Après la Grèce, le reste de l’Europe ?

Après la Grèce, le reste de l’Europe ?

Baisses des salaires des
fonctionnaires, élévation de deux ans de l’âge de la retraite (de 61,5
à 63,5 ans en moyenne), réduction des dépenses sociales et hausses de
la TVA, voilà ce que la Grèce du socialiste Papandréou s’apprête à
imposer à la population pour réduire la dette publique (300 milliards
d’euros) et le déficit budgétaire de cette année (de 12,7 % à 8,7 % du
PNB). Le chômage officiel, qui atteignait déjà un record de 10,6 % en
novembre, est ainsi assuré d’exploser. Pourtant, la Commission
Européenne, le FMI et les marchés financiers, jugent que ce n’est pas
encore assez: les taux d’intérêts imposés à la Grèce ne cessent ainsi
de grimper.

    Contre ce train de mesures, les syndicats
appelaient à la grève générale, mercredi 24 février dernier. Un succès,
sans aucun doute, avec la paralysie des transports, des services
publics, mais aussi du bâtiment et de certaines industries, même si la
précarité extrême de l’emploi a dissuadé une bonne partie des
salarié·e·s des PME de rejoindre le mouvement. Avec 50 000
manifestant·e·s à Athènes, 5000 à 10 000 à Thessalonique, 1500 à
Heraklion, la mobilisation de rue a été massive, avec de durs
affrontements contre la police.

Il en faudra cependant
beaucoup plus pour faire reculer le gouvernement grec, en dépit de ses
appels rhétoriques à l’Allemagne pour qu’elle rembourse les réserves
d’or pillées à la banque centrale pendant l’occupation nazie… Surtout
que la droite et les médias dominants ne cessent de répéter qu’aucun
sacrifice ne doit être épargné pour sauver le pays…

    Dimanche
28 février, le commissaire européen aux affaires économiques, Olli
Rehn, s’est rendu à Athènes, où il a déclaré : « Je demande au
gouvernement grec d’annoncer de nouvelles mesures dans les jours à
venir », injonction à laquelle le Ministre des finances, Georges
Papaconstantinou, a immédiatement souscrit. Lundi 29, Olivier
Blanchard, expert du FMI, confiait aussi à La Reppublica, que
l’assainissement des comptes publics serait « extrêmement douloureux »
dans plusieurs pays européens et que des sacrifices salariaux seraient
indispensables… Ces efforts devront être envisagés sur 10 à 20 ans,
a-t-il ajouté !

    Voilà le prix que les dominants voudraient
faire payer à l’ensemble des populations, pour le sauvetage – à coups
de centaines de milliards – de leurs banques et de leurs secteurs
industriels stratégiques. Et ce n’est qu’un début, raison pour
laquelle, au-delà des confrontations nationales, il est indispensable
de préparer aussi des ripostes à l’échelle européenne.

Jean Batou