Sommaire
Envoi d'une référence d'article par mail
N° 168 (20/05/2010). A la une: Les banques siphonnent le budget des états
p. 16
Lien direct: https://www.solidarites.ch/journal/d/article/4323
Vaud
1er Mai à Lausanne: des absents fantomatiques
Sous des prétextes variés et variables, le syndicat Unia et le PS lausannois avaient décidé de se tenir à l’écart de la manifestation du 1er Mai à Lausanne. Le nombre de manifestant(e)s étant semblable à celui des années précédentes, la fine stratégie des deux compères a connu un bide retentissant.
« 24 Heures » s’est rassasié de ces dissensions, y consacrant même sa une, un jour avant la manifestation. C’est principalement par ses articles que le Comité d’organisation du 1er Mai — autour du Comité de l’Union syndicale lausannoise, il regroupait très largement associations culturelles d’immigrés et de sans-papiers, quelques syndicats dont SUD, le SEV-tl et le SSP de la région de Lausanne, ainsi que des mouvements politiques, dont solidaritéS — a appris les motifs invoqués par les deux organisations. La sécurité n’aurait pas été garantie, les élus du PS n’auraient pas pu s’exprimer, le Comité d’organisation donnerait plus de poids aux organisations kurdes qu’au PS, et, cerise sur le gâteau, manifester un samedi serait malvenu, puisque ce jour-là, les travailleurs se reposent !
Tirer les leçons de 2009
On se souvient que l’année précédente, le cortège du 1er Mai avait été gravement perturbé par l’intervention provocatrice des Robocops de la police lausannoise, intervenus sous la responsabilité du Municipal Marc Vuilleumier (POP). Il s’agissait de faire le ménage dans la mouvance anarcho-autonome, présente sans heurts dans le cortège.Le Comité d’organisation du 1er Mai 2010 se fixa dès lors comme ligne de refuser toute ingérence, d’où qu’elle vienne, dans la conduite de la manifestation. Ni flics, ni perturbateurs, telle fut sa boussole. Le PS et Unia auraient, semble-t-il, préféré une franche collaboration avec les forces de répression.
Pour tenter de redonner une certaine authenticité aux discours clôturant traditionnellement la manifestation, le Comité décida de donner la parole à des hommes et des femmes témoignant de luttes quotidiennes. Comme la représentante du Mouvement des sans-terre bolivien (MST), Asunta Salvatierra; mais aussi comme ce représentant des travailleurs de Bobst, par ailleurs conseiller communal socialiste.
500 dans les rues, 800 à la fête !
Malgré un temps plus que maussade et grâce à la mobilisation des associations d’immigré·e·s et de sans-papiers impulsée par le Comité, 500 personnes traversèrent la ville dans une manifestation colorée et pacifique.« Action autonome », qui considérait que tout cela n’était qu’une forme de soutien (sic) au Municipal de la police avait convoqué sa propre manifestation, « tolérée », mais pas autorisée, à la place de Milan. La tolérance policière cessa à la hauteur du passage sous-voie de la Place de la Gare. La centaine de personnes présentes fut dispersée manu militari, avec quelques arrestations à la clef.
Ayant à la fois assuré une participation correcte et un déroulement sans affrontements, la manifestation « officielle » put alors se transformer en fête multiculturelle, ouverte aux rythmes du monde. Ce fut un deuxième succès, encourageant les organisateurs à « remettre ça » l’année prochaine.
Daniel Süri
Au même sujet | Des mêmes auteurs |
---|---|
Vaud | Daniel SÜRI |
En mouvement | |
Monde du travail |