Succès du camp des jeunes de la Quatrième internationale

Succès du camp des jeunes de la Quatrième internationale



Du 24 au 31 juillet à
Pérouse, s’est déroulée la 27e
édition du camp jeune de la Quatrième internationale, qui
a regroupé environ 450 personnes issues des jeunesses militantes
et anticapitalistes d’une quinzaine de pays. Une dizaine de
camarades de solidaritéS y ont participé.

La crise financière et économique a constitué la
toile de fond de cette semaine de formation, l’enjeu étant
de comprendre les mécanismes sous-jacents au
développement actuel du capitalisme dont les offensives se
généralisent depuis la fin des Trente Glorieuses, et se
sont exacerbées au cours des dernières années.
Aussi, depuis le début de cette crise, les Etats capitalistes
poursuivent-ils dans la voie d’une légitimation des
instances dominantes, détentrices du pouvoir économique,
qui s’est manifesté par des prêts massifs aux
banques. A cela s’est ajouté le mécanisme de
la dette, utilisé comme prétexte pour imposer des
politiques d’ajustement structurel. Le cas de la Grèce
illustre parfaitement cette dynamique, dans la mesure où, au nom
du maintien des taux de profit, le gouvernement coupe largement dans
les systèmes sociaux.

    De cette analyse de la crise découle un
constat commun : la multiplication des offensives, qui se
manifestent au travers des plans d’austérité
annoncés et amorcés dans plusieurs pays comme la
Grèce, l’Espagne ou le Portugal, les
contre-réformes, les licenciements massifs, ou encore la
radicalisation du discours autour des politiques sécuritaires et
racistes. L’imbrication de ces attaques marque une
régression nette dans les compromis sociaux acquis suite
à la seconde guerre mondiale et nécessite une riposte qui
prenne en compte toutes les dimensions de la crise.

Renforcement des rapports sociaux de domination

Cette année, le camp était largement rythmé par
les thématiques de l’anti-racisme, du féminisme et
des luttes LGBTI. Aussi, cette semaine aura-t-elle permis de
s’intéresser au sort des plus
opprimé·e·s, qu’il s’agisse des
femmes, des immigré-e-s, ou encore des minorités
sexuelles, dont l’oppression se situe à divers niveau,
familial, économique ou encore idéologique. C’est
au travers de journées thématiques consacrées
à ces groupes, et à des soirées organisées
par ces derniers qu’il a été possible à
chacun de prendre conscience de l’oppression qu’ils
subissent au quotidien.

    Si la crise est généralisée,
elle ne touche évidemment pas tout le monde au même
niveau. Le rouleau compresseur mis en place par les instances
dominantes afin de maintenir le système établi tire une
large part de son efficacité de l’instrumentalisation des
questions liées notamment à l’oppression des femmes
et au racisme, et la crise actuelle est un terreau
particulièrement fertile pour asseoir ou renforcer des
politiques racistes dont les discours construisent des
« ennemis intérieurs », des
« boucs émissaires », et cristallisent
les peurs et les phantasmes sur des problématiques
précises en détournant par là des
véritables problèmes sociaux. Le racisme d’Etat,
dont l’expression principale réside pour l’heure
dans un discours islamophobe de plus en plus violent et
décomplexé, est un outil indispensable pour toute
politique qui vise le renforcement des inégalités
sociales pour le maintien des privilèges d’une
minorité dominante.

    Parallèlement à l’offensive
raciste, on observe un relent patriarcal
généralisé, qui se traduit entre autres par une
remise en cause d’acquis majeur des luttes féministes,
comme le droit à l’avortement.

    Ces diverses oppressions et discriminations sont
notamment rendues possibles par une absence de prise en compte de
l’interférence entre l’exploitation de classe,
l’oppression patriarcale et les discriminations raciales au sein
même d’une extrême gauche souvent divisées sur
ces questions.

    Une large réflexion a également
été menée autour de la question écologique,
suite à l’échec du sommet de Copenhague qui
illustre l’incapacité et l’absence de volonté
des dirigeants de ce monde à prendre la mesure de
l’urgence auquel nous faisons face, et qui met à jour la
contradiction inhérente au système capitaliste dont la
seule stratégie est de peindre son fonctionnement en vert. Les
discussions ont entre autres souligné l’importance
d’un changement des pratiques individuelles, et surtout la
nécessité de faire de la question écologique une
véritable priorité au sein des mouvements
anticapitalistes.

L’autogestion comme mise en pratique de nos idées

Cette semaine a également été l’occasion
d’expérimenter le mode de société auquel
nous aspirons. Elaboré sur le principe de l’annulation des
inégalités sociales, une monnaie locale, le
« Che », au taux de change variable en
fonction du PIB de chaque pays a été instaurée.
Construite sur le principe de l’autogestion, une
répartition des tâches a été
instaurée afin de rendre équitable le fonctionnement de
ce « laboratoire » du socialisme.

    Les réflexions ont pu être
abordées au travers d’ateliers animés par des
jeunes, des moments de formation, mais également des lieux
d’échanges inter-délégations, qui ont permis
un mise en commun d’expériences et de
réalités pour réfléchir ensemble à
des stratégies de lutte.

Quelles résistances ?

Ce que cette 27e édition aura principalement mis en
évidence est la nécessité de construire une lutte
internationale qui puisse se détacher d’une approche
uniquement ouvriériste, pour élargir le champ de
l’action et éviter ainsi une hiérarchisation des
luttes. Il ressort également que ces diverses luttes doivent
être portées par les groupes opprimés
eux-mêmes en vue d’une autodétermination et
soutenues par l’ensemble du mouvement anticapitaliste. Enfin,
cette rencontre internationale confirme l’importance d’une
responsabilisation et d’une auto-organisation de la jeunesse en
général, dans un contexte où cette dernière
est de plus en plus précarisée et divisée.


Justine Détraz, Maïla Kocher