Plaine de l’Aire: béton ou cardons ?

Plaine de l’Aire: béton ou cardons ?

Le 19 avril s’est
constitué un comité référendaire contre le
projet de déclassement de plus de 40 hectares de terrains
agricoles entre Plan-les-Ouates et l’Aire. La coopérative
maraîchère « Le Jardin des
Charrotons » sur place, appuyée par d’autres
associations actives dans l’agriculture de proximité, par
le syndicat paysan Uniterre et le Réseau Objection de Croissance
(ROC) sont de la partie. Ce référendum cantonal
antibéton pourrait être lancé fin mai. Ci-dessous
quelques arguments élaborés par les opposants qu’on
trouve sur le site ad hoc www.plainedelaire.ch. solidaritéS se
prononcera sous peu sur son soutien au référendum.

C’est dans la plaine de l’Aire que se trouvent les sols les
plus propices au maraîchage (production de légumes) de
tout le canton. Bétonner ces terres, c’est détruire
cette richesse produite au cours des millénaires par les
alluvions de l’Aire…

Le canton de Genève prétend conduire une politique de
« développement durable ». Or, la
première des conditions de la durabilité est de se
nourrir. Actuellement, Genève est très loin de
l’autosuffisance alimentaire […] Supprimer des terres
agricoles, c’est diminuer encore la capacité de
Genève de se nourrir par elle-même…

La tradition maraîchère de Genève, bien que souvent
méconnue, est importante dans l’identité de la
région. Certains produits, comme le cardon, sont très
spécifiques et leur production est historiquement liée
à la plaine de l’Aire, seule plaine
maraîchère du canton. Supprimer ces terres, c’est
renoncer à ce patrimoine…

Actuellement, plusieurs producteurs et productrices vivent de cette
terre. Ce projet leur ferait perdre leur outil de travail. Comment les
reloger alors que les terres sont de plus en plus rares ?
Comment compenser un travail avec de l’argent ? Comment
compenser la perte de leur outil de haute qualité, par des
terres moins bonnes, moins productives, qui ne leur permettront pas de
rentrer dans leurs frais ?

L’agriculture de proximité se développe à
Genève (6 nouvelles structures créées ces quatre
dernières années) et reçoit une forte demande non
satisfaite, les listes d’attentes n’en finissent pas. Le
manque de terres agricoles proches de la ville empêche les
coopératives de se développer. Conserver ces terres
accessibles aux citadins par vélo ou par bus, permet de
répondre à cette demande croissante de participer
à des coopératives maraichères pour manger
sainement tout en payant dignement les agriculteurs.

[…] Nous n’acceptons pas n’importe quel projet au nom de
la lutte contre la crise du logement. En l’occurrence, cette loi
détruit irrémédiablement des sols d’une
valeur inestimable, alors que d’autres solutions sont
envisageables pour loger les Genevois. […]

La surface résidentielle actuelle permettrait de loger plusieurs
fois la population genevoise, et ce, dans des immeubles confortables
entourés d’espaces verts, loin des cités HLM des
années 60-70. Le potentiel de densification est donc très
important. Il se situe principalement dans les communes de la
première périphérie (Chambésy,
Grand-Saconnex, Lancy, Plan-les-Ouates, Conches, Troinex, Cologny,
Vandoeuvres) où certains résidents accaparent des
surfaces énormes sans justification. […]

Nous refusons de nous résigner à opposer logement et
agriculture : Manger et avoir un toit sont incontournable et
complémentaire. L’agriculture et le logement sont dans le
même bateau et souffrent tous deux de la politique
économique de Genève.

Nous contestons l’idée que Genève doive à
tout prix attirer de nouvelles entreprises et organisations pour
assurer son développement. Nous devons accepter le fait que nos
ressources et notre territoire sont limités et envisager de
nouvelles pistes pour assurer une vie harmonieuse ensemble.