Ouvertures de magasins: une extension écologiquement irresponsable!

Ouvertures de magasins: une extension écologiquement irresponsable !

Le lundi 28 juin marquait le premier
des 40 jours — et 40 nuits — du délai légal
(et estival) pour faire aboutir le référendum contre
l’extension des heures d’ouverture des magasins (LHOM), que
nos lectrices et lecteurs genevois trouveront dans ce numéro
sous forme de carte-réponse.

Ce jour-là, les référendaires, syndicats Unia et
SIT en tête, tenaient conférence de presse pour annoncer
le lancement de la campagne et présenter leurs arguments contre
une libéralisation inacceptable, qui — rappelons-le
— généraliserait les
« nocturnes » jusqu’à 20 h tous
les jours, du lundi au vendredi, retarderait la fermeture des commerces
jusqu’à 19 h tous les samedis et offrirait — en
prime — la possibilité d’ouvrir tous les commerces
quatre dimanches par an.

L’argumentaire des référendaires contre la LHOM est
très étoffé. En effet, c’est une remarquable
brochure de plus d’une trentaine de pages qu’ont
réalisée, ensemble, les deux syndicats
susmentionnés. Faisant le tour de la question de manière
fort complète, c’est une lecture indispensable à
toutes celles et ceux qui veulent se faire un avis et s’engager
dans la campagne. Plutôt que d’en tenter un
résumé, nous invitons donc absolument nos lecteurs et
lectrices à se procurer ladite brochure,
téléchargeable sur www.solidarites-ge.ch.

Une loi climatiquement catastrophique

Axée sur l’aspect social et syndical de la question, la
brochure n’épuise pourtant pas le sujet. En effet, le
réquisitoire contre cette LHOM peut être
complété par un volet écologique et
antinucléaire. C’est ce qu’a tenté le
soussigné lors de la conférence de presse en question,
non seulement comme représentant de solidaritéS, mais
aussi comme membre du comité de ContrAtom.

En effet, face à la catastrophe climatique qui vient et aux
tentatives de relance du nucléaire, l’idée
d’étendre encore les heures d’ouverture des magasins
est absurde et irresponsable. L’utilisation rationnelle de
l’énergie et l’efficacité
énergétique demanderaient – au contraire –
qu’on examine la possibilité pour les magasins de remplir
leur fonction en limitant leur plage d’ouverture et de
consommation d’énergie.

Cette LHOM est d’ailleurs doublement critiquable sur le
plan écolo-énergétique, car elle favorise
principalement les grands magasins et centres commerciaux, dont le
bilan énergético-climatique est particulièrement
déplorable et qui sont des aspirateurs à bagnoles, au
détriment des petits commerces de proximité. Cet aspect
des choses mérite un chiffrage et une étude plus
détaillée, comme aussi une mobilisation spécifique
des milieux de défense de l’environnement. Nous nous y
emploierons bien sûr en vue de la votation.

Balexert, « trou noir » antidémocratique?

Enfin, signalons qu’après la conférence de presse,
des militant-e-s du comité référendaire ont
traversé la rue, pour aller participer au premier stand de
récolte de signatures sur le trottoir devant
l’entrée du centre commercial de Balexert.

Sur la lancée, certain-e-s d’entre eux sont allés,
individuellement, solliciter des signatures dans Balexert. Ils y ont
été confrontés à un représentant de
la direction du centre, pour qui les citoyen-ne-s
pénétrant ledit lieu devraient renoncer à diverses
libertés fondamentales et autres droits démocratiques,
inaliénables, notamment celui de critiquer la LHOM
(liberté d’opinion et d’expression) ou celui de
récolter des signatures à l’appui du
référendum (droit démocratique
élémentaire).

Une conception étrangement totalitaire d’un
établissement public et ouvert au public comme l’est ce
centre commercial, que son slogan publicitaire qualifie pourtant de
« centre de vie ». Un aveu surtout. En effet,
les patrons du commerce prétendent que l’extension des
ouvertures répond à une aspiration de leurs
client·e·s. Alors pourquoi donc ont-ils si peur
d’un référendum qui permettra à ceux-ci de
s’exprimer à ce sujet dans les urnes ?

Pierre Vanek