Toujours plus d’austérité

Toujours plus d’austérité



Fin janvier 2010, le Grand Conseil
examinera le programme de législature 2010-2013 concocté
par le Conseil d’Etat neuchâtelois.

    Comme on pouvait s’y attendre, le Conseil
d’Etat ne prévoit aucune nouvelle recette significative
qui mettrait à contribution les entreprises et les contribuables
plus fortunés. Au chapitre fiscalité, les
exonérations fiscales des entreprises se sont tellement
généralisées que le système devient
ingérable : 94 % des entreprises sur sol
neuchâtelois ne payent plus d’impôt sur les
bénéfices. C’est devenu le gag des rencontres entre
industriels « qui paie encore des
impôts ? ». Pour
« corriger »  cette situation, le
Conseil d’Etat part de l’idée que les entreprises
qui sont maintenant habituées à une basse
fiscalité ne peuvent pas changer du jour au lendemain. Ainsi
toutes seront sollicités pour payer un impôt, mais
très bas : opération
« blanche » pour l’Etat et
« équité » garantie par le bas
(fiscalité attractive oblige !).

Un programme qui se résume à la question : où couper ?

Dès lors, comme le canton est déjà endetté,
mais entend construire d’ici 2020 un transport rapide entre
Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds (coût total annoncé
à 850 millions, dont une partie devrait être
financée par la Confédération), le Conseil
d’Etat entend imposer des économies drastiques. Le
programme de législature est accompagné d’un plan
financier qui prévoit une réduction des dépenses
de l’Etat de 150 millions de francs au budget d’ici 2016,
avec un plan progressif (ce qui représente une économie
cumulée de 585 millions d’ici 2016). Voilà qui
représente près de 10 % de réduction sur le
budget global. Comment diminuer si drastiquement les dépenses de
l’Etat ? En théorie, ce n’est pas
compliqué, on coupe dans les montants de trois budgets
jugés particulièrement élevées en
comparaison nationale : prévoyance sociale
– 45 millions ; dépenses de santé
– 38 millions ; enseignement et formation
– 32 millions. Voilà déjà près
de 80 % des économies réalisées !
Mais tous les secteurs y passent : sécurité,
culture…

    Pas besoin de faire de longs discours pour mettre en
évidence que c’est toute la population, mais en
priorité les jeunes et les plus pauvres (émargeant
davantage au budget de la prévoyance sociale et de la
santé) qui feront les frais de ces économies. Couper 32
millions dans l’éducation impliquera nécessairement
la dégradation des conditions d’enseignement et un
accès réduit aux écoles. A moins de supprimer
l’Université, velléité récurrente des
milieux liés à la Chambre du commerce et de
l’industrie. Programme absurde et cynique, à
l’égal de ce qui est planifié dans la
prévoyance sociale et dans la santé, où tout
indique que dans les années à venir il faudrait dans ces
secteurs davantage de moyens pour répondre aux besoins de la
population

Problème du Conseil d’Etat : comment faire passer la pilule ?

Le Conseil d’Etat sait bien qu’il y aura des grognements,
des grincements de dents et des traînements de pieds ; il a
affûté sa stratégie en conséquence. Tout
doit passer par la « commission gestion et
finance » qui devient la commission-clé, quasiment
professionnelle ; les députés qui y siègent sont
bombardés de rapports et de chiffres et appelés à
se réunir très souvent (parfois même le dimanche),
sans véritable temps pour la réflexion et la
discussion ! Comme son nom l’indique, c’est une
commission de gestion (pas de réflexion et discussion sur
d’autres projets de développement du canton). Le Conseil
d’Etat sait d’expérience qu’il est plus
aisé de convaincre une commission restreinte que tout un
parlement. Stratégie simple et efficace : convaincre les
commissaires du bien-fondé de l’action gouvernementale, la
leur faire cautionner pour qu’ils aillent ensuite la
défendre dans leur parti. C’est ainsi que s’est
dégagée début décembre une majorité
de centre droite pour accepter le budget 2010  contesté par
PopVertsSol. Alors que la gauche est formellement majoritaire au
parlement (60 contre 55 député·e·s), le PS
a préféré s’allier au parti
libéral-radical plutôt que d’accepter les
amendements sur sa gauche. Voilà qui préfigure bien la
nouvelle majorité qui acceptera les coupes annoncées par
le programme de législature.

Et le Transrun dans tout ça ?

En ligne de mire, le Conseil d’Etat a évidemment le
métro souterrain reliant Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.
Les fonds d’étude sont votés, les lobby sont
à l’action ; il faut encore les finances, 850 millions de
prévu. Le programme de législature (585 millions
d’économies d’ici 2016) entend y contribuer. Le
développement des transports publics fait partie de nos
revendications, mais pas au prix d’un appauvrissement
significatif de la population du canton, la précarisation
accentuée des plus pauvres et le renforcement de
l’inégalité.

    Pas un mot bien sûr dans ce programme de
législature sur l’initiative « pour un
impôt sur les grandes fortunes, limité dans le
temps » déposée en 2006 .

    En un mot, ce programme du Conseil d’Etat est inacceptable. SolidaritéS le combattra.

Marianne Ebel


Les assistantes en pharmacie en ont ras-le-bol des comptes d’apothicaire !

Le 5 décembre 2009, une cinquantaine d’assistantes en pharmacie
manifestaient à Neuchâtel contre la précarisation
de leurs conditions de travail.
    Fin 2008, l’Ordre neuchâtelois des pharmaciens
(ONP) a dénoncé la convention collective,
négociée avec UNIA.
    Les employeurs remettent en cause la compensation
intégrale du renchérissement et veulent ne verser que
80 % du 13e salaire.
    Fin octobre 2009, l’ONP a mis fin aux
négociations. Résultat des courses : sans CCT, les
assistantes en pharmacie peuvent à nouveau être
engagées dans des conditions salariales de misère
(3000/3300 francs bruts, sans 13e salaire et seulement 4 semaines de
vacances).
    Signe révélateur : les
assistantes avaient mis un masque blanc pour se protéger non de
la grippe, mais des menaces de licenciement proférées par
certains employeurs (samedi, le président de l’ONP
photographiait la manifestation…). Elles revendiquent des
négociations pour une nouvelle CCT. HPR