Rhino comment faire payer encore et encore les ex-habitants

Rhino comment faire payer encore et encore les ex-habitants

Les actions en justice pleuvent sur l’Etat et les ex-habitants de
Rhino, malgré un nouveau désaveu des méthodes
sauvages d’évacuation du procureur Zappelli. Dans son
jugement de février 2010, qui concerne le squat des Tulipiers,
le Tribunal de police stipule que la voie civile est la seule
légale pour obtenir une évacuation et a ainsi
acquitté 4 ex-habitants des charges de violation de domicile.
Entretien avec Maurice, ancien habitant de Rhino.

Plus de deux ans après l’évacuation de Rhino, où en est la situation judiciaire ?

Les propriétaires ont initié deux actions en justice. La
première en 2008, apparemment prioritaire pour eux, demandant
une indemnité aux SI et à l’Etat pour expropriation
illégale, car l’Etat n’aurait, selon eux, pas
respecté l’ordre d’évacuation du procureur en
1991. La seconde, touchant les mêmes instances et 5
ex-habitant·e·s, concerne une demande de paiement pour
occupation illicite, d’un montant supérieur à 22
millions de Frs. Les propriétaires ont suspendu la
procédure, en attendant l’aboutissement de la
première action. Par crainte que nous leur opposions, pour notre
défense, le délai de prescription pour les délits
reprochés. Pour contrer cela, ils nous ont proposé de
signer un document nous engageant à ne pas faire valoir cette
prescription, ce qu’une seule personne a accepté, les 4
autres ont alors reçu le commandement de payer, restant en
vigueur jusqu’à la décision d’une instance
judiciaire.

Et le profil des habitant·e·s actuels de feu Rhino ?

Selon nos observations, nous sommes très loin des familles dans
le besoin à qui étaient destinés ces logements
rénovés. L’argument du logement populaire pour
déloger les anciens habitant·e·s et obtenir la
sympathie de la population se révèle être de la
fumisterie.

Quelles sont les conséquences pour les ex-habitant·e·s ?

En pratique, il nous est désormais impossible d’obtenir
une attestation de non-poursuite, comme pour un bail à loyer,
situation cocasse quand on voit comme le squat est, par ailleurs,
criminalisé.

Dernièrement, il y a quand même eu
l’inauguration de plus de 120 logements pour des
étudiant·e·s au Carlton. Comment vois-tu cet
événement ?

Le Carlton montre que les occupations servent à faire du
logement, ça n’a été possible que parce
qu’il s’agissait d’une casserole de la BCGe, donc un
lieu considéré comme un bien quasi public.
L’occupation, suivie d’une victoire en votation suite
à un référendum, a permis cette affectation.

Ce n’est malheureusement pas le cas avec le California ?

En effet, pour le California, appartenant à la
société Rosebud heritage (anciennement Richemond SA, dont
le vice-président, jusqu’en 2004, était un certain
Me Fontanet), les travaux n’ont pas commencé,
malgré les accords signés et les promesses
réitérées depuis août 2004 notamment par
Mark Muller, conseiller d’Etat en charge du dossier. Cela montre
la duplicité du personnage qui œuvre à
d’autres intérêts qu’aux besoins de la
population, pourtant criants en matière de logements.

Propos recueillis par la rédaction