Elif Shafak, Lait noir

Elif Shafak, Lait noir

L’accouchée doit être bien entourée. Les
femmes de la famille, les voisines et les amies l’auront aux
petits soins. Elles écarteront en permanence les mauvais esprits
qui guettent mère et bébé. Sinon, son lait ne
vient pas en abondance, sa couleur s’altère et devient
jaunâtre. Si de surcroît la parturiente est
écrivaine et qu’elle se demande si maternité et
écriture font bon ménage, le lait noircit, prend la
couleur de l’encre.

    En briseuse de tabou (voir dans le nº 143, La
bâtarde d’Istanbul) Elif Shafak parle d’une maladie
courante, mais dont on parle rarement : la dépression
postpartum. Sa « méthode de lecture »
avertit le lecteur : « Avec Lait noir,
l’important pour moi était de faire un grand ménage
de printemps dans ma mémoire. Ce n’est pas pour me
souvenir que je l’ai écrit, mais pour
oublier ». La romancière, qui est mère de
deux jeunes enfants, parle en connaissance de cause de choses
très graves avec beaucoup de désinvolture.
Rédigé en turc, le livre nous est proposé dans une
excellente traduction de Valérie Gay-Aksoy. AS

A savourer donc :
Elif Shafak, « Lait noir » Editions Phebus, Paris 2009.

Buonarroti, révolutionnaire méconnu

L’historien J.M. Schiappa vient de publier une biographie de
Philippe Buonarroti, auteur de L’Histoire de la conspiration pour
l’égalité, dite de Babeuf.

    Né à Florence (1761), mort à
Paris (1837), Buonarroti anima sous l’Empire, la Restauration et
la monarchie de Juillet des sociétés secrètes
républicaines. Exilé d’abord à Genève
(1806-1823) – rattachée à la France depuis 1798
–, avec un intermède à Grenoble (1813-1815), il
resta lié aux adversaires de Bonaparte (dont le
général Malet, auteur de deux conspirations
manquées, 1807 et 1812); exilé à Bruxelles, il
influença certains animateurs de la révolution belge de
1830.

    Cet ouvrage bien documenté permet de
découvrir un « révolutionnaire
impénitent, à la fois actif et secret »,
n’ayant jamais perdu « l’objectif de sa vie
militante : l’Egalité, ce que l’on a
appelé plus tard le communisme ». HPR


Jean-Marc Schiappa, « Buonarroti l’inoxydable (1761-1837) » St-Georges d’Oléron, Ed. Libertaire, 2008