Libération immédiate de Murad Akincilar !

Libération immédiate de Murad Akincilar !



Murad Akincilar, syndicaliste
UNIA-Genève, a été arrêté le 30
septembre 2009 à quelques mètres de la maison de ses
parents, à Istanbul. Cinq mois plus tard, il est toujours en
détention dans la prison de haute sécurité du type
F située à Edirne, à 220 km d’Istanbul,
proche de la frontière avec la Bulgarie. Deux membres du
Comité de soutien ont pu le visiter récemment. Nous
reproduisons leur rapport…

Le 26 février 2010, nous avons pu visiter Murad Akincilar,
accompagnés de son épouse Eylem Akincilar. Il est
détenu dans la prison de haute sécurité du type F
à Edirne. Après de multiples fouilles et contrôles
méticuleux, qui ne peuvent qu’être ressentis comme
humiliants (surtout par les membres de sa famille), nous avons pu
parler à Murad pendant près d’une heure. Nous
étions séparés par des barreaux et deux vitres.
L’entretien s’est déroulé par
téléphone ce qui ne permettait pas aux trois visiteurs
d’échanger simultanément.

    Murad garde l’espoir de pouvoir recouvrer la
liberté au plus tard après la première audience de
son procès qui se déroulera le 3 juin 2010. Une
première demande de son avocat de remise en liberté
provisoire a été refusée récemment. Il
adresse ses salutations à toutes les personnes qui le
connaissent et les remercie de leur soutien. Il salue tout
spécialement les efforts du groupe de soutien, efforts
jugés considérables et qui lui permettent
d’être optimiste et de survivre à son isolement.

    Nous tenons ici à préciser que notre
visite n’aurait pas pu être réalisée sans le
soutien actif de plusieurs personnes qui y ont contribué. Nous
aimerions relever l’action très positive de
l’Ambassadeur suisse à Ankara, Monsieur Raimund Kunz et de
son suppléant, Monsieur Aldo de Luca. Leurs interventions
auprès des autorités compétentes turques ont
été déterminantes pour permettre cette visite de
représentant·e·s du comité de soutien. Nous
aimerions également relever le courage de l’épouse
de Murad, Eylem Akincilar, et son infatigable activité en faveur
de sa libération.

Cette visite nous amène à relever les trois points suivants :

1. Nous estimons que Murad Akincilar est emprisonné sans aucun
motif, l’acte d’accusation dont il a enfin pu prendre
connaissance est vide. Le gouvernement en place (AKP) a lancé
une vaste campagne d’arrestations dans divers milieux à
des fins d’intimidation. Des milliers de personnes se sont fait
emprisonner ces dernières années. Parfois elles ont
été relâchées après quelques mois ou
années, car aucune condamnation ne pouvait se justifier.
D’autres subissent un emprisonnement prolongé faute de
moyens à disposition pour se défendre. Le système
judiciaire turc est manifestement arbitraire et l’Etat de droit
est mis à mal.

2. Murad Akincilar n’a de relations qu’avec son unique
compagnon de cellule et ne peut sortir qu’une fois par jour dans
une étroite cour bétonnée (4 murs et un grillage
pour plafond). Les visites sont très restreintes. Cet isolement
est dommageable pour sa santé et ce régime de
détention doit être supprimé. 

3. Peu après son arrestation, à fin septembre 2009, et
après quatre jours d’interrogatoires intensifs combinant
privation de sommeil et soumission à un éclairage
très puissant, Murad Akincilar a subi un double
décollement de la rétine. L’intervention
chirurgicale est intervenue trop tardivement et ses yeux n’ont
pas recouvré, même approximativement, la capacité
nécessaire à la lecture. Des soins extérieurs sont
nécessaires afin qu’il puisse recouvrer la vue, exigence
indispensable pour la lecture et assurer sa défense. Par
conséquent, nous demandons la libération immédiate
et inconditionnelle de Murad Akincilar, syndicaliste et militant des
droits humains. 

Au nom du comité de soutien : Philippe Sauvin et Valérie Buchs,

syndicalistes

Genève, le 1er mars 2010