La culture alternative s’invite en fanfare à Artamis

La culture alternative s’invite en fanfare à Artamis



L’Union des Espaces Culturels
Autogérés (UECA) a déposé le 8
février dernier une pétition munie de plus de 8600
signatures pour demander la création d’un espace
consacré à la culture alternative sous le nouvel
écoquartier (« Carré Vert »)
qui doit émerger sur les ruines du site d’Artamis.

La démarche pétitionnaire – soutenue par
solidaritéS – vise à remettre de la participation
citoyenne dans un projet qui a vu l’un de ses principaux acteurs
initiaux (« Pour Que Pousse Coquelicot ») se
retirer des négociations, contrarié notamment par
l’absence de processus véritablement participatif, au
mépris d’ailleurs d’un des principes essentiels des
écoquartiers.

    La pétition de l’UECA demande qu’une salle de
concerts de 200 à 500 places soit prévue et que la
gestion en soit confiée à une association à but
non-lucratif. La place ne manque pas, puisqu’une salle de 500 m2
représenterait à peine 3 % de l’espace
déjà prévu en sous-sol pour un dépôt
d’art municipal et un grand parking… dont on peut au passage
questionner la pertinence sous un éco-(sic !)-quartier
devant lequel s’arrêtera un joli tram.
  
 Rappelons encore que Genève a vécu une
véritable hémorragie de ses espaces culturels alternatifs
ouverts au public ces dernières années. En 2008, la
destruction du site d’Artamis a conduit à la fermeture du
Shark, du K-Bar, du Piment Rouge ou encore de l’Etage.
Aujourd’hui, ces espaces publics n’ont toujours pas
trouvé de nouveau lieu, et la problématique du manque
d’espaces non commerciaux de représentation et de
diffusion d’activités musicales exige que des solutions
soient trouvées rapidement. La situation de cette salle en
pleine ville, à proximité d’un autre lieu de culture
vivante, serait idéale pour voir renaître un semblant
d’activité à Kalvingrad.

    La remise des signatures s’est
déroulée en fanfare avec l’appui sonore des Legroup qui
ont surgi brusquement en pleine conférence de presse pour la
remise du prix au lauréat du concours d’architecture. Une
salutaire intrusion de la culture alternative dans le ronron
urbanistique genevois qui tend plus naturellement à faire de la
place aux voitures plutôt qu’à la culture
autogérée. À croire que cette dernière ne
fait pas assez de bruit! On compte bien sur l’UECA pour continuer
à y remédier.

Thibault Schneeberger