Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la « Terre-Mère »

Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique
et les droits de la « Terre-Mère »



Cette conférence se tiendra
à Cochabamba en Bolivie du 19 au 22 avril. Ci-dessous la
déclaration de soutien du Nouveau parti anticapitaliste (NPA)
français à cette initiative.

Ce soutien est motivé notamment par les considérations suivantes :

1. A Copenhague, en décembre,
le NPA a constaté que la délégation de la Bolivie
a été à peu près la seule qui a
noué, dès le premier jour de la conférence, des
liens avec les mouvements sociaux. Cette délégation a
été l’une des seules à participer à
la fois au forum alternatif Klimaforum et à la conférence
de l’ONU. Elle a contribué, avec les mouvements sociaux et
les milliers de jeunes venus à Copenhague, à
l’organisation et au succès de la manifestation de Reclaim
Power et à la popularisation du mot d’ordre unificateur
« System change, not climate
change ! », « Changeons le
Système ! Pas le Climat ! »
.
    Le dernier jour de la conférence de
Copenhague, peu de chefs d’Etat ou de gouvernement se sont
ouvertement opposés au texte présenté par les USA,
la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Parmi ceux-ci,
il y a eu Evo Morales qui a condamné dans des termes
particulièrement fermes l’accord présenté tant sur
la forme – un texte discuté en petit comité sans
respecter le processus de travail des Nations-Unies – que sur le
fond : un texte en retrait au regard des recommandations du
GIEC, sans aucun engagement contraignant et sans garantie de
financement pour les pays les plus pauvres.


2. Le gouvernement bolivien a
lancé une invitation faite sans condition ou exclusive. Elle
s’adresse à la fois aux gouvernements qui se
reconnaitraient dans les termes de l’appel à la
conférence, aux organisations onusiennes et aux autres
institutions internationales, aux scientifiques et à
l’ensemble des mouvements sociaux et des ONGs. Le but sera de
travailler à un texte qui ferait état des points de
consensus et des questions qui resteront en débat.

    La conférence aura deux autres
objectifs : discuter la possibilité d’un
« référendum mondial » sur les
objectifs à se fixer pour lutter contre le changement de climat,
et voir s’il est envisageable de pérenniser, après
Cochabamba, un mouvement ou un réseau proprement mondial, ce
n’est pas le cas actuellement. La conférence de Cochabamba
représente l’occasion de commencer à créer
un rapport de force avant la nouvelle session de la conférence
de l’ONU en décembre au Mexique. On sait d’ores et
déjà que l’impérialisme est bien
décidé à organiser à Mexico ou à
Cancun une répression policière et militaire brutale
à côté de laquelle Copenhague aura
été une partie de plaisir.

3. Ce sont les peuples indiens des
Andes et de l’Amazonie qui, à cette étape, ont
lié le plus étroitement la question climatique et la
question sociale, entendue comme question touchant les conditions de
reproduction sociale des peuples comme des classes sociales. Depuis une
dizaine d’année, ils ont redonné à la lutte
anti-impérialiste et à la question nationale un vrai
contenu social. Les organisations paysannes de l’Altiplano ont
contribué, aux côtés du Mouvement des Sans Terre
(MST) brésilien, à donner une force particulière
à la coalition Via Campesina en Amérique latine. La
présence à Cochabamba de ces organisations comme
d’un nombre important de mouvements représentatifs des
combats contre les compagnies pétrolières et les
sociétés minières en Bolivie, au Pérou et
en Equateur, sera une garantie du contenu anti-impérialiste de
la conférence qui est convoquée. Le NPA y attache une
valeur particulière.

4. Le NPA souligne la portée du
choix de tenir la conférence à Cochabamba. C’est
là qu’il y a eu, en 2000, un très important
mouvement social victorieux contre le groupe industriel-financier
étatsunien Bechtel sur la question de la privatisation de
l’eau. La victoire a été arrachée par un
front très large de syndicats, de comités de quartiers et
d’associations réunies au sein de La coordinadora del agua
et de la vida. Cette lutte a servi d’exemple aux combats sur la
question de l’eau dans de grandes villes du Pérou comme en
Bolivie, notamment à El Alto contre la filiale de Lyonnaise des
Eaux-Suez. C’est donc dans une ville symbole de la lutte
anti-impérialiste et d’un vaste mouvement social
contrôlé par celles et ceux qui l’ont mené
que nous nous réunirons en avril.


A Cochabamba, le NPA défendra les positions suivantes :

• Pour un accord international sur le climat contraignant, qui
oblige les grands pays industrialisés – les grands
responsables du réchauffement global – de réduire
d’au moins 40 % leurs émissions de gaz à
effet de serre d’ici 2020. Cette décision aurait un effet
d’entrainement sur l’ensemble des économies de la
planète. A partir d’une telle décision, les grands
pays émergents (Chine, Brésile, Inde, etc.) pourront
à leur tour s’engager dans des politiques de
réduction massive de leurs émissions de gaz à
effet de serre.

• Pour la création d’un fond international
d’aide aux pays victimes de la crise climatique et qui permettent
aux pays en développement d’accéder plus facilement
à des technologies économes en carbone, dont les fonds
seront abondés par les pays les plus riches et la gestion
confiée aux pays concernés.

• La taxation des profits des grandes multinationales, et en
premier lieu les plus polluantes, ainsi que celle des transactions
financières permettront des budgets suffisamment importants pour
ce fonds.

• Contre la privatisation et marchandisation des biens
communs : l’eau, la terre, les forêts, les
rivières, les ressources naturelles doivent être
arrachés aux griffes des multinationales et des profiteurs
capitalistes. Elles appartiennent aux peuples, qui seuls pourront les
gérer dans le respect de la nature et des équilibres
écologiques.

• Pour l’expropriation et la nationalisation des grandes
compagnies productrices d’énergie – pétrole,
charbon, etc. – pour soumettre au contrôle public la
réduction des leurs activités émettrices de gaz
à effet de serre, et pour que leurs profits servent au
développement des énergies alternatives.

Nous faisons l’analyse que le capitalisme est le grand
responsable de la catastrophe écologique qui nous menace. Pour
préparer une rupture coordonnée avec ce système,
nous proposons de travailler ensemble à la convergence des
luttes écologiques, des luttes sociales et des luttes
anti-impérialistes.

    Les luttes pour la justice cli­ma­tique
doivent dessiner les alternatives au ca­pi­ta­lisme et au
productivisme pour conduire à un autre modèle de
civilisation, à des révolutions profondes de nos modes de
pro­duction et de consommation. Ce socialisme écologiste,
cette nouvelle société, solidaire et capable de vivre en
harmonie avec la nature, sont les sources d’un projet
d’émancipation humaine pour le XXIe siècle.