La Gauche réfléchit à une initiative nationale

La Gauche réfléchit à une initiative nationale



Une trentaine de
militant·e·s de La Gauche / Alternative
Linke / La Sinistra se sont retrouvés à
Tramelan pour un week-end de discussions les 3-4 septembre. Il
s’agissait de dégager des pistes de travail pour une
future initiative populaire fédérale que cette nouvelle
force de gauche radicale envisage de lancer.

Si le nombre de militant·e·s présents était
un peu en dessous des attentes, cela a eu le mérite de permettre
des discussions plus approfondies. La relativement faible
représentation des différentes forces constitutives de
cette Gauche, ainsi que des cantons, aurait pu induire une note
pessimiste. Pourtant, au final des débats intéressants et
constructifs ont pris le dessus. Une délégation de
solidaritéS était présente, et c’est
à regret qu’elle s’est retrouvée assez 
seule comme porte-parole de la Suisse romande. Ni le POP vaudois, ni
les « communistes » genevois, ni encore
d’autres « électrons libres » de
la gauche n’ont fait le déplacement… De même,
les Suisses alémaniques présents venaient presque tous de
l’Alternative Liste zurichoise.

Des attentes divergentes

Le débat a été surtout centré sur des
thèmes qui pourraient faire l’objet d’une initiative
fédérale. En partant des principes larges que
défend La Gauche des propositions plus concrètes ont
émergé. Une division de fond s’est vite fait
sentir : d’un côté, les partisans du
lancement d’une initiative « unitaire »
à laquelle pourraient sans problème s’associer le
PS et les Verts et qui aurait ainsi toutes ses chances
d’aboutir ; de l’autre, ceux qui voient dans ce projet le
moyen de faire une propagande forte pour une alternative à la
politique du PS et des Verts. solidaritéS a affirmé sa
position dans ce sens et proposé quatre ébauches
d’initiatives. En bref :


1 Assurons ensemble nos retraites
vise la fusion du 1er pilier (AVS) et du 2e pilier (prévoyance
professionnelle), avec maintien des droits acquis, dans le but de
combattre la capitalisation au profit d’un système de
retraites solidaire.

2 Pour une assurance nationale perte de gain santé
regrouperait en une seule assurance fédérale les
régimes de maladie, accident et invalidité actuellement
distincts.

3 Parc immobilier : stop au gaspillage d’énergie
propose la constitution d’un office fédéral qui
assurerait la mise aux normes énergétiques des biens
immobiliers, notamment en obligeant les propriétaires à
assainir les habitations sans que les locataires n’en subissent
le prix.

4 Transports publics accessibles à tous prévoit la gratuité des transports liés au travail ainsi qu’une baisse globale des tarifs.

Nous avons mis l’accent tout particulièrement sur le
premier projet, qui est aussi celui qui a été le plus
apprécié par les autres camarades présents. En
vrac, parmi les autres propositions débattues, figuraient des
projets pour : l’abolition des forfaits fiscaux ; un
impôt national sur les droits de succession; la semaine de
35 heures ; ou encore la proposition d’un revenu minimum
inconditionnel…

Des revendications à la mobilisation

Pour une nouvelle organisation telle que La Gauche, cherchant à
se construire comme alternative aux partis de la gauche traditionnelle,
il nous paraît essentiel d’insister sur la
nécessité de profiter de cette initiative pour mener une
campagne de rupture, qui puisse trouver écho dans les
mobilisations sociales. A ce stade, le but d’une telle
initiative ne devrait pas être de gagner à tout prix en
votation, et donc de choisir un thème peu revendicateur, mais au
contraire d’organiser et de fédérer les mouvements
anticapitalistes, et ce à travers une campagne commune forte.

    Le choix définitif du sujet devrait
être fait lors du prochain congrès de La Gauche, en mars
à Zurich. Pour le moment, suite à un vote consultatif,
c’est l’initiative pour l’abolition des forfaits
fiscaux qui a remporté le plus de succès, suivie de
près par notre projet de fusion AVS – IIe pilier, puis par
celui du regroupement des assurances pertes de gain et santé.

    solidaritéS continue donc à prendre
part à ce processus d’unification des organisations de la
gauche de la gauche, notamment parce qu’il est vital de tisser un
réseau militant qui traverse la Sarine. Si La Gauche est encore
fragile, malheureusement, autant sur le plan fédéral que
cantonal, et si parfois nous rencontrons des désaccords (sur le
rapport aux institutions, sur les liens aux autres partis de gauche,
sur l’Union européenne et la libre circulation des
personnes), elle a néanmoins le mérite de favoriser les
échanges entre militant·e·s de groupes et
d’origines différents.

Giulia Willig