Nouvelle grève en vue à Cointrin

Nouvelle grève en vue à Cointrin



En début de semaine, le Groupe
Trafic aérien du Syndicat des services publics (SSP) et son
secrétaire genevois Yves Mugny tenaient conférence de
presse avec une trentaine de salarié·e·s de
l’entreprise de nettoyages d’avions ISS Aviation. Celle-ci
a en effet dénoncé pour fin juin les conventions
collectives qui la liaient. Le personnel n’entend pas se laisser
faire et on va vers une nouvelle grève à
l’aéroport cet été qui appellera notre
soutien. Ci-dessous des extraits du « Baron
Noir » (spécial ISS) feuille que publie le SSP
à l’Aéroport.

Devant le Tribunal de la CRCT (Chambre des Relations Collectives de
Travail), […] ISS Aviation l’a clamé haut et fort :
« Nous ne voulons plus de CCT ! A partir du 1er
juillet de cette année, nous passerons tous nos employés
sous contrats individuels ! » Rien à faire
donc, ISS veut absolument casser les conditions de travail actuelles du
personnel.

Des salaires de ministres?

Mais de quelles conditions parle-t-on ? S’agit-il
d’employé·e·s grassement payés, qui,
par leurs salaires exorbitants, risqueraient de mettre en faillite une
entreprise petite et fragile ? Jugez plutôt : des
salaires d’engagement entre 3600 CHF et 3800 CHF. Et encore, pour
le personnel fixe. Parce que les deux-tiers des employés sont
payés à l’heure, à un tarif de 20,85 CHF,
soit l’équivalent d’un salaire mensuel à
100 % d’environ 3600 CHF. Faut-il rappeler que les
syndicats suisses viennent de réclamer un salaire minimum de 22
CHF par heure? Les employés d’ISS sont aujourd’hui
largement en dessous de ce minimum. Mais ce n’est pas encore
assez pour cet employeur, qui veut faire passer le nouveau salaire
horaire à 18,10 CHF pour les auxiliaires, et baisser
jusqu’à 3200 CHF les salaires mensuels pour les fixes!

Une entreprise milliardaire

Et pour ce qui est de l’entreprise, ISS est un leader national et
international dans son domaine. Elle compte 473 000
employé·e·s, dont plus de 10 000 seulement
en Suisse. Son chiffre d’affaires a pratiquement doublé en
moins de 5 ans, passant à plus de 13 milliards de CHF pour le
groupe. Pour ce qui est de la Suisse, les 291 millions de CHF de 2005
sont devenus 536 millions de CHF en 2009. Et on voudrait nous faire
croire qu’il faut encore casser les salaires
d’employés déjà si mal payés pour
Genève!

Le profit avant tout

Il faut dire qu’ISS n’en est pas à son coup
d’essai pour essayer de tondre son personnel. Des
exemples ? Fin 2008, l’entreprise annonce changer les
employés de caisse LPP. Sans consulter le personnel et en
violation flagrante de la Loi, ISS transfère ses
employé·e·s vers une caisse nettement moins
favorable. Il faudra l’intervention du SSP pour stopper le
processus. Autre exemple ? Durant l’été
2009, ISS coupe le paiement des pauses du personnel.
« Nous sommes dans les chiffres rouges, nous ne pouvons
pas faire autrement si nous voulons passer l’année sans
licencier ! » Le SSP intervient et demande le
chômage technique. Mais devant l’OCE (Office Cantonal de
l’Emploi), les déficits annoncés se
dégonflent aussitôt. En fait, ISS voulait simplement
toujours plus de bénéfices sur le dos des
employé·e·s !

Le personnel vote la grève

A force d’attaquer son personnel, ISS récolte le fruit de
son mépris : à une franche majorité, le
personnel vient de voter la grève. Jusqu’au 30 juin la CCT
dure encore et la paix sociale avec elle. Passé cette date les
employés pourront se mettre en grève à
n’importe quel moment avec l’appui du SSP. […]

    On doit toujours tirer parti de ses
expériences. Si les grèves de Dnata et Swissport ont
été victorieuses, elles ont souffert d’un manque
d’encadrement des autres employés de
l’aéroport. Le SSP a donc créé un groupe de
suivi pour la grève d’ISS. Des
délégués de tout l’aéroport sont
prêts à accompagner leurs collègues d’ISS
dans ce conflit annoncé. Nous ne souhaitons pas multiplier les
combats, mais quand ils sont déclarés nous voulons les
gagner. […]