Congrès constitutif du Mouvement continental bolivarien

Congrès constitutif du Mouvement continental bolivarien



Dans le numéro 158 de notre
journal, nous avions publié une interview de Fernanda Cautivo,
militante chilienne de la coordination du Mouvement continental
bolivarien (MCB) de passage à Genève. Nous annoncions la
tenue prochaine du premier Congrès du MCB, du 7 au 8
décembre. Un observateur de solidaritéS a pu suivre ses
travaux à Caracas. Nous en publions un bref compte rendu
à partir de son témoignage.

Le MCB se conçoit comme un espace d’action politique pour
des forces qui partagent la même vision stratégique, dans
le respect de leur indépendance. Il regroupe plusieurs partis
communistes – vénézuélien, chilien,
brésilien (CCLC Prestes), colombien (PCCC) – les FARC-EP,
d’autres organisations révolutionnaires, ainsi que divers
mouvements sociaux, en particulier paysans, indigènes,
universitaires, des droits humains. Historiquement, il se revendique de
la poursuite de la « Campagne admirable » de
Bolivar, en 1813, pour l’indépendance du Venezuela. Il
vise à favoriser l’échange
d’expériences et l’unité d’action
contre l’impérialisme et les oligarchies
latino-américaines.

    Il défend la perspective d’une Grande
Nation formée de républiques démocratiques,
souveraines et socialistes. « Dans la glorieuse pampa
d’Ayacucho [Pérou] une armée internationaliste a
mené bataille, composée de
Vénézuéliens, d’Argentins,
d’Equatoriens, de Chiliens, de Colombiens, de Péruviens,
ainsi que de combattants de la vieille Europe, jusqu’à
vaincre et expulser de notre Amérique le dernier bastion de la
perfidie coloniale et de l’oppression du pouvoir espagnol.
‹ L’heure est venue de l’unité des
peuples d’Amérique ›», rappelle le
Manifeste adopté.

    La plateforme du MCB insiste sur
l’articulation des luttes sociales, politiques et culturelles de
toute la région pour favoriser l’émergence de
gouvernements populaires. Elle s’oppose au pillage
impérialiste, rejette les traités de libre-échange
bilatéraux et le Plan Puebla-Panama et s’oppose aux
tentatives des USA de relancer l’ALCA (Accord de
libre-échange des Amériques). Elle combat la domination
militaire étrangère, en particulier yankee (Plan
Colombie, Plan Mérida et Initiative régionale andine,
Traité interaméricain d’assistance
réciproque), et l’installation de nouvelles bases (comme
en Colombie).

    Elle soutient les formes d’intégration
régionale comme l’Alliance bolivarienne des
Amériques, la Banque du Sud, Petro América, qui
contrastent avec l’ONU, l’OEA, le FMI, la Banque mondiale
et l’OMC, dominés par l’impérialisme. Elle
s’oppose au paiement de la dette extérieure. Avec les
peuples et les gouvernements progressistes, elle défend les
ressources naturelles de la région, des hydrocarbures au
patrimoine génétique, des réserves
aquifères aux ressources marines, des ondes
radioélectriques à l’orbite
géostationnaire… et lutte pour la préservation de
l’environnement.

    Elle défend la préservation de
l’identité, de la mémoire et des savoirs populaires
et rejette l’exploitation de l’homme et de la nature; le
respect de la dignité de tous les peuples doit déboucher
sur la formation d’une seule citoyenneté
latino-américaine et caraïbe qui n’exclut pas celle
de chaque pays. Elle vise à résoudre les graves
problèmes sociaux engendrés par les oligarchies et entend
développer des institutions qui confient la production et la
distribution des ressources aux mains du peuple. Elle appelle à
la solidarité des organisations populaires, en particulier pour
la défense des combattants victimes de la persécution et
de la répression.

    Entre deux congrès (tous les 2 ans), le MCB
sera dirigé par un Conseil général (réuni
chaque année au moins, avec une représentation de chaque
pays), lui-même animé par un Conseil exécutif de 7
membres basé à Caracas. Il s’efforcera de
développer des structures rassemblant des organisations sociales
et révolutionnaires dans chaque pays, garantissant à
chacune les moyens de se faire entendre et de participer aux
décisions. Le MCB se dotera aussi de commissions de travail
spécifiques.

    La représentation de pays extérieurs
à la région est prévue au travers des Brigades
internationales bolivariennes qui disposeront d’un
délégué tournant au sein de ses instances du MCB.
Le Manifeste lie ainsi le projet continental de Bolivar à ses
aspirations internationalistes, lui qui appelait de ses vœux
« un nouveau pôle de pouvoir dans cet
hémisphère qui, en irradiant l’humanité, se
convertisse en espérance pour l’univers dans son
ensemble ».

Jean Batou


Message du mouvement solidaritéS au 1er Congrès du MCB

[…] Dans une période où les organisations
populaires de Votre Continent relèvent la tête pour faire
valoir les intérêts légitimes des
salarié·e·s, des paysan·nes pauvres et des
précaires, mais aussi des peuples indigènes et des
Afro-descendant·e·s, nous nous réjouissons de la
convergence de vos efforts au sein d’un même mouvement
continental. […]

    Le coup d’Etat perpétré par
l’oligarchie hondurienne contre le gouvernement de Manuel Zelaya,
avec l’appui des Etats-Unis […] montre à quel point
l’impérialisme yankee et ses alliés se
préparent à une confrontation avec les forces populaires.
De même,l’Accord signé par Washington avec le
gouvernement criminel d’Alvaro Uribe, afin d’installer 7
bases militaires US en Colombie, constitue la pointe avancée
d’un projet de recolonisation […].
    Sur le plan économique, les
impérialismes étatsunien et européens, dont le
suisse, ne restent pas les bras croisés en soutenant les
politiques des institutions internationales comme le FMI, la Banque
Mondiale et l’OMC, voire en appuyant directement les
intérêts de leurs multinationales par la
négociation d’accords bilatéraux avec les
principaux pays d’Amérique. […].

    « J’ai vécu dans le
monstre et j’en connais les entrailles », a dit
José Marti. Nous y vivons nous aussi. C’est pourquoi nous
sommes profondément solidaires de vos luttes pour
« empêcher l’annexion des peuples de Votre
Amérique au Nord convulsif et brutal qui les
méprise ». 

solidaritéS, 5 décembre 2009