Taser: le retour du châtiment corporel

Taser: le retour du châtiment corporel

solidaritéS est
consterné de l’adoption du Taser par la Police genevoise,
ainsi que des modalités prévues pour son usage.

Cette nouvelle arme s’inscrit dans la stratégie bien
connue de notre police, qui est de répondre à la violence
par plus de violence, déclenchant ainsi des spirales difficiles
à enrayer.

    Cette banalisation de la violence n’est pas
anodine. Rappelons pourtant que dans certaines régions,
notamment en Angleterre, la majorité des agents de police ne
portent pas d’arme à feu. Ce qui ne les empêche
apparemment pas de faire leur travail. Mais alors pourquoi donc nos
policiers, qui portent déjà à leur ceinture une
arme à feu, un tonfa, un spray au poivre et des menottes,
doivent-ils ajouter à cette panoplie des décharges
électriques ? Pour solidaritéS, ils devraient
apprendre à travailler avec politesse, patience et diplomatie,
plutôt que de mettre systématiquement en avant la force et
la contrainte.

    Le plus grave est toutefois ailleurs : le
Taser est présenté comme non dangereux et non douloureux.
Un jouet, en somme, qui jette un sort magique sur le forcené, le
temps pour les forces de l’ordre de lui scotcher les mains et la
bouche. On propose de l’utiliser lors des mutineries de
détenus : si ça ne fait pas mal, pourquoi
s’en priver ? Rappelons que l’immense
majorité des détenus sont, à Genève, en
détention préventive, et donc au bénéfice
de la présomption d’innocence. On menace publiquement et
sans honte d’électrocuter des innocents qui oseraient se
rebeller contre leurs conditions de détentions !
C’est le retour par la grande porte des châtiments
corporels. Bientôt, on proposera peut-être
d’électrocuter les manifestants qui oseraient se rebeller
contre la baisse de leur niveau de vie ? Le potentiel
d’abus est infini. Nous avons déjà vu quel usage la
police a pu faire de balles marquantes contre une manifestante tout
à fait pacifique…

    Pourtant, toutes les personnes qui ont subi le test
du Taser décrivent l’expérience comme
extrêmement désagréable, voire traumatisante.
Certains sont morts des suites des décharges électriques.
Le Taser est déjà, dans le cadre des prisons, un
instrument d’intimidation. solidaritéS le dénonce,
et craint que le glissement ne se fasse rapidement et que le Taser ne
devienne un véritable instrument de torture !
    
Pour l’ensemble de ces raisons, nous appelons le Conseil
d’Etat à renoncer à équiper les forces de
police de Tasers et à en proscrire l’usage dans notre
canton.


Pierre Bayenet