par Sarkozy. Tablant sur l’épuisement du mouvement,
l’Elysée espère que les vacances de la Toussaint
déliteront une mobilisation, dont Sandra Demarcq, membre du
Comité exécutif du NPA, nous dit l’ampleur et
l’importance.

Avec près de 3,5 millions de manifestants, des taux de
grévistes importants, des grèves reconduites dans
certains secteurs, la population a montré une fois de plus
à Sarkozy qu’elle ne voulait pas de sa
contre-réforme. Si le président reste sourd, il faudra
continuer.

    La journée de grève et de
manifestations du 12 octobre, la quatrième en un mois, a
rassemblé 3,5 millions de manifestants, avec un nombre de
participants inédit dans la plupart des régions comme
à Paris. Les taux de grévistes dans des secteurs comme la
SNCF ou les raffineries sont extrêmement élevés.
Et, cerise sur le gâteau de la contestation, la jeunesse a aussi
défilé, déterminée et motivée pour
faire reculer ce gouvernement. Car les jeunes ont compris que
l’accès à un emploi à court terme et
à une retraite à taux plein et en bonne santé
étaient, pour eux, fortement compromis par cette réforme.
Et, de plus, désormais la majorité de l’opinion
publique soutient la mobilisation. La journée du 12 octobre est
un nouveau raz-de-marée social pour le retrait du projet, mais
plus largement contre l’ensemble de la politique antisociale,
raciste et sécuritaire de Sarkozy.

    Les revendications des salariés, de la
jeunesse concernent le maintien de la retraite à 60 ans, mais
aussi les salaires, les conditions de travail, l’emploi…
Le mécontentement est profond.

    Face à cette mobilisation, à cette
contestation qui ne cesse d’augmenter, de s’enraciner
(même la police est obligée de le reconnaître), le
gouvernement reste déterminé à faire passer,
contre toutes et tous, son texte. Chamboulement de l’ordre du
jour des débats, retraits des amendements des sénateurs,
tout est mis en œuvre pour raccourcir les discussions et faire
voter le texte, espérant ainsi décourager la mobilisation
qui n’en finit pas de s’amplifier. Et ce ne sont pas les
mensonges répétés sur les conséquences
sociales ou les miettes concédées aux femmes ayant
élevé trois enfants qui feront baisser la colère.
Le gouvernement tente de faire monter la pression en allant
jusqu’à dire que la jeunesse est manipulée (comme
si elle ne pouvait pas décider par elle-même), et que tous
ceux et celles qui travaillent au blocage du pays sont des
irresponsables. Cela montre qu’il commence à avoir peur de
la mobilisation, à craindre qu’il y ait une réelle
convergence du secteur privé avec le public et la jeunesse. Il
craint ce qui se profile : une confrontation sociale et
politique majeure.

    Il n’y a pas que le gouvernement qui soit
déterminé, les salariés, la jeunesse le sont
aussi. D’ores et déjà, des grèves
reconductibles sont décidées dans des secteurs
significatifs. La reconduction de la grève à la SNCF,
à la RATP et dans les raffineries peut donner confiance à
d’autres. Dans de nombreux endroits, cette question est en effet
à l’ordre du jour des assemblées
générales dans la semaine qui vient.

Des grèves reconductibles partout où c’est possible

Dès maintenant, il faut prolonger la mobilisation par la
grève reconductible partout où c’est possible, mais
aussi par toutes les formes d’action permettant de regrouper le
plus grand nombre. Chaque assemblée de grévistes doit
être porte-parole de cette mobilisation dans l’entreprise,
à l’école, à l’hôpital
d’à côté. Des liens entre les structures
syndicales ou d’auto-organisation pour populariser notre combat
doivent être construits. Jusqu’à samedi 16 octobre,
nouvelle journée de manifestations à l’appel de
l’intersyndicale, la mobilisation, les grèves
reconductibles, les blocages doivent se multiplier, se
généraliser ainsi que toutes les initiatives
interprofessionnelles locales. Cette nouvelle journée de
manifestations doit être un moment de convergence entre ceux et
celles qui sont en grève, les salariés du privé et
du public, les précaires, la jeunesse, mais aussi tous ceux et
celles qui sont d’accord avec cette mobilisation, mais qui ne
peuvent pas se mettre en grève.

    Nous devons tous et toutes ensemble, prouver à Sarkozy qui prétendait que « quand il y avait une grève dans ce pays, on ne la voyait pas », que sa réforme on n’en veut pas, qu’on ira jusqu’à la victoire

    Rien n’est encore joué : le
gouvernement et le patronat mettront toutes leurs forces pour briser la
mobilisation. Mais nous avons aujourd’hui la possibilité
d’infliger une véritable défaite au gouvernement,
comme au Medef.

Prouvons-leur que c’est la rue qui gouverne !

Sandra Demarcq

Hebdo « TEAN », nº 73, 14.10.10