Israël-Palestine: une synthèse bienvenue

Israël-Palestine: une synthèse bienvenue

Responsable d’un site de critique des médias
(www.michelcollon.info), Michel Collon (écrivain et journaliste
belge) publie un recueil d’entretiens sous un titre à
première vue étonnant :
« Israël, parlons-en ! ». En
effet, les auteur-e-s de cet ouvrage et les contributeurs – sauf
l’ex-« nouveau historien »
israélien Benny Morris, rallié à l’union
sacrée sioniste, mais ayant répondu aux questions
posées – font le point sur l’affrontement entre les
Palestiniens et l’Etat d’Israël.

« Michel Collon a interrogé 20 témoins et
spécialistes. Israéliens et Arabes, juifs et musulmans,
Européens et Américains. Chacun éclaire une
question spécifique dans un langage simple et direct. Pourquoi
parler d’Israël ? Pour tenter de mener un
débat raisonné. (…) Comment parler
d’Israël ? En laissant de côté les
préjugés et en découvrant tous les faits, les
pages d’histoire occultées », résume
ainsi l’éditeur.

    Il est rappelé que le projet de créer
un Etat juif en Palestine date d’avant le génocide des
juifs européens durant la seconde guerre mondiale :
Theodor Herzl le conçut à la fin du XIXe siècle
(1er congrès sioniste à Bâle en 1897), après
la vague antisémite suscitée en France par
l’affaire Dreyfus (un officier juif alsacien, condamné au
bagne pour espionnage au profit de l’Empire allemand, sur la base
de documents falsifiés). Il est aussi relevé que le
sionisme – minoritaire dans les communautés juives avant
la Seconde guerre mondiale – a cherché un
« parrain » (l’Empire ottoman,
l’Allemagne, la Grande-Bretagne, puis les Etats-Unis) pour
favoriser le projet d’un Etat juif en Palestine.

    Michel Collon recense les déclarations de
dirigeants sionistes prônant l’épuration ethnique en
Palestine. Il dresse une liste de 10 media-mensonges,
véhiculés par les médias dominants, tels
que : « Avant 1948, la Palestine était un
désert, une terre sans peuple », « En
1948, les Palestiniens sont partis d’eux-mêmes ou à
l’appel des dirigeants arabes »,
« L’Europe est neutre et équidistante dans le
conflit israélo-palestinien ». Or, ces opinions ont
longtemps dominé le débat en Europe (y compris à
gauche). En France, le point de vue palestinien et arabe ne fut connu
qu’avec le no 253 bis (juillet 1967) de la revue
« Les Temps modernes ». En novembre 1967,
cette revue publia le dernier texte de l’historien marxiste
polonais Isaac Deutscher, très critique envers le sionisme
qu’il qualifiait de « Prusse du
Moyen-Orient ».

    Pour revenir à l’ouvrage
coordonné par Michel Collon, il s’agit d’une
contribution utile pour la solidarité avec le peuple
palestinien, sur la base de principes universalistes sans aucune
équivoque. 

Hans-Peter Renk

Michel Collon, « 20 entretiens avec Chomsky, Sand, Gresch,
Bricmont, Hassan, Ramadan, Morris, Delmotte, Warschawski, Halevi,
Zakaria, Pappe, Sieffert, David, Aruri, Amin, Blanrue, Tilley,
Botmeh », Bruxelles, Investig’Action, 2010