Chômage : comment stopper l’ascenseur ?

Chômage : comment stopper l’ascenseur ?

Inexorablement le chômage
augmente. Il est passé en Suisse à 4.4 %
(172 740 chômeurs, 234 359 demandeurs
d’emplois1). Le canton de Neuchâtel a rejoint le canton de
Genève pour atteindre le plus haut taux de chômage


des cantons suisses avec 7.2 % de chômeurs.

C’est tout l’arc jurassien, industriel, avec ses usines
tournées vers le marché mondial, qui est le plus
frappé. Tous les pronostics, sans exception, annoncent une
augmentation du chômage pour 2010.

A la lecture des statistiques du canton de Neuchâtel, on peut faire plusieurs constatations :

  • Le plus fort taux de chômage se retrouve dans les
    villes : 9.9 % à Chaux-de-Fonds, 9 % au
    Locle, 7.9 % à Neuchâtel (9,1 % à
    Peseux, banlieue de Neuchâtel). C’est là que se
    concentrent les populations les plus fragiles, celles qui sont les
    premières licenciées.
  • Le haut du canton, très porté vers
    l’industrie horlogère et mécanique est le plus
    touché.
  • C’est la tranche d’âge des 20-29 ans qui
    fournit le plus gros lot de chômeuses·eurs. C’est
    toute la difficulté de trouver un premier emploi stable (un
    vrai, pas un stage ou un poste temporaire) qui s’exprime
    là. Cela n’enlève rien aux difficultés des
    plus de 50 ans que les patrons ne veulent plus, car trop
    âgés.
  • Le chômage de longue durée (plus d’un an) a
    augmenté fortement depuis début 2009, avec une
    accélération en fin d’année. Les
    premiers·ères licencié·e·s de la
    crise déclenchée en automne 2008 approchent de la fin du
    droit aux indemnités de l’assurance chômage.
  • Les statistiques ne nous donnent pas le nombre de
    chômeuses·eurs qui retrouvent un emploi. Le nombre de
    celles·ceux qui sortent de l’assurance chômage est
    stable (4 à 500 par mois) mais on ne connaît pas la
    proportion de celles et ceux qui retrouvent un emploi ou au contraire
    rejoignent le nombre croissant des
    « fins-de-droits » qui doivent
    s’adresser à l’aide sociale ou se débrouiller
    avec leur famille.

Les politiques de la Confédération et du canton vont aggraver la situation du monde du travail

Les conseillers nationaux libéraux-radicaux et UDC ont mis la
pression à la session de décembre du Conseil national
pour réduire drastiquement les prestations de
l’assurance-chômage. Réduire la durée
d’indemnisation pour les moins de trente ans diminuera certes le
nombre de chômeuses et de chômeurs dans les statistiques
mais les renverra assurément à l’aide sociale et ne
créera aucun emploi. Le but est-il d’embellir les
statistiques ou de garantir un emploi à chacun·e?
L’utilité de l’assurance chômage, c’est
certes de toucher des indemnités, mais c’est aussi de
permettre aux travailleuses·eurs de rester liés au monde
du travail, attachés à la recherche d’un emploi.
Passer à l’aide sociale, c’est être «mis
à l’écart» et réduit fortement les
possibilités de retrouver un emploi.
    Le programme de législature
présenté par le Conseil d’Etat pour la
période 2010-2015 qui prévoit des coupes dans tous les
domaines (formation, social, santé… ), conduira
inévitablement lui aussi à des réductions de
places de travail, donc à une augmentation du chômage.
Même job service, antenne de soutien des jeunes à la
recherche d’un emploi, est menacé. Et ce n’est pas
le projet de liaison rapide par métro entre haut et bas du
canton qui permettra aux travailleuses·eurs de l’industrie
de retrouver un emploi.

Remettre sur les rails l’intégration professionnelle

Un projet d’intégration professionnelle des jeunes
à l’aide sociale avait longuement occupé les
député·e·s avant le déclenchement de
la crise. Les résultats en avaient été bien
maigres. La lutte pour le droit à l’emploi est certes
nationale et internationale. Elle va de la diminution du temps de
travail, la revalorisation des salaires, à
l’investissement dans les énergies renouvelables, les
transports publics, le durable.

    Mais au plan local, il ne s’agit pas de rester
les bras croisés. Le temps est venu de relancer un programme de
formation, de soutien, et de création d’emplois.
solidaritéS s’y attellera, et nous savons combien ce sera
difficile, car la lutte contre le chômage ne peut pas se faire
à coup de belles paroles, mais appelle une volonté
politique qui ne s’arrête pas à la protection des
plus riches et qui reconsidère sans tabous la
nécessité d’une nouvelle distribution des richesses.

Henri Vuilliomenet


Parti Libéral-Radical et UDC: on démonte la loi à Berne et on pleurniche dans les cantons

La session de décembre au Conseil national a ressemblé,
pour le monde du travail, à un jeu de massacre
perpétré par l’alliance traditionnelle de toute la
droite : priorité à la baisse des prestations aux
chômeurs-euses, réduction des indemnités et de leur
durée, suppression de la possibilité pour les cantons
particulièrement touchés par le chômage de
prolonger la durée des indemnités de 400 à 520
jours.

Nous apprenons qu’en date du 7 janvier les cantons de
Neuchâtel, Jura, Berne, adressent une lettre aux autorités
fédérales pour demander une prolongation de 18 à
24 mois de la durée possible du chômage partiel, lettre
signée par Frédéric Hainard,
Libéral-Radical, Michel Probst, Libéral-Radical et
Andreas Rickenbacher, Socialiste. Il serait probablement plus efficace
que les conseillers d’Etat PLR aillent tirer les oreilles de
leurs dirigeants plutôt que se prêter au double-jeu de
démonter la loi d’un côté et de pleurer sur
ses conséquences de l’autre. De qui se moque-t-on?

La campagne électorale à Neuchâtel pour le
renouvellement partiel du Conseil des Etats nous donne droit au
même cinéma. Le candidat UDC Pierre Hainard nous assure
dans la presse qu’il trouve le projet de révision de la
LACI déraisonnable, tout comme le candidat
libéral-radical Raphaël Comte, mais gageons qu’on ne
les trouvera pas dans le comité référendaire
contre la révision de la Loi sur l’assurance
chômage !
HV