Victoire à Carouge !

Victoire à Carouge !



Champagne, cris de joie, pleurs de
joie, accolades, embrassades (j’embrasse même un
colonel !), à la Brasserie des Tours à Carouge, ce
8 septembre : le comité de soutien de la famille Selimi
vient d’apprendre que l’Office fédéral des
migrations est revenu sur sa décision d’expulsion vers le
Kosovo, la famille va recevoir un permis de séjour !

Trois ans de lutte ont été nécessaires. Henriette
Stebler, militante de solidaritéS et enseignante, avait un
enfant Selimi dans sa classe. Au premier avis de renvoi de cette
famille (dite sans-papiers et clandestine, alors que le père vit
à Genève depuis 20 ans, y travaille
régulièrement et paie des impôts), en 2007, elle a
lancé la première pétition de soutien à
Carouge.

    En mars 2010, lorsque le Tribunal administratif
fédéral rejette le recours et adresse un nouvel avis
d’expulsion pour le 5 juillet, Henriette constitue
immédiatement un comité de soutien.

    Ce comité a rassemblé des personnes de
tous bords et a très bien fonctionné dans le respect
mutuel et l’élan d’une cause humaine et
juste : deux conseillers nationaux, l’un de gauche,
l’autre de droite, quasiment l’ensemble des élu.e.s
de Carouge, des artistes connus, des personnes engagées dans
l’humanitaire, de simples habitant.e.s de Carouge, parents des
camarades des enfants Selimi, etc.

    Certaines de ces personnalités avaient
l’oreille de la presse. Le Matin a pris parti pour la famille
Selimi et a lui consacré plusieurs manchettes. Le Temps a
publié de très honnêtes articles de fond. Le
redoutable Pascal Decaillet s’est engagé en couvrant
l’affaire à Léman Bleu. Des politiques de droite et
de gauche ont établi des relais au Grand-Conseil et
auprès de la cheffe du Département de la police, et ont
interpelé la Confédération. Evelyne
Wiedmer-Schlumpf, qui détenait le pouvoir en cette affaire a
reçu une délégation en juin et l’a
écoutée, sans rien promettre.

    Rien ne s’est passé le 5 juillet,
Henriette et le comité étaient sur pied de guerre,
prêts à entamer un jeûne de protestation.
L’été s’est écoulé lentement,
dans l’angoisse et sans nouvelles. A la rentrée scolaire,
les enfants ont été admis sans problèmes dans
leurs classes. L’espoir a repris, mais l’affaire
n’allait-elle pas s’enliser durant une nouvelle
année d’incertitude ? Non ! Par
ailleurs les conseillers nationaux engagés, Jean-Charles Rielle
et Luc Barthassat, annonçaient vouloir déposer une motion
pour assouplir cette LEtr qui s’est avérée non
seulement inique et hypocrite, mais encore inapplicable.

Maryelle Budry

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Henriette Stebler, qu’as-tu à dire de ce succès ?

Que cette victoire donne le courage à d’autres
clandestin.e.s de sortir de leur cachette, de faire leur
« coming out » comme Musa, qu’elles.ils
rejoignent les collectifs de sans-papiers et rassemblent leurs ami.e.s
en comité de soutien. Nous, leurs allié.e.s suisses,
profitons de cette victoire pour reprendre espoir et oser aller de
l’avant.