Plus de 40 offices postaux à la trappe en terre vaudoise

Plus de 40 offices postaux à la trappe en terre vaudoise

Les bénéfices record du
Géant jaune en 2007 et 2008 – flirtant avec les 900
millions de francs annuels – ne semblent pas suffire à ses
dirigeants, bien décidés à transformer le service
public postal en une machine à faire des profits.
Résultat, la Poste a annoncé début février
qu’elle comptait « réexaminer »
le statut de 500 offices postaux, dont plus de 40 dans le canton de
Vaud.

Les offices menacés sont essentiellement dans des villages ou
dans des quartiers populaires, telle la Bourdonnette à Lausanne,
où la fermeture du bureau avait déjà pu être
évitée en 2003 grâce à la mobilisation des
habitant·es du quartier. Le Syndicat de la Communication
évoque pour sa part le chiffre de 1150 offices postaux qui
seraient à terme menacés sur le plan national.

    L’histoire récente des restructurations
à la Poste – notamment la suppression de 1500 offices
postaux ces sept dernières années – montre que
lorsque la direction annonce un
« réexamen » de certains offices, il
s’agit d’un euphémisme annonçant leur
fermeture imminente. La direction de la Poste a du reste clairement
affiché la couleur dans un communiqué du 8 mai 2008, dans
lequel elle réclame la suppression de son « mandat
d’infrastructure » (l’obligation qui lui est
faite de desservir l’ensemble du territoire).

    Pour les employé·e·s, les
fermetures d’offices ne sont qu’un aspect d’une
logique de rentabilité à tout crin, qui se solde
notamment par l’augmentation des cadences (désormais, les
chefs d’équipe ont été rebaptisés
« Teamleader » et doivent garantir que les
facteurs·trices en tournée distribuent une lettre toutes
les 5,07 secondes !), l’explosion du recours à
l’intérim (60 % de temps partiels prévus
pour 2012) et par un projet « d’harmonisation des
classifications » du personnel du
« Front-­office » (guichets) qui
constitue en réalité un nivellement des salaires par le
bas
.
    Face à ce nouveau démantèlement
des offices postaux, il ne faut pas espérer de réelles
protestations du Conseil d’Etat vaudois qui semble, sur le fond,
tout acquis aux bonnes vieilles recettes néolibérales
concoctées par les dirigeants de la Poste, avec la
bénédiction du socialiste Moritz Leuenberger :
Philippe Leuba a déjà annoncé qu’il
« n’y a pas de refus d’entrer en
matière sur ces restructurations » et que des
fermetures étaient en effet
« probables » (Le Courrier, 7 avril 2009). En
revanche, du côté des usagers-ères des
régions périphériques, des villages et des
quartiers populaires confrontés à une sérieuse
dégradation des prestations et du côté des
employé·e·s, ces restructurations ne passeront pas
comme une lettre à la poste : une pétition
nationale a déjà recueilli 35 000 signatures en un
mois, et la dernière assemblée du Syndicat de la
Communication a voté une résolution demandant de mettre
en œuvre toutes les mesures de lutte nécessaires pour
faire entendre raison à la direction.

Hadrien Buclin