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N° 155 (08/10/2009). A la une: Travail flexible: plus d'accidents, plus de malades
p. 13
Lien direct: https://www.solidarites.ch/journal/d/article/3986
Monde du travail
Le travail flexible et ses risques pour la santé
Malgré une perspective de « gestion du changement » et de « restructurations plus saines » (sic !), le rapport de plus de cent pages que le groupe d’experts européens HIRES a consacré à « La santé dans les restructurations : approches innovantes et recommandations de principe » livre un intéressant matériel.
A titre d’exemple, voici ce qu’il y est dit sur le travail flexible. Titre et intertitres sont de la rédaction ; les mentions de sources ont été supprimées pour des raisons de lisibilité.
« Puisque les efforts de restructuration visent à accroître la productivité, les ventes et les bénéfices, leurs conséquences structurelles, à l’exception des suppressions d’emplois, tendent à augmenter la quantité et l’intensité du travail précaire. Quatre critères servent à définir le travail précaire : une faible assurance de garder son emploi, l’absence de possibilité pour l’individu d’influencer son travail (notamment ses heures de travail), un faible niveau de protection (contre le chômage ou la discrimination) et peu de possibilités de formation.
Au cours de la dernière décennie, le nombre de salariés employés selon des modalités de travail flexible ou précaire (contrats à durée déterminée, travailleurs indépendants, travailleurs intérimaires) a connu une croissance exponentielle. De plus, la législation en matière de licenciement tend à s’être assouplie dans divers pays. Cette flexibilité numérique peut renforcer la compétitivité, mais elle déplace la charge vers le travailleur flexible. Une analyse des différentes études réalisées sur les conséquences de l’emploi précaire sur la santé et la sécurité au travail montre que 14 des 24 études portant sur le travail temporaire ont fait ressortir un lien négatif entre celui-ci et la santé et la sécurité au travail. Une autre étude a révélé que plus l’instabilité de l’emploi est grande, plus elle est liée à la morbidité et à la mortalité.
Flexibilité et insécurité
Plus particulièrement, la flexibilité numérique (notamment les contrats à durée déterminée) engendre une plus grande insécurité de l’emploi. Sur les marchés du travail où la probabilité de passer d’une situation d’emploi à une situation de chômage est élevée, les salariés ressentent aussi fortement l’insécurité de l’emploi. Une insécurité de l’emploi fortement ressentie est assimilée à une mauvaise santé au regard de trois indicateurs, surtout parmi les femmes. En règle générale, le niveau de détresse et de morbidité psychologiques est élevé parmi les salariés sous contrats à durée déterminée. Les contrats à durée déterminée peuvent également entraîner des niveaux de présentéisme élevés. Les études ont en effet montré que les travailleurs temporaires étaient davantage présents quand ils étaient malades.Les études montrent que les réductions d’effectifs multiplient par 2,3 le nombre de congés maladie recensés pour les salariés permanents. Mais ce n’est pas le cas pour les intérimaires. La crainte de perdre son emploi peut expliquer cette situation. Comme nous l’avons souligné plus haut, le présentéisme peut à la longue provoquer une détérioration de la santé.
Plus fatigués, moins satisfaits
De plus, les travailleurs non permanents reconnaissent dans une plus forte proportion ne pas être satisfaits de leur emploi, souffrir davantage de la fatigue, de lombalgie et de douleurs musculaires que les travailleurs sous contrat permanent à plein temps. Toutefois, les travailleurs à temps partiel disposant d’un contrat permanent ont plus de problèmes de santé que les travailleurs à temps partiel occupant un emploi non permanent. Les travailleurs indépendants semblent être les moins nantis de tous, pourtant ce sont eux qui présentent le moins de problèmes de santé. En outre, les salariés occasionnels sont beaucoup plus sujets aux accidents du travail. Si l’on prend en considération l’âge et surtout la durée de l’emploi, le lien entre le statut de l’emploi et le nombre d’accidents du travail perd toute signification statistique.Davantage victimes des accidents du travail
Cette situation montre que le manque d’expérience représente l’une des causes fondamentales des taux élevés d’accidents du travail parmi les travailleurs flexibles. Ce fait est également confirmé par les résultats qui montrent que les accidents du travail sont beaucoup plus nombreux au cours des quatre premiers mois qui suivent la prise de fonctions. Toutefois, une autre explication peut être avancée : cela tient au fait que les travailleurs flexibles suivent moins de formation que les travailleurs permanents. D’autre part, de façon générale, le nombre des travailleurs occasionnels est extrêmement élevé dans les postes nécessitant peu de formation préalable. En outre, ils travaillent souvent dans des lieux où ils sont à la merci du danger et où ils sont en contact avec des produits dangereux.Il existe une dernière série d’explications concernant la situation relativement médiocre que connaissent les travailleurs temporaires en termes de santé et de sécurité au travail : il arrive qu’ils aient moins de contacts avec les professionnels de la santé et de la sécurité au travail, qu’ils échappent aux contrôles de santé pendant des périodes de temps plus longues et qu’ils soient négligés par les représentants des travailleurs chargés de la politique de santé et de sécurité au travail. »
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