Arlequin en défense des droits démocratiques
Arlequin en défense des droits démocratiques
Entre 150 à 200 personnes ont manifesté masquées
le mardi 9 juin dans les rues de Lausanne. Sans autorisation et fort
pacifiquement. Elles entendaient dénoncer, avec fantaisie, les
récentes mesures de répression
« préventive » lors du 1er Mai et la
mise en cause du droit de manifester anonymement dans la loi dite
anticagoule. Nous publions ci-dessous lintervention de notre
camarade Claude Calame lors de cette manifestation.
«Cest un des acquis du Siècle des lumières
et de la Révolution française avec sa Déclaration
des droits de lhomme et du citoyen : le système
démocratique adopté dans la plupart des pays
européens est fondé sur lexercice dun
certain nombre de libertés; des libertés garanties
à tous les individus de manière égale, des
libertés adossées à des droits civils qui
instituent lindividu en personne juridique. Parmi ces
libertés figurent la liberté de disposer de
soi-même, la liberté dopinion, la liberté de
réunion. Or, de manière pour le moins paradoxale, la
diffusion du libéralisme économique, avec le dogme des
règles du marché qui se substituent à toute action
politique, sest accompagnée de restrictions constantes
dans la reconnaissance des droits fondamentaux de la personne humaine.
A vouloir imposer, par le principe de la concurrence
généralisée, la seule liberté du
marché, on nen finit pas de provoquer
précarisations et discriminations.
Dabord les requérants, puis les plus dépourvus
Dans nos sociétés de démocratie libérale,
ces restrictions aux droits fondamentaux ont dabord
frappé les groupes de la population les plus marginaux, les plus
fragiles aussi; essentiellement les personnes en quête dun
statut de résident : les requérants dasile,
les immigrés, les sans-papiers. Cest ainsi que le droit
dasile et dans une certaine mesure, le droit des
étrangers sont devenus des droits dexception. Mais
désormais, contrôles et atteintes aux droits fondamentaux
de la personne touchent aussi les résidents. La chasse aux abus
dans le recours aux assurances sociales en est depuis plusieurs
années lindice; il sagit de criminaliser les plus
dépourvus tout en dénigrant systématiquement les
services publics et les prestations de lEtat. Pendant ce temps,
Marcel Ospel passe des jours tranquilles assis sur sa confortable
fortune personnelle et bien protégé dans son paradis
fiscal de province aisée.
Une justice au service des plus puissants
Et de ces restrictions constantes de nos droits fondamentaux, notamment
à la libre expression, nous en avons désormais deux
tristes exemples locaux. Dune part, il y a
limpunité dont bénéficie la grande
multinationale de la place pour avoir espionné les
activités dun groupe altermondialiste par
lintermédiaire dune police privée;
dautre part, il y a le déploiement des forces de police
pour entraver le déroulement et contrôler par des prises
de vue la manifestation lausannoise la plus pacifiste et bon enfant qui
soit : la célébration du 1er Mai (un jour
férié sur la commune
). Cest dire les
dérives dune justice au service des plus puissants et des
plus riches; cest dire les dérives dune
municipalité qui na plus de
« rose-vert » que le nom. De tels abus de
pouvoir, de tels abus de droit exigent non seulement la
démission du municipal de la police qui déploie les
forces de répression contre les membres de son propre parti,
mais aussi celle du syndic qui infléchit les principes
écologistes et sociaux de son parti vers un régime
autoritaire. En tant que citoyennes et citoyens lausannois nous ne
pouvons plus tolérer de financer, par le biais de
limpôt, une police militarisée et
pléthorique, une police qui cède aux pratiques de
contrôle et de fichage des résidents, des pratiques
pourtant dénoncées à lissue de
laffaire des fiches de la police fédérale.
Les périodes de crise économique sont
particulièrement favorables à linstitution de
régimes fascisants. Ne laissons pas nos autorités jouer
par la peur sur les peurs dune population
déstabilisée par les conséquences dramatiques de
spéculations financières dont elle na pas
bénéficié et dont elle nest en rien
responsable. »
Claude Calame
1er Mai : pas convaincant
Sexprimant devant les membres des organisations présentes
le 1er Mai à Lausanne, Marc Vuilleumier a tenté de
justifier sa position, reprenant les arguments développés
dans la presse ou au Conseil communal. Rien de quoi emporter
ladhésion nen est sorti. La notion de
« sécurité préventive »
laisse même plus que dubitatif, pour utiliser une formule polie.
Elle nous rappelle étrangement une histoire darmes de
destruction massive
Une série de questions sont
restées sans véritable réponse. Entre
autres : a) quel sens avait lintervention de la police
quelques minutes avant la fin du cortège ? ; b)
quel événement soudain justifiait-il cette intervention
dans une manifestation pacifique, voire étale ? c) le
fait dêtre vêtu de noir et de porter des cheveux
plus ou moins longs prédispose-t-il à larrestation
préventive ? d) comment sassurer de la
prétendue destruction des images prises pendant la
manifestation ?
Laction des forces de police parle, elle, un
langage clair : pendant la crise, tout le monde au pas et
silence dans
les rangs !
Daniel Süri