Financement de l’AI: OUI !

Financement de l’AI: OUI !

L’augmentation du financement de
l’AI est urgent et indispensable : mieux vaut une hausse
de la TVA temporaire affectée au financement de l’AI
qu’aucune recette nouvelle !

Depuis les dernières crises de ces deux décennies
passées, suite au durcissement du marché du travail et
aux exigences accrues dans le monde du travail lui-même, de
nombreux salarié·e·s affectés dans leur
santé se sont retrouvés mis au bénéfice des
prestations de l’assurance invalidité, sans perspectives
de réinsertion professionnelle.

    La droite et le patronat ont alors
déclenché une offensive dans la durée pour limiter
l’accès aux prestations de l’AI et les prestations
elles-­mêmes, refusant d’augmenter les recettes
pourtant indispensables au fonctionnement de cette assurance,
installant ainsi un chantage permanent contre les
bénéficiaires, désignés comme boucs
émissaires, pour réduire le déficit à leurs
dépens.

    Sans nouvelles recettes depuis bientôt quinze
ans, le déficit structurel n’a pu que croître pour
atteindre 13 milliards. Depuis la 4e révision de l’AI, le
refus des nouvelles rentes dépasse en 2008 les 40 %, les
prestations sont en constante diminution et la pression sur les
personnes souffrant d’un handicap n’a cessé
d’augmenter.

    Avec la 5e révision, le financement
prévu (hausse temporaire de la TVA) a été
rejeté par la droite, sous le fallacieux prétexte
d’une priorité à la « chasse aux
abus ». Or après plus d’un an
d’enquêtes quasi policières et de l’aveu
même de l’OFAS, nous savons aujourd’hui que ces
fameux abus ne concernent qu’à peine 0,5 % des
prestations financières de l’AI et ne représentent
qu’une part infime des dépenses annuelles!

    Le patronat et ses alliés politiques ont mis
une nouvelle fois la pression sur le Conseil fédéral et
ils utilisent la profonde crise actuelle pour accélérer
la mise en route du chantier de la 6e révision. La partie la
plus conservatrice refuse toujours la perspective d’une
augmentation des recettes, exige des mesures toujours plus
contraignantes sur le dos des assu­ré·e·s et
une nouvelle réduction drastique des prestations
.
    Le financement additionnel temporaire est la seule
mesure qui diminue un peu la pression sur les
assu­ré·e·s, en stoppant le déficit
annuel, alors qu’une partie de la droite n’en veut toujours
pas. Dans ce contexte, refuser ce financement revient à faire le
jeu de la fraction la plus dure du patronat et de l’UDC.

    Notre mouvement se bat évidemment pour un
financement social de la sécurité sociale, excluant par
principe un financement par des impôts indirects comme la TVA. Il
faut exiger une augmentation des cotisations patronales à plus
long terme pour que les responsables « passent à la
caisse ». Mais les rapports de force sociaux et politiques
actuels ne permettent de loin pas d’avancer dans cette direction,
et nous condamnent alors à une position purement propagandiste,
sans alternative crédible à court terme, peu
compréhensible pour les personnes qui subissent directement les
baisses des prestations. Rien ne nous empêche de défendre
dans les campagnes à venir notre propre projet de financement
des assurances sociales, tout en défendant tactiquement les
propositions partielles les moins régressives.

    En refusant ce financement additionnel, le risque
est grand de se couper des milieux défendant les personnes
souffrant d’un handicap, en particulier les organisations avec
lesquelles nous avons mené la bataille contre la 5e
révision. Comment expliquer que nous refusons aujourd’hui
ce financement, financement que nous réclamions avec ces
mêmes organisations dans la campagne d’hier ?

    De plus, l’enjeu de cette votation concerne la
séparation du fond AVS de l’AI. Cette mesure permettra
à l’avenir de protéger l’AVS, actuellement
mise à mal par les ponctions sur le fond commun, contrairement
à la propagande aussi mensongère que massive du
comité « Stop TVA », financée par
l’UDC.

    Enfin, l’enjeu de la 6e révision
nécessite effectivement la constitution d’un large front
de refus, contre cette nouvelle offensive de
démantèlement de l’AI. Comment pourrons-nous jouer
un rôle moteur dans cette nouvelle mobilisation indispensable
pour faire échouer le projet destructeur de la 6e
révision si nous avons perdu notre crédibilité en
refusant de façon isolée de nouvelles recettes au
bénéfice de l’AI?

    Au contraire, en nous associant aujourd’hui au
soutien à une nouvelle recette temporaire, nous pourrons
d’autant mieux prolonger la lutte pour un financement plus social
à long terme de l’AI, dans notre refus de la 6e
révision. En effet, le chantier de l’AI va rester ouvert
pour une longue période pendant laquelle nous devrons aussi
convaincre les associations concernées par la défense des
personnes handicapées de se rallier à notre combat pour
la création de nouveaux postes de travail adaptés aux
handicaps en faisant pression sur le patronat.

Pour l’ensemble des raisons ci-dessus, nous appelons à soutenir le OUI au financement additionnel de l’AI.

Albert Nahory