Avortement: se battre encore et toujours

Avortement

Se battre encore et toujours

La campagne est lancée depuis
quelques jours pour la votation
populaire qui aura probablement lieu
en juin.

Rappel de quelques dates

  • 1971 L’initiative pour la décriminalisation passe à la trappe.
  • 1977 Une première solution du délai est refusée en votation populaire.
  • 1981 Les deux Chambres convergent pour obliger les cantons à créer des centres de planning familial et demandent aux assurances maladie de prendre en charge les frais des interruptions de grossesse légales.
  • 1985 L’initiative populaire pour le Droit à la vie est rejetée.
  • 1999 Les opposants à toute libéralisation déposent l’initiative populaire «Pour la mère et l’enfant» visant un régime légal encore plus restrictif que celui de 1942.
  • 2000 La Marche mondiale des femmes rappelle l’actualité de la revendication de l’IVG légale.

Après 8 ans de travaux parlementaires, les Chambres
fédérales ont enfin adopté, le 23 mars 2001, un projet
de loi modifiant le code pénal et autorisant
l’avortement. La solution choisie est celle dite du régime
du délai, qui rend licite l’avortement effectué dans
les 12 premières semaines de la grossesse,
à condition que la femme concernée fasse état d’une
situation de détresse.

Mobilisation générale

La femme désireuse d’avorter doit adresser une
requête écrite à son médecin. La loi exige en outre
qu’avant de pratiquer l’avortement, le médecin ait un
entretien approfondi avec la femme concernée, au
cours duquel il doit la conseiller, l’informer et lui
remettre, contre signature, un dossier comportant la
liste des centres de consultation qui offrent
gratuitement leurs services, une liste d’associations
susceptibles de lui apporter une aide morale ou matérielle,
des informations sur les possibilités de faire
adopter l’enfant. Il est enfin prévu que les cantons
désignent les cabinets et établissements autorisés à
pratiquer l’interruption de grossesse.

Ce projet de loi ayant fait l’objet d’un référendum qui
a abouti, ce sera au peuple de décider, au premier
semestre 2002. Il semblerait qu’il soit envisagé de
faire voter, à la même date, l’initiative «Pour la mère et
l’enfant» qui demande l’interdiction TOTALE
d’interruption de grossesse, sauf en cas de danger
pour la vie de la mère. Cette double votation crée le
risque que le corps électoral se prononce pour un
double non.

Même si les féministes et les gens de gauche sont
critiques envers la loi de décriminalisation de
l’avortement, à cause de ses conditions et de la durée
du délai, il faut se mobiliser pour qu’elle passe, afin
que les femmes des cantons les plus défavorisés
puissent enfin se faire avorter chez elles.

La législation suisse sur l’avortement (qui date de
1942, lorsque les femmes, les principales intéressées,
n’avaient pas le droit de vote, donc pas le droit au
chapitre !) est une des plus restrictives d’Europe, et la
nouvelle loi améliorerait la situation. Rappelons que
les cantons primitifs (Appenzell Rhodes Intérieur,
Obwald, Nidwald) ne pratiquent aujourd’hui encore
AUCUN avortement. Les cantons libéraux (Genève,
Vaud, Neuchâtel, Berne, Bâle-Ville et Zurich)
interprètent la loi de 1942 en incluant les facteurs
sociaux et psychiques dans la définition de la santé
maternelle. Cet assouplissement a produit un tourismegynécologique
qu’il serait temps de supprimer par
une égalité de traitement dans tous les cantons.

Il faudra voter OUI à la loi du délai, afin que la
législation corresponde à la pratique et que cesse
l’hypocrisie. Il faudra voter NON à l’initiative «Pour la
mère et l’enfant», qui nous ramènerait 100 ans en
arrière ! D’ailleurs, elle n’a pas obtenu une seule voix
au Conseil des Etats et même la Conférence des
évêques suisse la rejette!

Mais il faudra informer, nous battre, convaincre, parce
que les adversaires sont virulents, disposent de beaucoup
de moyens et frappent bas. (lire en page 6)
Il est temps de considérer les femmes suisses comme
des adultes sachant décider de leur vie et de ce qui
leur convient le mieux au moment où elles sont
enceintes.

Qu’on ne nous refasse pas le coup du refus de l’assurance
maternité!

Huguette JUNOD
Membre du Collectif 14 juin