Nouveau mouvement contre le racisme dans le canton de Vaud

Nouveau mouvement contre le racisme dans le canton de Vaud

Entretien avec Justine Détraz,
membre du Mouvement de lutte contre le racisme, nouveau collectif qui
vient d’être fondé dans le canton de Vaud.

Pourquoi fonder un nouveau collectif antiraciste dans la période actuelle ?

Dans le canton de Vaud, il n’y a plus de mouvement qui prenne en
charge la problématique de la lutte contre le racisme de
manière globale, même si des associations travaillent sur
des thèmes qui lui sont liés, comme par exemple le
soutien aux sans-papiers ou aux femmes migrantes. Quant à
Acor/SOS Racisme, cette association a malheureusement perdu ses
subventions et n’est pratiquement plus active dans le canton.
Pourtant, avec l’instrumentalisation permanente des thèmes
racistes par l’extrême droite, instrumentalisation qui
risque de s’aggraver encore dans cette période de crise
économique, un mouvement antiraciste est plus que jamais
nécessaire. En particulier une association qui soit capable de
développer des interventions dans les milieux populaires, en
lien avec les personnes victimes de comportements racistes. Notre
nouvelle association, le Mouvement de lutte contre le racisme, est
ainsi, pour le moment, basée à Renens, ville populaire
qui compte plus de 50 %
d’étrangers·ères.

Quelles sont les interventions que vous jugez prioritaires ?

Nous visons avant tout à soutenir les personnes victimes de
discriminations raciales à intervenir sur la place publique
contre les préjugés xénophobes et racistes, qui
conduisent  à l’exclusion sociale. Par exemple, il
est de bon de rappeler que plus de la moitié des jeunes
d’origine immigrée ne trouvent pas de places
d’apprentissage, contre 20 % pour les jeunes
d’origine suisse. Comme quoi, les discriminations à
l’embauche n’ont rien d’un mythe !
    Pour soutenir les personnes victimes de
discrimination, nous allons tenir une permanence à même
d’apporter un soutien concret : une écoute solidaire,
une orientation vers des organismes compétents ou une aide pour
entreprendre des démarches de médiation et de
dénonciation. L’enjeu est aussi de reconnaître que
des gens sont bel et bien victimes de racisme, là où
souvent les discriminations ne sont pas reconnues.
    Nous insistons également sur la dimension
sexiste des discriminations, car les femmes migrantes sont soumises
à un double facteur de vulnérabilité.

Outre cette permanence, quelle campagne comptez-vous mener ?

Nous organisons ce 29 avril, à 20 h au Cinéma
Oblò à Lausanne une soirée consacrée
à la situation de la population Rom en Suisse romande, avec des
membres de l’association Mesemrom. Cette population est
particulièrement victime de préjugés, alors
même qu’elle cherche souvent à échapper aux
discriminations dont elle est déjà victime à
l’Est et au Sud de l’Europe. Il est important
également de faire un lien avec la répression de la
pauvreté qui sévit actuellement en Suisse romande, dont
la stigmatisation de la mendicité n’est qu’un
aspect. Nous allons également intervenir dans la campagne contre
les deux initiatives populaires racistes soumises prochainement en
votation populaire, celle contre la construction de minarets et celle
pour l’expulsion des délinquants étrangers.