Petit cachottier, va !
Petit cachottier, va !
Alors, voilà, Didier Fleck a quitté Entreprise romande,
après quarante-huit ans de rédaction, dont vingt-six
comme rédacteur-en chef. La perte dune plume aussi
prestigieuse vous indiffère ? Vous avez tort. Car Didier
Fleck est un journaliste dinvestigation hors pair,
maîtrisant le suspense comme nul autre. Cest dans le
dernier paragraphe de son dernier éditorial quil nous
livre enfin la clef du mystère :
« Quarante-huit ans à se faire plaisir tous les
jours, sans pression autre que celle quon se met soi-même
pour le bouclage, sans jamais craindre pour son emploi.
Bonheur. » Près dun demi-siècle de
propagande patronale pour reconnaître la valeur de la
sécurité de lemploi : cétait
vraiment le moment quil sen aille
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Sociologie divinatoire
Thomas Held est aussi un personnage considérable du monde
patronal. Après avoir joué au gendarme et au voleur avec
les forces de lordre lors des émeutes du Globus à
Zurich, en 68, il sest rangé des voitures, a fini sa
sociologie puis est rentré dans le rang. Dans le rang des
gagneurs. Aujourdhui directeur dAvenir Suisse, le
laboratoire didées du patronat suisse, il commente ainsi
lenquête annuelle « Identité
suisse », baromètre des préoccupations des
Suisses réalisé par le Credit Suisse en 2009 :
« A noter aussi que lon na pas
observé les réflexes classiques en période de
crise : ni létranger soit lUE ou la
mondialisation ni les étrangers nont
été rendus responsables des
problèmes. » Une prescience largement
confirmée par la votation du 29 novembre !
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De lutilité de lengagement social
Vous laurez peut-être remarqué, mais, sans que
lon ne sache trop pourquoi, les banques semblent souffrir
dun déficit dimage dans le public. Conjointement,
les actions philanthropiques des gnomes de Zurich et ailleurs ne
cessent de se multiplier. Un lien entre les deux ?
Evidemment : « La crise financière a
toutefois ébranlé la confiance accordée à
léconomie mondialisée et, en particulier, au
secteur financier. Dans ce contexte, il faut donc sinterroger
sur la façon dont les entreprises comprennent leur engagement
social et comment elles doivent lexercer pour quil soit
crédible ». Réponse : moins de
bling-bling, plus de social et dutilité publique. Finaud,
non ? Cest en tout cas ce que pense Fritz Gutbrodt,
directeur du Fonds de jubilé de la Credit Suisse Foundation.
Avec son nom, osera-t-on ajouter quil juge cela bon comme du bon
pain ?
Daniel Süri