Assurance-chômage: payer plus pour toucher moins

Assurance-chômage: payer plus pour toucher moins

La 4e révision de la loi sur l’assurance-chômage
représente une série de régressions
matérielles, compensées par aucun progrès. Elle
est tout simplement à rejeter.

    Sur le plan global d’abord, la nouvelle loi
prévoit d’augmenter les recettes ordinaires de 650
millions de francs à ponctionner sur la masse salariale,
c’est-à-dire sur la production de tous les travailleurs,
tandis que les prestations seraient réduites d’environ 620
millions sur le dos de tous les chômeurs. Et ce dernier chiffre
est un minimum, puisqu’il est calculé pour un effectif
moyen de 125 000 salariés privés d’emploi
par année. Si ce nombre augmente sous les coups de la crise en
cours, le « manque à gagner » des
sans-emploi – les économies – sera
augmenté d’autant. Au final, l’ensemble des
salariés payeront davantage pour que l’ensemble des
chômeurs touchent moins.

    Sur le plan individuel ensuite. Pour le gros de
l’effectif des chômeurs, âgés de 25 à
55 ans, conserver l’actuel droit de 400 jours indemnisés
(environ un an et demi) nécessitera d’avoir cotisé
durant 18 mois au lieu de 12 mois aujourd’hui. A l’inverse,
si un travailleur cotise de 12 jusqu’à 17 mois et 20
jours, il devra se contenter de 260 indemnités
journalières de chômage. Pour les chômeurs
âgés de 55 ans et plus, la logique est la même.
Après la révision de la loi, il faudra cotiser six mois
de plus pour toucher la même chose qu’aujourd’hui.

    Pour un chômeur de moins de 25 ans sans charge
de famille, l’écart est encore plus grand: quelque soit sa
durée de cotisation, il recevra seulement 200 indemnités
au lieu de 400 aujourd’hui. Et pour les salariés sans
charge de famille gagnant au-delà de 60 000 francs par
année, les délais d’attente
«ordinaires» passeront des cinq jours actuels à 10,
15 ou 20 jours ouvrables, faisant ainsi reculer leur couverture par
l’assurance. Enfin, les salariés gagnant entre
126 000 et 315 000 francs payeront 0,5 % de
cotisation supplémentaire, dite « de
solidarité », mais à «fonds
perdu» puisqu’ils n’obtiendront aucune prestation
supplémentaire.

    Ainsi, la 4e révision de
l’assurance-chômage adoptée par les Chambres
fédérales le 18 mars s’en prend à tout le
monde, mais tout particulièrement aux plus jeunes, aux plus
âgés, aux salariés engagés sous contrats
courts, catégorie où les femmes sont
surreprésentées, et aux chômeurs de longue
durée.

Une deuxième bonne raison pour signer rapidement le
référendum populaire contre cette révision, puis
la refuser lors du scrutin du 26 septembre.
MS