Nucléaire EPR-RIP ? Une technologie explosive démasquée

Nucléaire EPR-RIP ? Une technologie explosive démasquée

Ce 8 mars, Sarkozy inaugurait à Paris une
« Conférence internationale sur
l’accès au nucléaire civil » comme
contribution à la prétendue
« Renaissance » atomique internationale. Dans
sa péroraison introductive Sarko y exaltait « la
foi dans la science et la foi dans la technique » comme
conditions de relance du nucléaire. Et c’est bien une foi
aveugle qu’il faut, pour croire à l’avenir de
l’EPR, nouveau et très contesté réacteur de
la filière française…

Retards massifs – de plusieurs années – sur les chantiers
en cours à Flamanville en France et en Finlande… Hausses
colossales – de plusieurs milliards – des coûts de
construction… Graves réserves des autorités de
sûreté nucléaire française, finlandaise et
britannique, émises l’an dernier et portant sur
l’adéquation des systèmes de sûreté et
leur indépendance insuffisante des systèmes de
contrôle… Perte d’un gros contrat aux
Emirats… L’EPR est mal en point, à la veille de
l’ouverture le 24 mars du «débat public»
officiel sur le deuxième EPR, dont Sarko a annoncé la
construction à Penly en Seine-Maritime par une
société intégrant GDF-Suez et Total.

    Un élément de plus a pourtant
été apporté au dossier à charge, par le
réseau français Sortir du nucléaire qui tenait
conférence de presse à ce sujet le 8 mars, sous bonne
garde policière soit dit en passant. Ce dernier y a rendu public
une série de documents confidentiels, émanant d’une
source interne à EDF, et dont EDF a admis au passage
l’authenticité tout en cherchant à en banaliser le
contenu. Ces pièces expliquent que la conception même de
l’EPR inclut un risque d’accident majeur qui a
été pris consciemment pour des motifs économiques.

S’adapter au marché

En effet, certains « modes de pilotage » du
réacteur pourraient conduire à l’explosion de
celui-ci suite à un accident dit
d’« éjection de grappe ». Les
«grappes» de commande en question servent à
contrôler la puissance du réacteur ; elles
constituent « à la fois
l’accélérateur et le frein ».
L’éjection de grappe « peut se comparer au
blocage de l’accélérateur. A fond »
comme l’indique l’un des documents en question.

Le mode de pilotage nouveau de l’EPR mis en cause, dit de
« Retour instantané en puissance »
(RIP), vise à atteindre un seuil de rentabilité
économique en permettant l’adaptation rapide de  la
puissance du réacteur à la demande électrique,
plutôt que de cantonner celui-ci à l’alimentation en
courant « en ruban » sans variation de
débit… mais sans prime correspondante en termes de prix
de vente de l’électricité.

Or, sans ce mode de pilotage «révolutionnaire»
l’espoir pour l’EPR d’atteindre une
rentabilité hypothétique semble fort
éloigné. Au contraire, avec ce
« plus » mortel, l’EPR pourra
peut-être s’amortir, mais au prix d’un risque
d’accident catastrophique, qui entraînerait la destruction
de l’enceinte de confinement et la dispersion massive de
radionucléides dans l’atmosphère.

Tromperie totale

Ainsi, l’essentiel des «arguments de vente»
déployés en faveur de l’EPR: puissance, rendement,
diminution des déchets et surtout sûreté accrue
s’avèrent faux! Loin de s’éloigner le risque
d’un nouveau Tchernobyl croît chaque jour : il
augmente avec l’exploitation
« illimitée » dans la durée
d’anciens réacteurs, comme celui de Mühleberg
à BE… mais aussi avec une prétendue
« nouvelle génération » de
chaudières à plutonium dans lesquels les
impératifs «de marché», de rendement et de
profit conditionnent des choix techniques irresponsables. Raison de
plus pour participer aux manifestations antinucléaires
prochaines aux alentours du 26 avril anniversaire de Tchernobyl !

Pierre Vanek