Les faussaires pris la main dans le sac !

Les faussaires pris la main dans le sac !

L’extension du bâtiment de l’OMC, sur les rives du
lac, et le bradage d’un magnifique parc public apparaissent
aujourd’hui comme une grande cause commune des partis
représentés au Grand Conseil genevois, soutenus par les
élus et les autorités fédérales.

Les socialistes et les verts occupent même le devant de la
scène, poussés en avant par leurs alliés de
circonstance, pour faire avaler cette pilule inhabituelle à leur
électorat. Même le pape de la dérégulation
commerciale internationale, le « socialiste »
français Pascal Lamy, est descendu dans l’arène.
Pourtant, l’ensemble de l’opération est
orchestré et financé par la Fédération des
entreprises romandes, qui a mandaté une agence de
« com » pour labourer l’opinion.
N’y a-t-il pas jusqu’ici déjà assez de sujets
d’étonnement…?

    Non. Il se trouve que l’extension
prévue du bâtiment, contrairement à la photo
distribuée urbi et orbi par les défenseurs du projet, a
été volontairement truquée. Des arbres qui devront
être supprimés ont été effacés de la
photo qui couvre la première page du « tous
ménages » envoyé à la population. Et
jusqu’à la semaine dernière, Martine
Brun­sch­wig Graf et Pascal Lamy traitaient sur les ondes
Pierre Vanek de menteur, lorsque celui-ci évoquait cet abattage.

    Quand il s’agit de vendre un produit, tout le
monde sait que la pub ment et que les images sont
systématiquement retravaillées. Mais de là
à polluer un débat démocratique avec les
mêmes moyens… On en reste confondu.

    Dernière surprise… Que la
représentante de la Fédération des entreprises
romandes réagisse avec plus de fair play que la
conseillère administrative socialiste Sandrine Salerno. La
première regrette l’incident, annonce la destruction de ce
matériel et la publication de rectificatifs dans les
médias, tandis que la seconde nous explique laborieusement que
ces « charmilles » ont déjà
été partiellement coupées et qu’elles
n’appartiennent pas au patrimoine végétal important
du parc.

    Cet incident serait sans grande importance,
s’il n’était le symptôme d’une
dérive préoccupante des mœurs politiques.
Dès lors que la «com» prend le pas sur le
débat d’opinions, tous les coups sont permis. Et à
ce jeu-là, certains pensent déjà qu’il
suffit de payer cher pour construire un univers virtuel et le
décréter réel.
    L’URSS de Staline effaçait les
opposants des anciennes photos officielles. Songeons à
l’avenir radieux qui s’ouvre aux falsificateurs à
l’ère du numérique, si la population et
l’ensemble des forces politiques ne condamnent pas sans appel de
tels procédés.

Jean Batou