La Chaux-de-Fonds: EKIR : un restaurant social, lieu de rencontre et d’échanges

La Chaux-de-Fonds: EKIR : un restaurant social, lieu de rencontre et d’échanges

Situé à la rue de la
Serre 90 à la Chaux-de-Fonds, EKIR accueille depuis le 2 mars de
cette année toutes les personnes qui aiment partager un repas
communautaire et convivial. Du lundi au vendredi, entre 12 h et
13 h 30, un repas complet (salade, plat principal,
dessert) est offert pour le prix de 7 francs. Boissons chaudes ou
froides à 1 franc.




Un cybercafé, ouvert en semaine
de 16 h à 22 h et le week-end de 14 h
à 22 h, complète ce lieu chaleureux.
L’utilisation d’Internet coûte 1 franc de
l’heure. Chaque dernier dimanche du mois, un brunch est
organisé entre 10 h et 14 h.




EKIR est une association à but
non lucratif dont tous les membres sont bénévoles. En
échange du travail fourni, les membres bénéficient
gratuitement du repas du jour.

Pour les contacts : 032 913 38 26 / ekir01@yahoo.fr
Pour soutenir financièrement le projet : Banque
Raiffeisen Montagne Neuchâteloise 2400 Le Locle, compte 23-3107-0

Rencontre avec Maria, Silvie, Pierre et Djilali, membres d’EKIR

Comment avez-vous réussi à créer EKIR, et avec quel objectif ?

Un restaurant social correspond à un besoin de personnes qui ne
peuvent pas se payer le restaurant, qui sont isolées et en
manque de liens sociaux. Pendant 15 ans, et jusqu’à
récemment, l’ADC (association de défense des
chômeurs) orga­nisait un repas tous les jeudis midi ;
plusieurs d’entre nous avaient déjà
travaillé bénévolement dans ce cadre-là.
Quand l’ADC a emménagé dans ses nouveaux locaux, il
n’y avait plus d’espace pour une cuisine. Nous en avons
profité pour reprendre les anciens locaux et créer
l’association EKIR, dans le but de développer un
restaurant social, ouvert tous les jours, y compris pendant les
vacances d’été. L’ADC nous a offert son
équipement de cuisine, les tables et les chaises viennent de
chez Emmaüs. On a bénéficié de dons et de
nombreux coups de main solidaires. Cet été, nous avons
reçu même un don de 500 francs, produit d’une
collecte organisée à l’occasion de
l’anniversaire d’une militante de solidaritéS ; on a
trouvé ça génial. Aujourd’hui, nous sommes
vraiment contents de voir qu’une bonne équipe de
bénévoles a pu être mise sur pied et que le plaisir
de bien accueillir nos hôtes nous motive tous les jours dans
notre travail.

Concrètement, comment ça marche ?

Nous sommes une association qui fonctionne entièrement sur le
bénévolat ; nous utilisons les compétences de
chacun·e et nous encourageons les usagers du restaurant à
s’impliquer dans le travail bénévole (cuisine,
service, nettoyage, administration), ce qui donne droit en compensation
au repas gratuit quand on effectue un travail.
    Chaque mercredi soir, à 18 h, une
assemblée décide de la planification des repas de la
semaine suivante et des problèmes du centre.
    Il y a environ 25 personnes qui s’engagent
régulièrement. Comme on est nombreux, cela nous permet
une organisation très souple. Parmi les bénévoles,
il y a aussi des jeunes, ce qui est très encourageant. Les
bénévoles, c’est comme nos hôtes, les
un·e·s sont venus par le bouche à oreille,
d’autres suite à la lecture d’un article dans la
presse…
    On essaye de satisfaire chacun. Entre
bénévoles, on s’entraide énormément,
ça va plus loin qu’un simple rapport de travail et comme
on est d’origines et de cultures très diverses, à
l’image de notre société, très
multiethnique, il est aussi plus facile de varier nos menus, tout en
respectant, à chaque fois l’équilibre culinaire et
notre budget.

Qu’en est-il des finances ?

La coopérative « Partage » nous a
donné le coup de pouce de départ et une garantie de 3
mois pour le loyer. Nous avons bénéficié
d’un modeste soutien des villes du Locle et de la Chaux-de-Fonds
et nous recevons parfois des dons.
    Pour la nourriture, nous avons la chance de
travailler avec « Tables suisses », une
fondation qui récolte les surplus de certains grands commerces
pour les distribuer aux institutions sociales qui organisent des repas
pour personnes en difficultés. C’est une aide très
précieuse, nous recevons régulièrement de grandes
quantités de nourriture d’excellente qualité. Mais
comme les dates limites sont toujours proches, il faut souvent cuisiner
les plats tout de suite et transformer rapidement la marchandise
qu’on nous apporte. Nous avons aussi pu récupérer
une parcelle des jardins communaux que nous louons à la ville de
la Chaux-de-Fonds. Une équipe de bénévoles
l’a transformé en un jardin potager. Ce jardin est encore
modeste en dimension, mais c’est très motivant de pouvoir
préparer les salades et les légumes qui y
poussent !
 

Et le cybercafé ?

Nous sommes en phase de démarrage. Nous avons 7 ordinateurs
à disposition, connectés à Internet. Beaucoup de
personnes n’ont pas d’ordinateur, alors que c’est
aujourd’hui un vecteur de communication important. Les usagers
viennent consulter leurs boites e-mail, les sites d’informations
et téléphoner via le réseau partout dans le monde
en utilisant la webcam. De nombreux Africain·e·s viennent
ici pour téléphoner à leur famille restée
au pays.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Notre projet a été bien accueilli par les médias,
ce qui a conduit des personnes à nous rejoindre
spontanément. Nous sommes confiants pour l’avenir, car une
institution comme la nôtre correspond à un besoin profond
et nous tenons à garder l’aspect bénévole et
encourager le maximum de personnes de mettre la main à la
pâte. Notre slogan c’est « manger
ensemble » ce qui veut dire partager pas seulement la
consommation, mais également la confection des repas et le
maintien du lieu.
    EKIR signifie « Manger, parler,
décider, se responsabiliser ensemble ».
Jusqu’ici, c’est une expérience extraordinaire pour
nous tous ; des personnes en difficulté y ont retrouvé un
espace de vie et un sens. Il n’y a pas de raison que cela
s’arrête.

Propos recueillis par Marianne Ebel et Henri Vuilliomenet