Olivier Besancenot & Daniel Bensaïd « Prenons

Olivier Besancenot & Daniel Bensaïd « Prenons
parti : pour un socialisme du XXIe siècle »

Première, deuxième génération…
Olivier Besancenot (né en 1974), pendant plusieurs années
l’un des trois porte-parole nationaux de la Ligue communiste
révolutionnaire (LCR) et Daniel Bensaïd (l’un des
fondateurs de la Ligue communiste, en 1969) publient leurs
réflexions sur la conjoncture, en pleine crise du capitalisme,
et sur ses possibles débouchés politiques.

    Publié peu avant le congrès de
fondation du NPA(1), « ce livre n’est pas le
manifeste du Nouveau Parti Anticapitaliste. Il s’agit d’une
contribution sur ce que pourrait être le socialisme du XXIe
siècle à la lumière de la situation
actuelle » (résumé de
l’éditeur). L’ouvrage, paru aux Editions Mille et
une nuits en 2009, est divisé en quatre parties :

    1 « Prendre parti contre le capitalisme », avec une lettre à Mme Laurence
Parisot, du  Medef (organisation patronale).
    2 « Prendre le parti des luttes », avec une lettre à Mme Christine Lagarde,
du Capital [et ministre de l’Économie, de l’industrie et de l’emploi dans le
 2e gouvernement de François Fillon].
    3 « Vers un socialisme du XXIe
siècle », avec des lettres : à un
chômeur
qui ne comprend plus, à M. le Président sur la santé, à M. Xavier Darcos
[ministre de l’Education nationale], à un camarade plombier polonais,
à Dominique Strauss-Kahn [ancien ministre
« socialiste » des finances dans le
gouvernement Jospin et présentement directeur
général du Fonds monétaire international(2)].
    4 « C’est parti !
Questions sur le NPA », avec une lettre à M. Daniel
Vaillant
[ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Jospin, et
actuellement préposé par la direction du PS à la
surveillance du NPA, jugé menaçant pour
la « gauche de gouvernement »].

    En annexe, 10 petits points de repère. Ces
correspondances, adressées y compris à des adversaires
déclarés, diluent l’aspect à première
vue imposant de l’ouvrage (371 p.) Chaque chapitre (avec ou sans
ses annexes) peut se lire de manière indépendante.
    Pour résumer l’analyse des auteurs,
quelques extraits de leur présentation :
« Le capitalisme est malade. Les anticapitalistes ne sont
plus les seuls à le diagnostiquer. […] Si c’est la
soupe à la grimace pour tous ceux – patrons, banquiers et
spéculateurs – qui ont vu leurs avoirs fondre comme neige
au soleil, la situation est autrement dramatique pour nous, simples
citoyens salariés. Le monde est entré en récession
à l’automne 2008. Chacun sait, chez les travailleurs, les
retraités, les chômeurs, au sein des familles, que des
nuages noirs s’accumulent à
l’horizon ». Il suffit de lire la presse dans
n’importe quel pays (y compris la Suisse !) pour
s’en convaincre…
    L’introduction du livre pointe quelques
problèmes. A commencer par celui de la crise globale (ouverte
par le scandale des « subprimes » aux USA) et
de ses diverses issues. Notamment celle qui se profile à court
terme : « La seule mesure concrète sur
laquelle s’accordent les classes possédantes […],
c’est de renflouer les banques en difficulté. Les sommes
annoncées dans les différents plans de soutien
défient l’entendement, les chiffres n’ont plus de
sens. Pour secourir les quelques poids lourds de la finance et de
l’assurance, les caisses ne sont plus
‘vides ’ : 1.000 milliards de dollars aux
Etats-Unis, 360 milliards d’euros en
France » et, ajouterons-nous, 70 milliards de francs
pour l’UBS en Suisse !

    Face à cette situation, les auteurs
rappellent la nécessité de construire « une
gauche qui ne s’excuse pas d’être
anticapitaliste » : « L’option
anticapitaliste, nous l’assumons. Nous voulons regrouper toutes
celles et tous ceux qui veulent en finir avec la société
actuelle et en bâtir une nouvelle. Au-delà des histoires,
des expériences différentes des uns et des autres, nous
voulons fédérer largement toutes celles et tous ceux qui
aspirent et croient toujours en l’avènement d’un
monde meilleur ».

Hans-Peter Renk


1     Sur le NPA, cf. la note de lecture parue dans
solidaritéS no 143, à propos d’un ouvrage de
François Coustal, ainsi que le site www.npa2009.org
2     Fonds monétaire international :
office des poursuites pour le compte des riches des pays riches contre
les pauvres de toute la planète. Le fait qu’un membre du
PS ait été jugé digne d’en être le
directeur (comme Pascal Lamy à l’OMC) est
éloquent…

NICOLAS BÉNIÈS: PETIT MANUEL DE LA CRISE FINANCIÈRE ET DES AUTRES. ED. SYLLEPSE.

La crise! Quelle crise? Le pluriel à
« crise » s’impose: crise
monétaire, financière, économique, politique,
social, écologique, du développement. Ce Petit manuel,
rédigé par l’économiste Nicolas
Béniès, apporte des éléments de
compréhension de la crise systémique que nous connaissons
aujourd’hui et par-là même des règles de
fonctionnement du système capitaliste.

    La crise révèle des mécanismes,
trop souvent occultés, qu’il faut savoir décrypter.
Contrairement à l’idéologie véhiculée
par le libéralisme, ce ne sont pas les marchés
qu’il faut d’abord accuser, mais les formes de
l’accumulation du capital, la manière dont
s’effectue la création de richesses.

    Après un rappel du scénario de
développement de la crise en cours qui s’inscrit dans la
un peu trop oubliée théorie des cycles, l’auteur
met en évidence les responsabilités des politiques
libérales mises en œuvre par les gouvernements des pays
capitalistes depuis les années 1980. Enfin, des propositions de
solutions alternatives possibles posant à la fois la question
d’une autre mondialisation et, dans ce cadre, celle de la
construction d’une Europe altermondialiste, sont proposées.

    Des fiches explicatives sur les aberrantes
innovations financières et les débuts de réponse
des autorités monétaires et gouvernementales permettent
de comprendre les enjeux politiques en cours.