Fédération de Russie: Halte à la répression des militant(e)s

Fédération de Russie: Halte à la répression des militant(e)s



Des militants de gauche en Russie,
dont des camarades du groupe « Vpered »
(« En avant »), ont lancé une lettre
ouverte pour protester contre la vague de répression, au nom de
la lutte contre
l’« extrémisme », qui touche
tous les militants sociaux, démocratiques ou syndicalistes de la
Fédération de Russie.

« Lettre ouverte sur la répression des militants sociaux et de gauche en Russie »

Depuis un an, nous assistons à une importante augmentation de la
répression de la police russe et des services de
sécurité contre les militants des mouvements sociaux et
des partis politiques de gauche. Alors que les
précédentes répressions étaient
principalement centrées sur des accusations, sans fondement,
concernant des activités concrètes de ces groupes,
aujourd’hui nous assistons à une campagne agressive de
l’État russe contre tout ce qui est catalogué comme
« extrémisme », pour quelque raison
que ce soit. […]

    À l’automne 2008, une
unité spéciale de police, le Centre pour la
prévention de l’extrémisme (appelé Centre
E), a été constituée, au sein du ministère
de l’Intérieur. Elle est aujourd’hui en
activité dans toutes les régions de la
fédération russe.

Preuves fabriquées

Depuis le début de l’année, la police a violemment
interrompu des dizaines d’événements publics,
manifestations ou rassemblements, pourtant légaux. Les agents du
centre E ont recours de plus en plus souvent à des provocations
dont le but est de permettre de fabriquer des preuves permettant de
monter des accusations criminelles contre les militants. Le cas le plus
connu est celui d’Artem Loskutov, un anarchiste et artiste de
Novossibirsk qui a passé plus d’un mois en prison parce
que des agents du Centre E avaient placé des narcotiques sur
lui. Une autre pratique consiste à déclarer
extrémistes des organisations, des publications ou des groupes
sans aucune raison. Cela permet de les rendre illégaux et ouvre
des possibilités illimitées de les poursuivre en justice.
L’exemple récent le plus ridicule de cette pratique est
celui d’une organisation sur les droits civiques de Novorossisk
(port sur la mer Noire) qui a été accusée
d’extrémisme par des « témoins
experts » ayant détecté que les militants
avaient crié lors d’un rassemblement :
« les droits ne sont pas donnés, il faut les
prendre ! »

Les actions récentes du Centre E

Fin août, une cour de Tver (nord-ouest de Moscou) a
considéré comme
« extrémistes » des tracts
publiés par une section locale du syndicat interrégional
des travailleurs de l’automobile (ITUA). Cela signifie que
l’entièreté du syndicat, qui est connu comme
l’organisation la plus militante du mouvement ouvrier
organisé de Russie, est directement menacée
d’être bannie comme « groupe
extrémiste ».

Le 31 octobre, des agents du Centre E ont fait une perquisition brutale
et illégale dans les bureaux moscovites du « Front
de gauche » frappant et arrêtant tous les militants
qui se trouvaient sur place.

Le 4 novembre, environ 40 participants à une manifestation
antifasciste à Moscou ont été arrêtés
sans raison. Ils ont été retenus dans un poste de police
pendant plus de trois heures et chacun d’entre eux a
été illégalement photographié et
forcé de fournir des informations sur sa vie privée.

Le 6 novembre, des inconnus ont mis le feu aux bureaux du parti
dirigeant, « Russie unie », de Penza (sud-est
de Moscou). Après cet incident, presque tous les militants
d’opposition locaux, y compris les dirigeants de la branche
locale de jeunesse du Parti communiste de la Fédération
de Russie, ont été victimes de fouilles illégales
et d’arrestations.

Le 6 novembre, plusieurs militants dirigeants du mouvement local
antifasciste et anarchiste d’Izhevsk ont été
illégalement détenus. Ils ont été
contraints par les agents du Centre E de témoigner sur leur
prétendue complicité avec un appel
téléphonique menaçant de bombe le ministère
de l’Intérieur, le 4 novembre. Au cours de
l’année, les antifascistes de Izhevsk ont
été la cible d’une intense campagne de
répression par les agents du Centre E. […]
Le 7 novembre, des militants du Mouvement socialiste
« Vpered », à Samara, ont
été arrêtés sans raison au départ de
la manifestation commémorant la Révolution
d’octobre. Avant cet incident, des militants locaux ont
été l’objet d’intenses investigations par les
agents de Centre E. […]

Le 7 novembre, à Saratov, des militants de
« Vpered » et des anarchistes ont
été détenus durant la manifestation de
commémoration de la Révolution d’octobre
après avoir été impliqués dans une
altercation verbale avec un inconnu. Le soir, le « Bureau
de la résistance populaire à la crise », une
coalition locale de militants de gauche et sociaux, a été
attaqué et saccagé par une bande de néo-nazis qui,
selon certaines informations, ont des liens avec la police.

Depuis la fin août, la branche locale de la
« Confédération syndicale sibérienne
du travail » (SKT) a été la cible
d’une intense campagne de pression des autorités locales
et de la police. La police et des agents du Centre E ont menacé
des militants étudiants du SKT d’expulsion des
universités. Les locaux de cette organisation sont
menacés d’être fermés.

    Cette liste des récentes actions
anti-extrémistes de la police russe est fort incomplète.
Nous sommes convaincus que le véritable but de ces actions et de
supprimer toute réelle opposition politique, tous mouvements
sociaux et toute tentative d’auto-organisation venant de la base
en Russie.[…]

    Nous demandons que les autorités russes
mettent fin immédiatement à cette campagne
antidémocratique contre
l’« extrémisme ». Nous demandons
le démantèlement du Centre E dont les responsables se
sont discrédités par leur usage de la violence et leur
mépris flagrant des droits politiques et civiques.

    Nous nous déclarons prêts à
lancer une large campagne de solidarité avec tous les militants
de gauche de Russie, les militants ouvriers, antifascistes,
antiracistes, du mouvement social qui sont persécutés par
la police.

traduction du site d’Inprecor

intertitres et coupures de la rédaction