La pauvreté étend ses tentacules
La pauvreté étend ses tentacules
Caritas a organisé, le 24
avril, une journée nationale pour rendre visible un fait trop
souvent oublié ou nié : les femmes et hommes
pauvres ne peuplent pas que le tiers monde : ils et elles vivent
chez nous, sont nos voisines, nos voisins. Crise financière et
économique, augmentation du chômage, réduction des
offres demploi, tout concourt aujourdhui à une
augmentation de la pauvreté. Cest dans ce contexte
alarmant que Caritas suisse sest fixé pour objectif de
réduire la pauvreté de moitié dici 2020.
La pauvreté a des causes et des visages multiples, mais elle
trouve essentiellement sa source dans labsence dun
salaire minimum garanti permettant à chaque salarié-e de
vivre normalement et dans le fait que la partie la plus
fragilisée de la population ne trouve plus demploi
correspondant à ses possibilités de travail.
Comme le rappelait la Conseillère
dEtat Gisèle Ory à loccasion de la
journée organisée par Caritas à Neuchâtel,
dans le canton 10 000 personnes doivent recourir à
laide sociale pour boucler leur fin de mois et parmi elles 1000
travaillent à plein temps (sur une population totale de
170 000 habitants). Ces chiffres sont dautant plus
inquiétants que lon sait quune partie de la
pauvreté se vit cachée, dans le refus de recourir
à laide sociale. Il y a décidément quelque
chose qui cloche.
Pour lutter contre la pauvreté, Caritas fixe plusieurs objectifs à sa campagne :
- identifier la pauvreté et la documenter;
- donner un caractère contraignant aux minimums de
laide sociale, au niveau national (demande dune loi-cadre
relative à la sécurité dexistence et
à lintégration); - encourager la création dentreprises sociales,
à linstar des épiceries et restaurants mis sur
pied par Caritas et destinés aux personnes en situation
précaire, qui sont aussi des lieux dintégration
professionnelle; - garantir laccès à une formation professionnelle pour toutes et tous.
Pour atteindre de tels objectifs, il y a fort
à faire, et nous y sommes aussi attelés. Nous avons
déposé un projet de loi en janvier 2009 (voir
ci-dessous), qui est actuellement en discussion au sein de la
commission législative du Grand Conseil neuchâtelois.
Lassistance sociale est une porte de secours
pour celles et ceux qui ne trouvent ni emploi, ni bourse
détude ou de formation, ni stage
rémunéré, mais ce nest pas une perspective
de vie réjouissante. Il y a mieux à offrir, notamment
à la jeunesse, que des subsides de survie. A lheure
où les richesses saffichent partout avec orgueil, il doit
y avoir place pour une politique solidaire de redistribution
dune partie de ces richesses dans le but
déradiquer la pauvreté.
Henri Vuilliomenet
27 janvier 2009
09.112
Projet de loi Marianne Ebel et Pascal Helle
Loi sur la promotion de la formation professionnelle et la promotion de lemploi
Le Grand Conseil de la République et Canton de Neuchâtel,sur la proposition de la commission…
décrète :
Article premier Toute
personne nayant pas ou plus droit aux prestations
fédérales de chômage ou de lassurance
invalidité, comme celle cherchant à sortir de
laide sociale ou à ne pas y entrer a droit à une
formation, ou à un stage ou un emploi
rémunérés aux conditions usuelles du marché
du travail.
Art. 2 Pour
réaliser lobjectif énoncé à
larticle premier, les collectivités publiques et les
employeurs privés versent une contribution au fonds
institué par la loi du 17 août 1999 sur le fonds pour la
formation et le perfectionnement professionnels, respectivement au
fonds institué par la loi du 10 octobre 1978 sur la promotion de
léconomie cantonale. Les modalités de la
contribution (montants, mode de calcul) sont fixées par le
Conseil dEtat.
Art. 3 Les entreprises
privées ou publiques qui mettent à disposition des places
dapprentissage, des stages ou des emplois pour des personnes
relevant dune des catégories citées à
larticle premier, bénéficient, selon des
modalités fixées par le Conseil dEtat
a) des compensations financières prévues par les fonds mentionnés à larticle 2;
b) dun encadrement, également financé par les
fonds mentionnés à larticle 2, facilitant
linsertion et la formation des personnes quelles
acceptent de former ou daider à se
réinsérer sur le marché de lemploi.
Art. 4
Lapplication du dispositif mis en place pour permettre
linsertion sur le marché de lemploi des personnes
relevant de la présente loi, est contrôlée au
travers dune commission tripartite réunissant des
représentants de lEtat, des associations patronales et
des syndicats.
Art. 5 LEtat
crée lui-même ou favorise la création par des tiers
dentreprises sociales destinées aux personnes qui ne
trouvent pas demploi sur le marché du travail ordinaire,
de manière à garantir des places adéquates en
nombre suffisant.
Art. 6 La présente loi est soumise au référendum facultatif.
Art. 7
1 Le Conseil dEtat fixe la date dentrée en vigueur de la présente loi.
2 pourvoit, sil y a lieu, à sa promulgation et à son exécution.