Non au prolongement de l’ouverture des commerces !

Non au prolongement de l’ouverture des commerces !

Une nouvelle loi sur les
établissements publics et le commerce est soumise au vote du
peuple neuchâtelois le 17 mai prochain. Aboutissement de plus de
6 ans de discussions, elle est un laborieux compromis entre des
intérêts très divergents. Quatre acteurs principaux
sont concernés par cette loi : le personnel de la vente,
les propriétaires et dirigeants de commerce, les tenanciers
d’établissements publics (restaurants, bars,
discothèques), et l’office du tourisme.

Le Parti socialiste a accepté la prolongation de l’heure
d’ouverture des commerces à 19 h et la suppression
de la fermeture du lundi matin en échange de
l’interdiction de vente d’alcool dans les shops (commerces
liés à la vente de carburant) et dans les gares de
20 h à 6 h. Une majorité du Grand Conseil
(8 oppositions sur 115) avait finalement avalisé ce compromis.
Pour Solidarités, il était inacceptable, et nous avions
annoncé que nous lancerions une initiative législative
pour revenir à l’heure traditionnelle de fermeture des
commerces, à savoir 18 h 30 la semaine et 17 h le samedi.
Les gérants des shops, soutenus par l’Union
Pétrolière, ne l’ont pas entendu de cette oreille
et ils avaient évidemment les moyens, dans leurs commerces, de
récolter facilement les signatures pour faire aboutir un
référendum. Ils ne renonceront pas si facilement au
juteux bénéfice que leur procure la vente d’alcool
et la lutte contre l’alcoolisme n’est franchement pas leur
préoccupation.

Précariser les conditions de travail, surexploiter les vendeuses et vendeurs

Le personnel de la vente connaît déjà les
conditions de travail et de salaire les plus mauvaises qui soient. Leur
journée de travail est fractionnée, entrecoupée de
pauses qu’ils ne peuvent souvent pas utiliser pour se reposer.
Ils sont en fait à disposition de leur employeur de
l’ouverture à la fermeture. Selon cette loi, les magasins
pourront être ouverts du lundi au vendredi de 6 h
(respectivement 5 h pour les boulangeries) jusqu’à
19 h et de 6 h à 17 h le samedi. Le jeudi
soir, ils pourront rester ouverts jusqu’à 20 h.

    Prolonger les horaires d’ouverture,
c’est péjorer les conditions de travail des vendeuses et
des vendeurs, sacrifier leur vie de famille.

Le Conseil d’Etat oublie le personnel de la vente

Au parlement, le compromis entre les intérêts divergents
s’est fait sur le dos des plus faibles, le personnel de la vente.
Dans le texte d’explication adressé aux citoyennes et
citoyens, le Conseil d’Etat n’a pas un mot pour lui, par
contre il jubile en annonçant que « les
commerçants et les consommateurs voient venir avec plaisir
l’extension de l’ouverture des magasins ». Un
vendeur, une vendeuse, c’est un homme ou une femme qui
mérite respect, et c’est un renforcement de sa protection
et de ses conditions de travail qui devrait être à
l’ordre du jour.

Des patrons jamais satisfaits

Les sociétés de commerçants se frottent les mains.
C’est eux qui sont principalement engagés dans la campagne
pour le vote du OUI à la loi. Ils ne cachent pas que ce
n’est pour eux qu’un premier pas et que leur objectif est
l’ouverture tous les soirs à 22 h. Séverine
Gutmann, responsable de la fédération neuchâteloise
du commerce indépendant, le rappelle dans un interview au
Courrier du 30 avril : « N’oubliez pas la motion de
la chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie qui
demandait la fermeture à 22 h pour tous les
soirs », interview qui se conclut par « Si la
loi est acceptée, nous nous contenterons d’abord de
laisser les consommateurs s’habituer. Nous allons observer,
adapter, tester. Faire petit à petit ».

Oui à une interdiction de vente de l’alcool dans les
shops, mais pas au prix d’une prolongation de l’ouverture
des commerces

SolidaritéS a proposé au Grand Conseil une loi pour
l’interdiction de vente d’alcool à l’emporter
entre 20 h et 6 h, car la santé des jeunes (et des
moins jeunes) est mise en danger par les abus auxquels conduit ce type
de vente. Si la loi est refusée – ce que nous
souhaitons –, nous reviendrons au parlement avec une
proposition de loi plus complète, pour favoriser les mesures de
prévention et pour interdire la vente d’alcool en commerce
après 20 h et dans les shops routiers.

Marianne Ebel