Un lieu pour les femmes à Genève
Un lieu pour les femmes à Genève
« Il existe à Genève un lieu
privilégié pour les femmes. Un endroit où toute
question peut être posée, toute démarche
envisagée. Un lieu où accueil, écoute et dialogue
se pratiquent au fil des entretiens Des entretiens individuels
avec des femmes spécialistes pour chercher informations,
conseils, documentation, et pour trouver compréhension, appui,
orientation. Léquipe de F-Information est
professionnelle, multi-culturelle et, surtout disponible. Elle est
compétente dans les domaines juridique, professionnel, personnel
et familial. »
Vous lavez peut-être deviné, cest ainsi que
se présente F-Information dans sa propre brochure. Cest
exact, léquipe est pluridisciplinaire et multilingue. On
y parle espagnol, anglais, arabe et même grec. Fortes de cet
atout, les intervenantes établissent plus facilement un rapport
de confiance avec les usagères et deviennent ainsi
dépositaires de leurs histoires. Une grande discrétion
est garantie vis-à-vis de lextérieur.
Un Centre ouvert
Les principes de F étant généralement admis et ne
heurtant aucune « barrière
culturelle », même les plus oppressives à
légard des femmes, passer le seuil du Centre nest
pas « stigmatisant ». Personne de
lextérieur ne saura si Fatima est venue pour parler de
violences domestiques, demander un renseignement en vue dun
divorce ou tout simplement pour lire un journal. Les consultations de F
sont malheureusement payantes, mais très peu chères (40
francs lheure; 20 francs pour les membres).
F-Information est un lieu de femmes, peut-être le plus important
à Genève, qui met en réseau des associations
féminines. Il fournit des services qui visent à
améliorer globalement la condition des femmes et répond
aussi à des demandes individuelles. Il centralise
linformation et la répercute, parfois après
lavoir élaborée, brodée, pour la
présenter sous une forme plus attrayante, plus ludique.
Des services multiformes
Ses activités se présentent en trois volets: information
générale, consultations personnelles et débats,
échanges, réflexion collective, élaboration.
Certaines usagères viennent avec une demande précise:
écrire un curriculum vitae ou une lettre, faire des
démarches administratives. La scribe peut rédiger une
lettre ou conseiller à la personne de prendre rendez vous avec
une juriste « maison » ou un-e
spécialiste de la place. Il arrive aussi que les
problèmes soient difficiles à verbaliser. A la
« généraliste » de
démêler la situation et de diriger la consultante vers une
instance qui puisse lui proposer des réponses. La force de F,
cest le travail en réseau avec une soixantaine de
partenaires (SOS Femmes, Viol-Secours, Camarada, Aspasie, Lestime, le
Collège pour adultes, lIFAGE, les syndicats, etc.).
Qui sont ces usagères ? Des femmes de 30 à 50 ans
majoritairement, de tous les milieux, dont de nombreuses
étrangères. Certaines sont sans papiers, envoyées
par les services sociaux. Toutes ont la ferme volonté de
sen sortir. Nous reproduisons ici les témoignages
dune femme étrangère et dune genevoise qui
se dit elle-même réfugiée dans son propre pays.
Deux témoignages
Thérèse est requérante dasile à
lépoque de son premier contact avec le Centre.
«
Jétais surprise dy
rencontrer ces femmes suisses si gentilles, accueillantes et surtout
qui mont reçue comme une amie. Elles
mécoutaient avec beaucoup
dattention
». Et plus loin :
« Jai beaucoup appris, parce que je recevais des
informations utiles pour mintégrer et madapter
dans le milieu du travail en Suisse… ». Quant à
Christine, cest une genevoise avec deux jeunes enfants à
charge : « Nous nous sommes installées
à une grande table et elle ma écoutée,
jai été touchée par ces marques
dattention et me suis soudain sentie prise très au
sérieux. Et plus je parlais, plus je me sentais prise au
sérieux… Je découvrais sans le savoir la
solidarité
». Voilà le
« côté cour », privé,
lindividuel.
Considérons maintenant le « côté
jardin », ou plutôt ville : les
manifestations publiques du Centre. Il organise des expositions, des
conférences, ou tout simplement des rencontres dans ses locaux,
mensuelles comme celles du RESI-F (réseau
international déchanges de savoirs pour les femmes)
ou occasionnelles (salons, ateliers, etc.). Il établit
un Agenda, avec 300 adresses tenues à jour. Sa 11e
édition est sortie en juin 2008, la première remonte
à 1979. Il est en vente (20 francs) mais se trouve aussi sur
internet (www.f-information.org).
Un fonctionnement solidaire
Et comment marche cette merveilleuse machine ? Grâce
à lenthousiasme du Collectif et de lEquipe.
LEquipe, cest le « personnel »,
soit 11 femmes spécialistes qui se partagent 5,2 postes de
travail. Le Collectif, cest lensemble des membres
inscrits, femmes dans la grande majorité, mais aussi quelques
hommes. Les assemblées générales élisent
les cinq membres du Comité qui, avec deux représentantes
de lEquipe, forment la direction. Les finances ?
F-Information est subventionné par le Canton de Genève
(département des institutions), la Ville, des communes et des
fondations privées. Et bien sûr, par les cotisations de
ses membres, environ 800 personnes et 100 collectifs. Par les temps qui
courent, où tout est mesuré en termes de rendement, il
est à craindre que des pressions sexercent sur F pour
réduire la disponibilité et lécoute
chaleureuse dont il fait preuve.
Aidons F-Information. Comment ? En en devenant membre
(individuel ou associatif), en faisant un don et en le soutenant le
publiquement.
Anna Spillmann-Andréadi (annaspil@bluewin.ch)*
* Merci aux femmes du Collectif, tout particulièrement à
Marie-Claude Rivaz pour ses informations et sa collaboration.