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N° 164 (05/03/2010). A la une: Ils ciblent l'IVG et l'assurance maladie. Passons à la contre-offensive!
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Lien direct: https://www.solidarites.ch/journal/d/article/4240
Libre opinion
Courrier des lecteur·trice·s
Les deux articles contradictoires publiés dans les numéros 162 et 163 de notre journal sur la trajectoire d’Emilie Gourd, la militante féministe genevoise de la première moitié du 20e siècle qui fonda « Le Mouvement féministe » (une rue et un collège secondaire portent son nom), ont suscité des réactions opposées de deux lectrices. Nous les publions sans commentaires. (JB)Questionner les positions d’Emilie Gourd : une démarche indispensable…
Ces quelques lignes pour saluer le contrepoint nécessaire de Stéfanie Prezioso à l’article d’Anna Spillmann au sujet d’Emilie Gourd, car si je peux partager jusqu’à un certain point l’admiration que cette brillante intellectuelle et femme de terrain de la deuxième génération de féministes helvétiques suscite chez Anna Spillmann, je reconnais que le manque de perspective critique m’inquiète fortement. D’autant plus qu’au lieu d’informer, comme le souhaiterait l’auteure qui prétend que l’engagement social d’Emilie Gourd est méconnu, l’article me semble davantage occulter les éléments qui nous permettraient aujourd’hui de mieux saisir les contours de cette trajectoire féministe du tournant du 20e siècle.En ce sens la riposte de Stéfanie Prezioso me paraît très convaincante, puisqu’elle ne se limite pas à l’énumération de faits mais questionne, différencie, problématise, pointe les enjeux majeurs, appelle à la vigilance et nous invite à réfléchir pour mieux prendre position. Posture intellectuelle et militante qu’Emilie Gourd n’aurait d’ailleurs probablement pas reniée !
Fiorella Castanotto,
réalisatrice
Emilie Gourd était-elle raciste ?
(…) C’est tout à fait possible qu’Emilie Gourd ait énoncé des opinions racistes au début du 20e siècle. Anna Spillmann ne les a pas rapportées d’ailleurs.Stéfanie Prezioso oublie la dimension historique. Au début du 20e siècle pratiquement tout le monde était raciste – d’après les critères actuels du 21e siècle. Le catalogue des critères du racisme, il fallait le développer au long du 20e s. Il fallait qu’Albert Memmi, par ex., écrive ses livres sur le colonialisme et le racisme. Son Portrait du colonisé a paru dans les années 50 – toujours une lecture à recommander.
J’ai l’impression que les idées et les critiques de Stéfanie Prezioso sont celles d’une gauchiste qui n’a pas vécu le mouvement des femmes dans les années 1970–90 en Suisse et ailleurs. Elle ne connaît pas le féminisme depuis l’intérieur. Autrement, elle saurait que le mouvement des femmes a laissé derrière soi les catégories de la gauche et de la droite. Ces catégories ne sont pas vraiment applicables aux besoins des femmes. Ces catégories sont des idées patriarcales, des idées politiques développées pour une société patriarcale au début du 19e siècle, dans la Révolution française. Les femmes en ont été écartées – voir Olympe de Gouges, qui a dû payer ses idées égalitaires sur l’échafaud...
Si tel n’était pas le cas il ne serait pas possible que sur certains problèmes, les féministes progressives et les femmes bourgeoises arrivent facilement à coopérer... comme par ex. pour l’assurance maternité.
Barbara J. Speck,
enseignante retraitée
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