La Ville de Lausanne opposée à la négociation collective des conditions d’emploi
La Ville de Lausanne opposée à la négociation collective des conditions demploi
Le 27 avril dernier, le conseil
communal (législatif) de la Ville de Lausanne devait se
prononcer sur linstauration du droit à la
négociation collective des conditions demploi du
personnel communal par les organisations syndicales et
professionnelles. Suivant lavis de la Municipalité, une
majorité de conseiller·ères communaux/ales a
clairement refusé dappliquer ce principe basique de la
liberté syndicale (45 Non contre 30 Oui et 5 abstentions).
En novembre 2005, le conseiller communal Alain Hubler (A Gauche
Toute-POP-Solidarités) avait déposé un projet de
modification du Règlement pour le personnel communal de
ladministration communale lausannoise (RPAC) afin de remplacer
la disposition actuelle prévoyant que « La
Municipalité consulte les fédération du personnel
pour toutes les questions générales intéressant
lensemble du personnel communal » par
« La Municipalité négocie avec les
représentants des syndicats et associations du personnel les
projets du règlement et des instructions
administratives ».
Quoi de plus évident que cette
proposition visant à faire appliquer la Convention concernant la
protection du droit dorganisation et les procédures de
détermination des conditions demploi dans la fonction
publique (C151) ! Adoptée en 1978 par
lOrganisation internationale du travail (OIT), elle a
été ratifiée par la Suisse le 3 mars 1981. On
aurait pu croire que dans une commune à majorité rose
rouge verte, la reconnaissance du droit à la négociation
collective des conditions demploi était acquise
davance. Cétait sans compter avec la
résistance obstinée de lexécutif lausannois
emmené par son syndic, Daniel Brélaz, qui sest
évertué à faire croire que le « droit
à la négociation » est synonyme de
« droit à la cogestion » des affaires
du personnel entre Municipalité et syndicats. A la place, la
Municipalité a proposé, en guise de contre-projet, un
droit à la consultation élargie ainsi
libellé : « La Municipalité associe
les syndicats et associations du personnel aux projets de modification
du présent règlement et de certaines instructions
administratives importantes ».
Cest ce contre-projet municipal qui a a
été adopté par une majorité du conseil
communal. Lapplication de la Convention C151 à la Ville
de Lausanne a été fortement combattue par toutes les
composantes de la droite. Pourtant, cest un gouvernement
cantonal et un Grand Conseil à majorité de droite qui ont
introduit en 2001 dans la loi sur le personnel de lEtat de Vaud
un article 13 LPers qui prévoit que le Conseil dEtat
« négocie avec ces représentants (syndicats
et association faîtières du personnel) sur les projets de
modification de la présente loi et ses règlements
dapplication (
) ». Aucun des
adversaires du droit à la négociation des conditions
demploi du personnel communal na pu expliquer pourquoi un
principe consacré par une convention internationale, de
surcroît valable pour le personnel de lEtat de Vaud, ne le
serait pas pour le personnel communal lausannois. Finalement, le droit
à la négociation collective a pu être rejeté
grâce à une majorité que la Municipalité
rose rouge verte a pu trouver auprès de la droite et de la
très grande majorité des Verts.
Pierre-Yves Oppikofer