1er Mai à Lausanne: des absents fantomatiques

1er Mai à Lausanne: des absents fantomatiques



Sous des prétextes
variés et variables, le syndicat Unia et le PS lausannois
avaient décidé de se tenir à l’écart
de la manifestation du 1er Mai à Lausanne. Le nombre de
manifestant(e)s étant semblable à celui des années
précédentes, la fine stratégie des deux
compères a connu un bide retentissant.

« 24 Heures » s’est rassasié de
ces dissensions, y consacrant même sa une, un jour avant la
manifestation. C’est principalement par ses articles que le
Comité d’organisation du 1er Mai — autour du
Comité de l’Union syndicale lausannoise, il regroupait
très largement associations culturelles d’immigrés
et de sans-papiers, quelques syndicats dont SUD, le SEV-tl et le SSP de
la région de Lausanne, ainsi que des mouvements politiques, dont
solidaritéS — a appris les motifs invoqués par les
deux organisations. La sécurité n’aurait pas
été garantie, les élus du PS n’auraient pas
pu s’exprimer, le Comité d’organisation donnerait
plus de poids aux organisations kurdes qu’au PS, et, cerise sur
le gâteau, manifester un samedi serait malvenu, puisque ce
jour-là, les travailleurs se reposent !

Tirer les leçons de 2009

On se souvient que l’année précédente, le
cortège du 1er Mai avait été gravement
perturbé par l’intervention provocatrice des Robocops de
la police lausannoise, intervenus sous la responsabilité du
Municipal Marc Vuilleumier (POP). Il s’agissait de faire le
ménage dans la mouvance anarcho-autonome, présente sans
heurts dans le cortège.

Le Comité d’organisation du 1er Mai 2010 se fixa
dès lors comme ligne de refuser toute ingérence,
d’où qu’elle vienne, dans la conduite de la
manifestation. Ni flics, ni perturbateurs, telle fut sa boussole. Le PS
et Unia auraient, semble-t-il, préféré une franche
collaboration avec les forces de répression.

Pour tenter de redonner une certaine authenticité aux discours
clôturant traditionnellement la manifestation, le Comité
décida de donner la parole à des hommes et des femmes
témoignant de luttes quotidiennes. Comme la représentante
du Mouvement des sans-terre bolivien (MST), Asunta Salvatierra; mais
aussi comme ce représentant des travailleurs de Bobst, par
ailleurs conseiller communal socialiste.

500 dans les rues, 800 à la fête !

Malgré un temps plus que maussade et grâce à la
mobilisation des associations d’immigré·e·s
et de sans-papiers impulsée par le Comité, 500 personnes
traversèrent la ville dans une manifestation colorée et
pacifique.

« Action autonome », qui considérait
que tout cela n’était qu’une forme de soutien (sic)
au Municipal de la police avait convoqué sa propre
manifestation, « tolérée »,
mais pas autorisée, à la place de Milan. La
tolérance policière cessa à la hauteur du passage
sous-voie de la Place de la Gare. La centaine de personnes
présentes fut dispersée manu militari, avec quelques
arrestations à la clef.

Ayant à la fois assuré une participation correcte et un
déroulement sans affrontements, la manifestation
« officielle » put alors se transformer en
fête multiculturelle, ouverte aux rythmes du monde. Ce fut un
deuxième succès, encourageant les organisateurs à
« remettre ça » l’année
prochaine.


Daniel Süri