Fribourg: 3000 personnes dans la rue : Cardinal doit vivre !
Fribourg: 3000 personnes dans la rue : Cardinal doit vivre !
1996 : Feldschlössen
annonce la fermeture de Cardinal. Réaction massive du personnel
et de toute la région. Après un bras de fer de 16 mois,
ponctué de mobilisations massives, Cardinal reste à
Fribourg. 31 août 2010, 14 ans après, Feldschlössen
récidive. Cardinal doit fermer.
En 24 heures, une manifestation de 3000 personnes se rassemble devant lusine pour la défense de Cardinal !
Depuis 2000, Cardinal appartient à la multinationale Carlsberg,
via son propriétaire Feldschlössen. Les décisions
sont prises à Copenhague, les yeux vissés sur le taux de
rentabilité et les cours en bourse. Carlsberg, cest plus
de 70 000 employé·e·s dans le monde,
Cardinal 75. Faire revenir en arrière un tel mastodonte
nest pas facile. Le soutien de la population fribourgeoise, tel
quil sétait manifesté il y a 14 ans,
va jouer un rôle déterminant. Etre toujours à
linitiative, être uni dans la mobilisation, voilà
la clé du succès. On verra ces prochaines semaines ce
quil est possible de faire.
Unia est le syndicat présent à
Cardinal. Cest lui qui, avec la commission du personnel, a
entamé les négociations avec Feldschlössen. Ils vont
soumettre des propositions pour sauver les postes de travail à
Fribourg. Nous nous sommes entretenus avec Armand Jaquier,
secrétaire UNIA à Fribourg
Le personnel a-t-il vu venir le coup ? Est-ce quon sentait la fermeture ?
Ça été clairement une surprise. Depuis plusieurs
années, nous nous inquiétions de la faiblesse des
investissements, du non remplacement du personnel qui vieillissait.
Nous avons interrogé la direction de Cardinal à plusieurs
reprises, mais nous avons toujours reçu des réponses
rassurantes, mais vagues. Le 31 août, ça a
été le coup dassommoir, inattendu.
Comment comptez-vous faire pression sur la multinationale
Carlsberg, qui a évidemment les moyens de maintenir le site de
Fribourg ?
La décision prise à Copenhague, cest de
transférer une partie de la production de Suisse vers la France
sur le site de Kronenbourg. Ensuite cest Feldschlössen qui
prend les mesures quimplique cette décision. Cest
Feldschlössen qui décide de fermer Cardinal à
Fribourg. Pour faire revenir une multinationale sur ses
décisions, cest difficile, il faut des luttes dures.
Le personnel de Cardinal a-t-il la force de se battre, ou est-ce que cest le fatalisme qui va lemporter ?
Lannonce de la fermeture a été un coup dur, mais
le personnel nest pas KO, puisquil a eu la force, en 24
heures, dorganiser une manifestation qui a
révélé un large soutien à leur lutte.
Cest difficile à vivre au quotidien pour les
travailleurs·euses. La direction tente de les démobiliser
par des contacts individuels, des paroles rassurantes, mais il est
décidé à se battre.
Dans quelle direction vont vos propositions pour maintenir lemploi à Fribourg ?
Nous avons rencontré les responsables de Feldschlössen le 3
septembre et nous avons jusquau 23 septembre pour
déposer nos propositions pour éviter les licenciements.
Nous nous sommes engagés à ne pas communiquer à
leur sujet avant que Feldschlössen en prenne connaissance. Les
pistes sont celles qui sont parues dans les médias,
spécialisation, distribution, logistique, fabrication en
sous-traitance
Vous bénéficiez dun large soutien, y compris des
autorités. Pour sauver la brasserie est-il envisagé de
sortir du giron Feldschlössen, vers une entreprise qui aurait un
soutien public ?
Toutes les solutions sont envisagées, elles font partie de ce
que nous soumettrons à Feldschlössen. Le soutien des
autorités est évidemment très important.
Entretien : Henri Vuilliomenet