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N° 163 (21/02/2010). A la une: Pour lutter contre la fraude des riches et l'argent sale: supprimons le secret bancaire!
p. 14
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Genève
Conseil d’état contre chômeurs: signons la pétition syndicale pour les 120 jours…
A l’appel de la CGAS a eu lieu le 10 février, devant l’Office cantonal de l’emploi, un rassemblement de protestation des syndicats genevois, soutenus par solidaritéS, pour dénoncer la politique du Conseil d’Etat en matière d’emploi et de chômage.
Une politique, portée en particulier par le Conseiller d’Etat radical François Longchamp, qui se traduit par une lutte contre les chômeurs·euses plutôt que contre le chômage. Il s’agissait en particulier lors de cette action de lancer une pétition demandant au gouvernement genevois de revenir sur son refus scandaleux de demander à la Confédération l’allongement de 120 jours de la durée d’indemnisation pour les chômeurs·euses de longue durée, droit que les cantons de Neuchâtel, Vaud et Jura ont tous demandé et obtenu.
Crise sociale aigue
Or la situation est plus dramatique encore à Genève. Depuis le 8 février, les nouveaux chiffres du chômage y sont connus : sans surprise, c’est un nouveau record qui a été franchi, avec 7,3 % de chômeurs·euses dans le canton. N’en déplaise à ceux qui proclament la fin de la crise financière, on est aujourd’hui face à une véritable crise sociale : Plus de 22 000 personnes sont actuellement en recherche d’emploi à Genève, auxquels risquent de s’ajouter sous peu les 3000 travailleurs·euses se trouvant actuellement en chômage technique. Sans oublier les 5000 chômeurs·euses frontaliers « exportés » en France voisine.Mais Genève ne constitue pas uniquement la lanterne rouge en Suisse en termes de nombre de chômeurs·euses. C’est là que la période de chômage est la plus longue, avec en moyenne 282 jours comparés à 205 pour le reste du pays. Ainsi, Genève comptabilise chaque mois environ 400 chômeurs·euses arrivant en fin de droit. « Le refus du Conseil d’Etat de demander l’augmentation de 120 jours des indemnités journalières est simplement scandaleux », notait donc Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia et vice-président de la CGAS, lors du rassemblement.
Bataille fédérale en vue
Ce refus est d’autant plus inacceptable qu’il s’agit d’un droit pour les chômeurs·euses menacé par la 4e révision de la Loi fédérale sur le chômage (LACI). Le Conseil fédéral voudrait en effet par ce biais « économiser » 30 millions par an sur le dos des chômeurs·euses. Mais ce n’est pas tout : « La droite au parlement prépare un démantèlement sans précédent de l’Assurance chômage », a expliqué Bernard Remion du syndicat Comedia, l’ensemble des mesures actuellement en discussion au Chambres fédérales prévoyant des suppressions de prestations à hauteur de 786 millions par an, dont des coupes drastiques pour les jeunes chômeurs·euses en réduisant à 90 jours les indemnités journalières pour les jeunes à la sortie de l’école.L’obstination de François Longchamp et du Conseil d’Etat à refuser la prolongation nécessaire de l’indemnisation des chômeurs·euses genevois, apparaît donc comme un soutien à la politique fédérale contre les chômeurs·euses… comme la pétition syndicale et la campagne de récolte de signatures en faveur de celle-ci – qui se terminera par un rendez-vous de dépôt le 18 mars à 17 h à la Treillle – est l’occasion aussi d’un « tour de chauffe » en vue de la récolte de signatures à l’appui du référendum fédéral imminent contre la nouvelle LACI.
Longchamp charlatan…
Mais dans son communiqué de presse diffusé début février, le Conseil d’Etat genevois légitime son refus de demander la prolongation des indemnités journalières par la mise en place de « puissants instruments de réinsertion ». Une imposture grotesque ! En effet, le bilan de la politique genevoise contre le chômage et de la nouvelle loi cantonale – soutenue par la droite et les Verts – contre laquelle nous avions impulsé un référendum en 2007, est éclairant à ce propos :Sur les quelques 5000 chômeurs-euses arrivés en fin de droit en 2009, 700 seulement ont bénéficié des mesures telles que l’allocation de retour en emploi et des « emplois de solidarité ». 500 chômeurs·euses se trouvent actuellement en « emploi-formation » contre environ 2000 anciens « emplois temporaires cantonaux » (ETC) qui ont été supprimés. Et parmi les 324 bénéficiaires des « emplois de solidarité », dont les deux-tiers touchent 3000 fr. par mois pour un emploi à plein temps, sans respect des conventions collectives, sept personnes uniquement ont retrouvé un emploi en 2009 !
« La politique cantonale de chômage est l’antichambre de la pauvreté », a donc commenté Manuela Cattani du syndicat SIT, alors que le placement en emploi formation dans les services publics ou institutions subventionnées visent en première ligne à substituer des vrais emplois par de la main d’œuvre à bon marché. Résultat : l’Hospice général prévoit pour 2010 une augmentation des demandes d’assistance de 18 % !
Lutter contre le chômage
Au lendemain du rassemblement syndical, le Conseiller d’Etat Longchamp se voyait infliger un premier désaveu bienvenu. En effet, une majorité du Grand Conseil lui a renvoyé ce jour là une résolution, appuyée par le PS, les Verts et le MCG, allant dans le sens de la pétition syndicale et lui demandant de solliciter les 120 jours d’indemnisation prolongée.Mais la pétition reste évidemment à l’ordre du jour. En effet, la résolution n’ayant pas de caractère contraignant Longchamp trouve encore moyen de faire obstruction en affirmant par exemple sa volonté de faire une demande à Berne en « limitant » la prolongation à certaines catégories de chômeurs·euses… Par ailleurs, la montée en puissance d’une mobilisation syndicale et sociale sur ce thème est évidemment plus que jamais à l’ordre du jour, car il faudrait non seulement réussir à bloquer les mesures « contre les chômeurs », mais à en impulser de réelles « contre le chômage », soit à défendre un réel programme « pour l’emploi » comportant la création d’emplois d’utilité publique et écologique dans les domaines sociaux et environnementaux où les besoins sont criants !
Pierre Vanek
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